Difficile de trouver les bons profils
A la tête de la société Bloom, qui développe des alternatives au plastique issu de la pétrochimie, Florent Héroguel a plaidé pour une simplification des formalités administratives, avançant l’idée d’un guichet unique à l’attention des start-up. Le jeune chef d’entreprise a surtout préconisé l’introduction d’un visa spécifique permettant d’engager plus facilement à l’étranger.
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Alors que la guerre des talents fait rage, cette mesure a déjà été adoptée par de nombreux pays, à commencer par la France. Selon les formules, un tel outil peut faciliter la venue de ressources pour renforcer les effectifs d’une jeune entreprise technologique ou encore à séduire de jeunes entrepreneurs en provenance d’autres horizons. En Suisse, elle simplifierait par exemple le parcours de jeunes diplômés étrangers souhaitant rester dans le pays pour y lancer une entreprise.
Un parlement «mûr»?
L’ancien conseiller national vaudois PLR Fathi Derder avait proposé de se doter d’un tel visa en 2016 déjà dans une motion tout d’abord écartée. Présente à Renens, la conseillère nationale Isabelle Moret, issue de la même formation, a indiqué que le projet était à nouveau d’actualité sous la coupole fédérale, le flambeau ayant été repris par son collègue de parti Philippe Nantermod. Contre l’avis du Conseil fédéral, le Conseil national l’a adoptée en mai dernier.
L’enjeu porte notamment sur l’assouplissement du modèle de contingentements pour les ressortissants d’Etats dits tiers, à savoir extérieurs à l’Union européenne et à l’Association européenne de libre-échange. «Des cantons comme Vaud, Genève et Zurich épuisent très vite ces contingents, mais lorsqu’on demande d’augmenter le contingent au niveau suisse, il y a une non-entrée en matière parce qu’ils ne sont pas épuisés ailleurs», a souligné Isabelle Moret, qui pense toutefois que «le parlement est mûr pour imposer ce visa au Conseil fédéral». Selon elle, l’acceptation de l’initiative sur l’immigration de masse en 2014 avait contribué à rendre la Berne fédérale frileuse à l’idée de favoriser des recrutements internationaux.
Profils introuvables en Suisse
«La peur en Suisse, c’est souvent que des personnes viennent concurrencer la main-d’œuvre locale, relève Luc Piguet, fondateur de la start-up ClearSpace, qui a développé une technologie d’élimination des débris de satellites. Mais le problème, c’est que nous, nous avons besoin de profils très spécifiques que l’on ne trouve pas dans le pays. Il nous faut par exemple un chef de projet qui a déjà mené plusieurs missions spatiales ou un expert en contrôle et en guidage de satellites.»
La balle est actuellement dans le camp du Département fédéral de justice et de police, qui doit préparer une proposition, sur mandat du Conseil national. Reste à savoir combien de temps prendra le processus politique pour la concrétiser, car à l’étranger les choses évoluent aussi. Présidente du Conseil de l’Union européenne, la France veut créer un bureau de service européen «Tech Talent» pour attirer des ingénieurs et des scientifiques sur le Vieux-Continent.
Outre l’intérêt qu’une centralisation de l’information offrirait aux candidats à la migration, une telle initiative représenterait un plus pour les sociétés qui cherchent à recruter. Selon le site spécialisé Techcrunch, au moins 16 pays ont déjà été convaincus par la proposition. Parmi eux, l’Italie ou l’Autriche, mais pas l’Allemagne.
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