«La pression est énorme, reconnaît l’un des porte-parole d’Herman Van Rompuy. Sa déclaration, de portée générale, visait moins l’Irlande que le principe de solidarité indispensable entre pays de l’Eurozone. Mais ce rappel des règles, et des enjeux, est apparu comme un signal d’alarme. »
Conséquence: la commission européenne, et les principaux responsables de l’Eurogroupe se sont employés, dans l’après midi, à calmer le jeu. L’idée générale à Bruxelles est que rien ne doit être décidé sans l’accord des autorités de Dublin, pour l’heure toujours réticentes à un plan de sauvetage des banques irlandaises assorti d’un plan d’austérité similaire à celui de la Grèce.
Le leitmotiv – résumé par le ministre des finances belge Didier Reynders, dont le pays assure la présidence du Conseil Ecofin à vingt-sept qui se tiendra mercredi matin – est que la zone euro doit se préparer «à faire face à la crise de liquidités» qu’affronte le système bancaire Irlandais pour éviter «tout risque de contagion».
L’Eurogroupe, présidé par le premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker, devrait «afficher sa solidarité» et valider les plans de la commission européenne pour déclencher, si besoin, le recours au mécanisme de stabilité financière européen basé à Luxembourg. Ce mécanisme, conçu pour venir en aide aux Etats membres défaillants en mobilisant des capitaux sur les marchés financiers pour acquérir des titres de leur dette souveraine et décourager la spéculation, peut servir à financer un plan d’assainissement bancaire. A condition que le pays bénéficiaire prenne à ce sujet des engagements stricts et vérifiables. En plus de l’Irlande, les cas du Portugal, de l’Espagne, mais aussi de la Grèce, qui peine à mettre en œuvre son plan de redressement, sont à l’agenda.
Les conclusions de l’Eurogroupe sont attendues vers 22 heures. Elles devraient éviter toute précipitation, et rappeler avant tout l’existence d’un filet de sécurité européen pour les banques en difficulté, comme cela avait été fait à l’automne 2008 à travers l’UE. Le principe de base en serait des garanties d’emprunts, pour éviter de solliciter directement les contribuables.
Beaucoup, à Bruxelles, pointent par ailleurs du doigt l’alarmisme des médias britanniques, les plus en pointe pour un déclenchement rapide d’un plan de secours d’urgence au sein de la zone euro. Le Royaume-Uni, selon eux, fait le parallèle entre l’Irlande, où ses établissements bancaires sont très exposés, et le cas de l’Islande où la city de Londres a perdu beaucoup de plumes lors de la faillite de la banque en ligne Icesave. Les gouvernements britannique et néerlandais avaient du, pour parer à la faillite Irlandaise, prendre à leur charge plus de quatre milliards d’euros d’engagements de Icesave auprès de leurs contribuables. Une somme que les autorités de Reykjavik refusent aujourd’hui de rembourser, malgré les pressions de l’Union européenne devenue, pour cette raison, de plus en plus impopulaire dans l’île nordique.
Une réunion de l’Ecofin suivra mercredi. La Suisse y participera en début de matinée dans le cadre de la rencontre annuelle entre les grands argentiers de l’UE et ceux de l’AELE (Association européenne de libre-échange: Suisse, Islande, Norvège, Liechtenstein). La Confédération ne sera pas représentée par Eveline Widmer-Schlumpf, mais par le Secrétaire d’ Etat aux affaires financières Michaël Ambühl.