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Au Forum de Davos, à trois jours de l'investiture de Donald Trump, le président chinois a voulu se poser comme chantre du libre-échange

Il faut «rééquilibrer» la mondialisation et la rendre «plus inclusive», a déclaré mardi à Davos le président chinois Xi Jinping, assurant que «personne ne sortirait vainqueur d'une guerre commerciale» – un discours ciselé pour dépeindre Pékin en défenseur du libre-échange face à un Donald Trump protectionniste.
«Nous devons rester attachés au développement du libre-échange et dire non au protectionnisme», a martelé M. Xi lors de son discours d'ouverture du Forum économique mondial, qu'il est le premier chef d'Etat chinois à visiter.
L'économie mondiale, ce «grand océan»
Devant 3000 dirigeants économiques et politiques, réunis depuis lundi dans la station de ski des Grisons, il a plaidé pour une ouverture accrue de son pays et mis en garde contre toute tentation de repli.
Que cela vous plaise ou non, l'économie mondiale est le grand océan auquel l'on ne peut échapper [...] Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, technologies et produits entre pays [...] est impossible et à rebours de l'histoire.
Autant de piques contre Donald Trump: le milliardaire, qui s'installera à la Maison Blanche vendredi pour diriger la première économie du monde, est en effet vent debout contre une mondialisation libérale accusée de détruire des emplois américains.
Face à Donald Trump
Le président élu américain a promis d'abandonner l'accord de libre-échange transpacifique (TPP) signé en 2015, d'ériger des barrières douanières avec le Mexique et la Chine, et pourfend volontiers l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
A l'inverse, «la Chine gardera sa porte ouverte, et ne la fermera pas (...) et nous espérons que les autres pays garderont eux aussi leur porte ouverte pour les investisseurs chinois avec un environnement équitable», a ajouté Xi Jinping.
C'était la première fois qu'il s'exprimait aussi longuement depuis l'élection américaine en novembre. «Cela ne sert à rien de blâmer la mondialisation» pour les problèmes de la planète, comme le chômage, les flux de migrants, ou encore la crise financière de 2008 due «à des problèmes de supervision», a estimé le président chinois, jugeant que des échanges accrus pouvaient apparaître comme une solution.
Le FMI dans la ligne de mire
Il a cependant fustigé, sans livrer de détail, des institutions internationales «inadéquates» et insuffisamment «représentatives» – une critique récurrente de la part de Pékin, qui juge ne pas occuper dans les institutions de Washington (FMI, Banque mondiale) sur la scène mondiale un rôle diplomatique équivalent à la taille de son économie.
Pékin entend profiter de l'élection de Donald Trump pour muscler sa stature de puissance mondiale «responsable» et redessiner à sa manière la carte du commerce mondial. Le pays promeut ainsi de nouveaux accords régionaux de libre-échange et initie de «nouvelles routes de la soie» ceinturant le continent eurasiatique.
Cependant, Pékin est souvent accusé par l'Union européenne et les Etats-Unis (ses deux principaux partenaires commerciaux) de dumping, de mesures protectionnistes pénalisant les produits importés et de restreindre l'accès aux entreprises étrangères.
A propos de la visite de Xi Jinping
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