Événement
La première conférence du Forum Prévoyance était consacrée aux tendances sociodémographiques qui mettent nos assurances sociales au défi. Le jeudi 10 septembre, entre 11h et 11h45, un 2ème rendez-vous se centrera sur la chute des rentes et le risque d’un conflit entre les générations. Comment améliorer la performance des caisses de pension? Peut-on faire coïncider investissements responsables et sécurité?

Le Forum Prévoyance du 3 septembre à Pully a été repensé en 3 conférences interactives en ligne, qui auront lieu les 3, 10 et 17 septembre, de 11h00 à 11h45. Inscriptions et informations: www.letemps.ch/forum-prevoyance
Le système de prévoyance suisse doit être réformé de toute urgence. Les rentes du 2ème pilier n’ont pas cessé de chuter ces dernières années – près de 20% en moyenne depuis 2000. Une baisse qui s’explique par le vieillissement de la population mais aussi par un faible rendement des caisses de pension. La faute aux taux historiquement bas servis sur les obligations, notamment.
Les caisses de pension devraient-elles prendre plus de risques? Quel poids les critères environnementaux devraient-ils avoir dans leur politique de placement? Le sondage réalisé par M.I.S Trend montre que les Suisses sont en faveur d’investissements responsables… à condition qu’ils ne péjorent pas leurs rentes. Et vous?
Deux experts répondront à vos questions lors de cette deuxième conférence du Forum Prévoyance organisé par Le Temps et PME Magazine en partenariat avec Groupe Mutuel Prévoyance.
Vice-présidente de la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle, Catherine Pietrini explique pourquoi il faut revoir les paramètres du 2ème pilier, notamment le fameux taux de conversion qui permet de calculer le montant de nos rentes.
Fondateur de Lusenti Partners, Graziano Lusenti conseille, lui, les caisses de pension en matière de placements. Il est aussi l’auteur d’une thèse comparant le système de prévoyance suisse avec celui de plusieurs autres pays.
Pour revivre la 1e conférence du Forum Prévoyance: https://www.letemps.ch/evenements/1e-conference-forum-prevoyance-sauver-nos-retraites
Les réponses aux questions des internautes:
Combien de temps sera nécessaire pour qu'une réforme du 2e pilier intègre les parcours de vie des années 2020?
Graziano Lusenti (Lusenti Partners): On a un degré d’individualisation qui est déjà très poussé. On peut changer des choses, par exemple le plancher de rentrée dans le système d'assurance, de même qu’un abaissement de l’âge auquel on est soumis à la LPP. Mais de façon générale, on a quand même des contraintes. Si on individualise totalement, on perd l’avantage des groupements, de ce qui fait l’attrait du 2e pilier dans sa forme actuelle. Le risque? Une explosion des coûts, et pas forcément une amélioration des prestations.
Catherine Pietrini (CHS PP): Avec cette révision, on va privilégier une prise de la retraite plus souple et les bonifications seront plus égales en fonction du parcours de la personne.
Faut-il permettre aux caisses de pension de prendre plus de risques? (Aujourd'hui, elles investissent dans des obligations qui ne rapportent rien.)
Catherine Pietrini (CHS PP): C’est vrai, mais les caisses de pension ont pourtant la possibilité de sortir de ce cadre strict si elles montrent la preuve que leur placement est réellement étudié.
Les caisses de pension ne pourraient-elles pas améliorer leur rendement avec plus de professionnels dans le domaine des placements de capitaux?
Graziano Lusenti (Lusenti Partners): On peut envisager la question des placements durables d’abord comme une perspective de changement de paradigme dans la société. De plus en plus de placements sont réalisés sous formes indicielles, on voit aussi paraître de plus en plus de placements réalisés dans des classes d’actifs peu ou moins liquides, comme des infrastructures, car la rentabilité des actions est trop faible. Nous sommes amenés à diversifier. L’aspect durable est une composante importante.
La Suisse est construite sur un modèle décentralisé, reposant sur des valeurs de proximité et de milice dans les conseils de fondation. Malgré tout, on assiste à une concentration des caisses de pension suisses à la faveur de grands groupes. Que penser de cette tendance?
Graziano Lusenti (Lusenti Partners): Le système de milice, vous le retrouvez où? Dans l'administration... Il existe aussi au niveau de l’armée. Je crois que la question est plus générale. En ce qui me concerne, j’ai tendance à penser que ce système fonctionne très bien. En plus, en Suisse, nous avons quelque chose d’unique: la question de la représentativité paritaire entre les employeurs et les employés. Dans l’ensemble, ce système fonctionne très bien et les gens sont bien préparés. Depuis 1985, et l’introduction de la LPP, nous n’avons connu – dans l’ensemble – aucun gros couac lié aux caisses de pension. Je ne vois pas pourquoi il faudrait remplacer ce système.
Catherine Pietrini (CHS PP): Je suis tout à fait d’accord, d’autant plus qu’en Suisse nous avons une réelle peur de la centralisation, ce système est tout à fait correct.
Une question à M. Lusenti: Monstrueux, trop monstrueux? Comme les dinosaures, le 2e pilier est-il appelé à disparaître?
Graziano Lusenti (Lusenti Partners): Je ne suis pas réellement inquiet concernant le 2e pilier suisse. Il tient la route, mais c’est vrai que le monde économique a changé. Mais le système tient plutôt bien le cap malgré la situation actuelle difficile.
Une question pour Mme Pietrini: Vous semblez assez alarmiste. Est-ce que le système des trois piliers est menacé?
Catherine Pietrini (CHS PP): Je ne souhaite pas du tout être alarmiste! Le monde a changé et on voit que les caisses de pension ont réussi à s’adapter, même si c’est parfois long. Nous avons encore cependant un point à changer, c’est sur le plan de la LPP. C’est un système qui est solide, mais qui demande à avoir des adaptations.
Pourquoi ne sort-on pas le taux de conversion de la LPP pour le placer dans une ordonnance, beaucoup plus facile à adapter?
Catherine Pietrini (CHS PP): Il faudra attendre la prochaine révision de la loi où le taux de conversation sera adapté plus facilement.