1e conférence du Forum Prévoyance: comment sauver nos retraites?
Événement
Le Temps et PME Magazine a débuté le 3 septembre entre 11h et 11h45 un cycle de trois conférences online traitant des impacts de la pandémie sur les retraites. Comment s’y préparer? Quelles sont les réformes les plus urgentes? Le système des trois piliers est-il menacé? Réponses des experts.

Le Forum Prévoyance du 3 septembre à Pully a été repensé en 3 conférences interactives en ligne, qui auront lieu les 3, 10 et 17 septembre, de 11h00 à 11h45. Inscriptions et informations: www.letemps.ch/forum-prevoyance
Les deux tiers des Suisses ont confiance dans leur système de prévoyance. C’est ce que montre le grand sondage qui sera publié dans Le Temps du 1er septembre. L’étude réalisée par la société MIS Trend révèle aussi qu’une majorité anticipe une baisse de niveau de vie (et de celui de la retraite) pour les jeunes générations.
En partenariat avec le Groupe Mutuel, Le Temps et PME Magazine organisent un cycle de trois conférences online les 3,10 et 17 septembre entre 11h et 11h45 pour mieux comprendre les conséquences de la pandémie sur les assurances sociales. Ces trois rendez-vous libres d’accès mais sur inscription remplacent le Forum Prévoyance initialement prévu au Théâtre de l’Octogone de Pully le 3 septembre.
Comment les grandes tendances à la fois sociales, démographiques et financières vont-elles impacter nos retraites? Et que faire pour les sauver?
Lors de cette première conférence, deux experts analyseront quels sont les défis qui attendent les pays industrialisés et en particulier la Suisse si l’on veut éviter un conflit entre les générations:
Fondatrice du Laboratoire d’études prospectives et d’analyses (Lepac), Virginie Raisson est l’auteur de plusieurs ouvrages de futurologie qui ont rencontrés un large écho. Directeur suppléant de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), Bruno Parnisari expliquera ce qui est actuellement entrepris en Suisse pour réformer notre système des trois piliers.
Découvrez une sélection des réponses données par les intervenants ci-dessous à vos questions. La conférence est à revivre intégralement en vidéo en cliquant sur l’image, sous le titre de cet article.
Quelles sont les meilleures façons de préparer sa retraite lorsqu’on a 40 ans? L'investissement immobilier est-il une bonne solution? En Suisse? Dans des zones sensibles comme Lausanne, ou plutôt dans le Valais où c’est moins cher? A l’étranger? (Leo)
Bruno Parnisari: Cette question est très dangereuse car vous risquez de faire des erreurs en fonction de ma réponse! Le choix de votre portefeuille dépend de nombreux éléments. Je pense qu’il est essentiel de respecter le critère environnemental. C’est un choix individuel.
En observant ce vieillissement de la population, la perspective d'une hausse de l'âge de la retraite semble inéluctable. Ne faut-il pas prévoir une baisse progressive du temps de travail des personnes à partir de 60 ans... tout en augmentant l'âge de la retraite? (Thomas)
Bruno Parnisari: C’est une question courante. L’intégration sur le marché du travail est une volonté clairement demandée par la société, mais que nous ne pouvons pas réaliser en matière d’assurances. On peut aussi diminuer le temps de travail mais le monde économique est compliqué, il serait faux de croire que la masse de travail est comme un gâteau qu’on peut partager, et qu’avec des parts plus petites, ce sera plus facile à partager.
La baisse du taux de conversion du 2e pilier est-elle envisageable? (Nathalie)
Bruno Parnisari: En politique sociale, nous avons beaucoup de paramètres. On ne pourra jamais les adapter à l’infini. On pourrait baisser le taux de conversion à un certain niveau, mais si on le fait trop, on casse le système.
Quelles conséquences a la pandémie sur notre monde? (Johann)
Bruno Parnisari: On a souvent tendance à croire que notre monde va radicalement changer, pourtant il évolue très lentement. Cette pandémie porte très bien son nom, car toute la planète est concernée. Il serait pourtant faux de croire que notre monde va changer. Deux scénarios sont possibles: qu’elle dure encore longtemps ou alors qu’on trouve un vaccin début 2021.
C’est rare d’avoir autant de gouvernements sur le devant de la scène, le public a l’opportunité d’avoir une vision globale du fonctionnement du gouvernement central, cela change la vision que l’on pourrait avoir de la politique. L’offre de service online est en train de s’accélérer. L’incapacité de travail des indépendants a également été révélée de manière très claire durant l’ensemble de cette crise. Les pays sont déjà fortement endettés, et le fait de mettre en œuvre de larges mesures pour sauver l’économie va forcément se retrouver au niveau de la dette publique, dont le financement pose un problème majeur. On peut aussi évoquer un autre problème qui devrait se poser et qui est lié au financement de la dette privée.
Peut-on financer en même temps les impacts du vieillissement (retraite et santé) et un virage vers une économie plus verte? L'âge des votants risque d'orienter les décisions en faveur des retraites, ce qui fera que les jeunes générations seront doublement pénalisées: mauvaise retraite et conséquence du changement climatique. (Michel)
Virginie Raisson et Bruno Parnisari: Il est faux de croire qu’il y a une contradiction entre les investissements respectant les critères environnementaux et les rendements de ceux-ci. D’ailleurs, plusieurs pays européens ont choisi de faire des politiques de relance centrées sur les investissements verts, en pensant que c’est de là que reviendra la croissance. Et pour les investissements «traditionnels», on a aussi un risque réglementaire dans la mesure où la réglementation internationale évolue rapidement, et certains modèles d’affaires ne pourraient plus être rentables. De ce point de vue, le Covid-19 a changé la donne favorablement pour les plus jeunes générations.
Quel portrait démographique peut-on faire de la Suisse par rapport au financement des retraites? (Alain Jeannet, journaliste)
Virginie Raisson: Aujourd’hui, en Suisse, on compte 71 inactifs pour 100 actifs, ce ratio va évoluer. Dès 2035, on comptera 80 inactifs pour 100 actifs. Globalement, l’assiette de prélèvement va diminuer. Dans les prochaines décennies, l’augmentation de la population suisse devrait se faire par le haut de la pyramide des âges. En 1972, quand les trois piliers ont été inscrits dans la Constitution suisse, les 65 ans et plus constituaient à peine plus de 11% de la population totale. En 2050, ce sera 29% de la population totale. Le nombre de personnes âgées augmentent, mais pas celui des cotisants. Bien logiquement, il est facile de comprendre que la demande de financement de l'AVS va augmenter fortement.
Pourrait-on envisager une forme de cotisation des 65-79 ans en faveur des 80 ans et plus? Ainsi, le 4e âge serait financé par le 3e âge. Cela en lien avec le fait que les «jeunes retraités» ont souvent un meilleur niveau de vie que les jeunes actifs. (M)
Virginie Raisson et Bruno Parnisari: C'est une question très délicate, mais il faut savoir que la dernière année de vie, en soins, coûte à peu près aussi cher que l’ensemble des dépenses de santé pour le reste de sa vie. Et donc toute la question est: jusqu’où on finance la fin de vie et comment? C’est délicat, c’est une question économique et éthique, et qui oppose aussi ces deux points.
Avec un taux de natalité plus élevé que la moyenne européenne, la France est, au final, plutôt mieux parée que la Suisse en matière de financement des assurances sociales? (Marc)
Virginie Raisson et Bruno Parnisari: Oui et non. Sur le plan démographique, la France vieillit un peu moins vite et un peu moins tôt. Néanmoins, le système est différent et surtout l’âge de la retraite aujourd’hui. Le fonctionnement général du marché du travail doit être pris en compte dans cette analyse, et pas seulement le taux de natalité. Il reste que c’est un tabou en France de discuter du report de l’âge de la retraite.
Pour assister à la 2e conférence du Forum Prévoyance: https://www.letemps.ch/evenements/2e-conference-forum-prevoyance-sauver-nos-retraites