Wall Street retrouve ses niveaux d’avant Lehman
après la Fed
La décision de la Réserve Fédérale d’injecter 600 milliards de dollars dans l’économie redonne des couleurs aux marchés boursiers mondiaux. Ces derniers ont accueilli jeudi la nouvelle en gagnant 2,4%. Wall Street retrouve des niveaux inédits depuis l’effondrement de la banque Lehman Brothers en septembre 2008
La Bourse de New York a fini en nette hausse jeudi soir. Wall Street a été portée à des sommets inédits depuis la chute de Lehman Brothers en 2008 par l’annonce de nouvelles mesures de relance aux Etats-Unis: le Dow Jones a gagné pratiquement 2% sur la journée. À 11 434,84 points, l’indice phare du marché boursier américain revient ainsi à son niveau du 11 septembre 2008. Cette journée avait précédé l’effondrement de la banque new-yorkaise qui avait déclenché une panique financière. Sur la journée de jeudi, l’ensemble des marchés boursiers mondiaux a, en moyenne, grimpé de 2,4%. Le marché obligataire a profité des annonces de la Fed. Le rendement exigé par les marchés sur les emprunts à 10 ans du Trésor américain a baissé à 2,5%, tandis que celui des emprunts à 30 ans s’est tassé à 4,04%. Les milieux financiers attendent aujourd’hui le troisième grand rendez-vous de la semaine, après les élections et la Fed: les chiffres mensuels de l’emploi.
Dans une tribune publiée jeudi par le Washington Post, le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, a défendu la décision annoncée la veille d’injecter 600 milliards de dollars dans le circuit économique pour soutenir à la fois la reprise et les prix. «Il s’est pas seulement expliqué sur les raisons pour lesquelles il pensait que cela allait marcher. Il a aussi attiré l’attention – de façon explicite – sur le fait qu’un succès du marché boursier serait la conséquence directe de cet ‘assouplissement quantitatif’», a noté Marc Pado, de Cantor Fitzgerald.
Outre les valeurs financières, le secteur le plus recherché jeudi a été celui de l’énergie, alors que les marchés de matières premières étaient eux-même dopés par un affaiblissement du billet vert provoqué par les injections de liquidités de la Réserve Fédérale. Le pétrole voit son cours augmenter depuis cinq jours, sa plus longue ascension depuis avril dernier. Les cours du cuivre ont de leur côté atteint leur plus haut niveau depuis près de deux ans et demi.
«L’argent se déverse sur les actifs risqués», en particulier les actions et les matières premières, estime Hiroichi Nishi, gérant chez Nikko Cordial Securities. «L’incertitude quant aux perspectives de l’économie mondiale s’éclaircit». Jeudi, Olivier Blanchard, le chef économiste du Fonds Monétaire International, avait rappelé jeudi que les mesures adoptées par la Fed allait nourrir les pratiques de «carry trade»; ces emprunts à large échelle contractés par les financiers dans des pays à faibles taux d’intérêt afin de pouvoir placer ces sommes sur des marchés plus rémunérateurs, comme les places émergentes.
Ce matin, les marchés asiatiques ont pris le relais, alors que des groupes comme Nissan ou Sumitomo Heavy ont fait part de prévisions de bénéfices plus élevés. Ces derniers ont également bien accueilli les commentaires de la banque centrale australienne laissant entendre que la croissance économique de l’île-continent allait accélérer. Reflet du comportement des places de la région, l’indice MSCI Asia a débuté ce matin une cinquième journée de hausse, progressant de 1,4% en début de matinée. Le Nikkei s’est envolé de près de 3%.
En milieu de matinée sur le Vieux Continent, l’indice régional Euro Stoxx 600 se tassait de 0,1% après avoir progressé de 1,6% jeudi. À Zurich, le marché boursier lâchait également 0,1% pour revenir vers les 6588 points. La veille, la place helvétique a bénéficié d’une hausse de 1,3%.