Le tableau général reste pourtant positif. Dans ses «Perspectives économiques mondiales» (PEM) publiée mardi, le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la hausse le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour la zone euro à 2,4% et 2% en 2018 et en 2019. En 2017, la croissance était de 2,3%. L’embellie se manifeste sur plusieurs plans: investissements en hausse, chômage en baisse, consommation intérieure en verve et des exportations en augmentation.
Rebond du PIB suisse
Le PIB mondial, lui, atteindra 3,9% en 2018 et 2019, contre 3,7% l’an dernier, tiré par les économies émergentes. Pour la Suisse, le FMI prévoit une croissance de 2,3% et 2% en 2018 et 2019, contre 1,1% l’an dernier. Le taux de chômage devrait encore baisser à 3% en 2018 et 2019, contre 3,2% en 2017.
En présentant les prévisions pour la zone euro en février dernier, Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne, disait que l’économie européenne avait «surpassé les attentes». A cette occasion, Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, se félicitait d’une zone euro qui «avait retrouvé des taux de croissance qu’elle n’avait pas connus depuis la crise financière».
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Lors de sa présentation des PEM à Washington mardi, Maurice Obstfeld, chef de recherches économiques du FMI, a également brossé un tableau positif de la zone euro. Selon lui, cette bonne tenue reflète «une demande intérieure plus forte que prévu dans l’ensemble de l’Union, la poursuite de la politique monétaire accommodante et l’amélioration des perspectives économiques globales».
Gare au retour de manivelle
Les compliments s’arrêtent là. «Comme dans les autres économies avancées, la croissance dans la zone euro devrait ralentir ces prochaines années en raison d’une faible productivité et d’une population vieillissante, a expliqué Maurice Obstfeld. A terme, son taux de croissance se stabilisera à 1,4%.» Le FMI a insisté sur la nécessité de réduire les prêts non performants afin de consolider le secteur bancaire, mais aussi de conclure l’union bancaire, ce mécanisme qui entend intervenir en cas de crise financière et en prévenir de nouvelles.
La chute du moral des investisseurs en Allemagne n’est pas le seul indicateur qui a semé le doute. En février, l’indice PMI manufacturier de la zone euro, qui montre l’évolution du secteur industriel, avait aussi enregistré un ralentissement. Ce n’était pas un phénomène passager puisqu’il s’est reproduit le mois dernier, l’indice s’établissant à 54,9 points contre 59,6 points en janvier.
C’est dans ce contexte que le FMI a tenu à mettre en garde les 19 Etats membres de la zone euro contre un possible retour de manivelle. «Les risques sont aussi liés à un resserrement monétaire par la Banque centrale européenne, aux craintes de tensions commerciales et de montée du protectionnisme», a listé Maurice Obstfeld.