Victor Vekselberg a gagné la partie pour la prise de pouvoir chez Sulzer. L’assemblée générale a évincé à une majorité de 55,07% des voix le président du conseil d’administration Ulf Berg, dont l’investisseur milliardaire russe ne voulait plus.

Le conseil d’administration n’a pas perdu de temps pour trouver un successeur. Lors de la séance constitutive qui a suivi l’assemblée, il a désigné Luciano Respini, déjà membre du directoire, comme président.

Auparavant, les administrateurs Vladimir Kuznetsov, Urs Meyer et Daniel Sauter ont pour leur part été réélus à plus de 90% des voix représentées à l’assemblée (62,5% du total). M. Vekselberg, qui détient 31,2% du groupe technologique zurichois via sa société financière Renova, avait réclamé la non-réélection d’Ulf Berg.

Diverses interventions de petits actionnaires, parfois chargées d’émotion, n’ont pas pu faire pencher la balance en faveur de M. Berg. Avant cette assemblée, Victor Vekselberg avait aussi contesté la réélection de Daniel Sauter, mais lui avait finalement assuré son soutien le week-end dernier. MM. Kuznetsov et Meyer représentent pour leur part Renova.

Ulf Berg avait déclaré avant l’assemblée qu’il accepterait une non-réélection. A l’issue du vote, il a dit qu’il s’agissait maintenant de reconstituer un conseil d’administration. La vice-présidence est actuellement assumée par Thor Akstad. Le président sortant a été salué par une standing ovation lorsqu’il a quitté la tribune.

Le feuilleton continue par ailleurs aussi sur le plan juridique. Lundi dernier, le Département fédéral des finances (DFF) a ouvert une procédure de droit pénal administratif contre les investisseurs Ronny Pecik, Georg Stumpf et Viktor Vekselberg. Le DFF les soupçonne de ne pas avoir respecté le devoir d’annonce lorsqu’ils ont accru leurs parts dans le capital de Sulzer.

La Finma, l’autorité de surveillance des marchés, avait dénoncé le cas le 2 mars. Elle avait jugé en janvier que les investisseurs n’avaient pas respecté leur devoir d’annonce. La prise de participation avait été effectuée en avançant de façon masquée, par le biais d’instruments financiers permettant de contourner cette obligation légale, avait-elle constaté. Les rumeurs de fusion ont repris

Les rumeurs d’une fusion avec le groupe OC Oerlikon, dont Renova détient 44,7% et qui est présidé par Vladimir Kuznetsov, ont aussi repris dans le sillage du bras de fer engagé avec Ulf Berg et ses partisans chez Sulzer.

Victor Vekselberg a dit dans la presse du week-end dernier qu’il ne pouvait «pas exclure pour toujours» une fusion entre OC Oerlikon et Sulzer. Cette question ne représente toutefois pas pour l’heure une priorité, avait-t-il ajouté.

«Oerlikon doit d’abord résoudre ses problèmes tout seul», selon le financier. Le conglomérat industriel est actuellement en position critique. Après une perte de 422 millions de francs en 2008, il se trouve dans une situation financière difficile, encore aggravée par la crise qui pèse lourdement sur ses activités, en particulier les machines textiles et les transmissions pour véhicules.