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Victime d’une forte baisse de la publicité, Edipresse coupe une centaine d’emplois

L’éditeur a vu ses recettes publicitaires fondre de 40 millions de francs ces neufs derniers mois. Il supprimera 50 postes dans ses imprimeries et 30 dans les rédactions. Des synergies avec le zurichois Tamedia sont encore à venir

«Ce n’est pas un geste désespéré», assure Serge Reymond. En poste depuis quatre mois, le directeur général d’Edipresse Suisse tient à se montrer prévenant. Son groupe, vendu à l’alémanique Tamedia en mars dernier, a annoncé hier un plan de licenciements massif qui touchera une centaine de postes sur les 1100 que compte l’éditeur.

Une cinquantaine d’emplois passeront à la trappe dans le centre d’impression de Bussigny, qui occupe actuellement 300 personnes. Trente journalistes seront touchés dans l’ensemble des rédactions, de même que 20 personnes dans les «services annexes». Selon une source anonyme citée par l’ATS, une douzaine de postes pourraient être tracés à 24 heures. La Tribune de Genève perdrait une demi-douzaine de collaborateurs, et Le Matin cinq.

Chute «terrible» de la pub

«C’est une situation grave, difficile, mais nécessaire pour la pérennité de l’entreprise», dit Serge Reymond, qui en veut pour preuve la baisse «terrible» des revenus cette année. Les rentrées publicitaires d’Edipresse (actionnaire à 44,7% du Temps) ont fondu de 40 millions de francs sur les neuf premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’an dernier. Le constat de la direction est rendu encore plus inquiétant par le fait que celle-ci «ne s’attend pas à une remontée aux niveaux précédents». Avec des économies de l’ordre de 9 millions de francs sur les charges salariales, les licenciements annoncés hier n’allégeront que partiellement l’ardoise.

«L’objectif est de simplifier les structures sans toucher à la qualité des produits», assure le directeur, qui rappelle que la pression est la même dans toute la branche. Edipresse se trouve pourtant dans une situation particulière parmi les éditeurs suisses. En mars, le groupe familial Tamedia s’est porté acquéreur de 49,9% d’Edipresse. Dans un deuxième temps, l’alémanique achètera 0,2% en 2011, puis le reste du capital en 2013. Les deux premières transactions portaient sur 226 millions de francs, un prix que le président de Tamedia avait estimé élevé. La valeur de la deuxième moitié du capital n’a pas encore été fixée mais serait liée à la marche des affaires.

Rendre la mariée plus belle?

Serge Reymond se défend vigoureusement d’avoir agi avec une fermeté d’autant plus grande qu’elle rendra «la mariée financièrement plus belle» au moment de clore l’opération, comme le lui reproche le syndicat Comedia. Pour le directeur, cette décision n’a rien à voir avec le rachat d’Edipresse par l’éditeur du Tages-Anzeiger et de 20 minutes. «Je veux que l’entreprise soit pérenne, quitte à prendre des décisions dures», dit-il.

Interrogé vendredi par Le Temps, le porte-parole de Tamedia estime que son groupe est étranger aux mesures de licenciements d’Edipresse. «Nous avons bien sûr été informés, mais nous n’avons pas pris part au programme de restructuration. Tamedia n’est pas encore actionnaire d’Edipresse (ndlr: il le sera dès 2010)», relève Christoph Zimmer.

Ces licenciements n’ont non plus aucun rapport avec les synergies que pourra offrir le rapprochement avec l’éditeur zurichois. A l’annonce du rachat, des économies d’échelle de l’ordre de 30 millions de francs par an avaient été évoquées. Celles-ci n’ont pas encore porté leurs fruits et mettront encore du temps avant d’être mises en place, estime Serge Reymond.

Le syndicat Impressum s’est dit «indigné» par ces licenciements d’une ampleur «inédite». Les représentants des journalistes rappellent que le groupe avait déjà tranché une trentaine de postes dans ses rédactions et son imprimerie en août 2008.