Revivez le premier débat des élections cantonales vaudoises organisé par «Le Temps»
Événement
Graziella Schaller (vl), Céline Misiego (POP), Rebecca Ruiz (PS) et Isabelle Moret (PLR) ont débattu et répondu à vos questions mercredi 2 mars de 17h à 18h
Le deuxième débat se déroulera le 9 mars en présence de Valérie Dittli (Centre), Mathilde Marendaz (solidaritéS), Vassilis Venizelos (Verts) et Michaël Buffat (UDC). Cliquez-ici pour en savoir plus.
Le 20 mars 2022, les citoyennes et citoyens du canton de Vaud éliront leur nouveau gouvernement. Pour ce premier tour de l'élection au Conseil d'Etat, ils pourront se prononcer sur 10 listes et 25 candidats.
A cette occasion, la rédaction du «Temps» organisent deux débats en ligne où vous pourrez poser toutes vos questions à différents intervenants. Le premier, animé par le journaliste Yan Pauchard, s'est déroulé mercredi 2 mars en présence de:
- Graziella Schaller (Vert'libéraux)
- Céline Misiego (POP)
- Rebecca Ruiz (Parti socialiste)
- Isabelle Moret (Parti libéral-radical)
Difficile de ne pas commencer ce débat par autre chose que l'invasion en Ukraine. Que peut faire le canton de Vaud?
Rebecca Ruiz (PS): Le Conseil d'Etat se réunit chaque mercredi. Une partie de notre dernière séance était consacrée à la situation dramatique qui se déroule en Ukraine, avec évidemment des préoccupations partagées par la population, mais aussi par le gouvernement vaudois. On a souhaité communiquer un certain nombre d'informations: notre soutien au peuple ukrainien sur place mais aussi celui qui se trouve sur le territoire vaudois. Nous avons autorisé le CHUV à envoyer des produits de première nécessité et d'urgence, pour un montant de 800'000 francs. Et puis, bien sûr, nous avons décidé de nous mettre en ordre de marche pour être en capacité d'accueillir des réfugiés.
Et vous Isabelle Moret, vous étiez à Berne aujourd'hui. Quelle était l'ambiance?
Isabelle Moret (PLR): Les parlementaires sont très touchés. Nous avons voté lundi une résolution de solidarité en faveur de l'Ukraine et de son peuple. La Suisse est le pays dépositaire des Conventions de Genève, nous devons nous ériger contre toute violation. Et bien entendu, nous devons accueillir provisoirement des réfugiés, si nécessaire.
Comment faire campagne dans ce contexte?
Céline Misiego (POP): Effectivement, ça change un peu le curseur de la campagne. Nous participerons à une action samedi avec tous les partis pour une récolte commune en faveur de l'Ukraine. Je salue la démarche du CHUV. D'une façon générale, il faut combattre l'impérialisme, qu'il soit russe ou américain. Mais sinon, au niveau de la Suisse, il faut soutenir le peuple qui subit. Ça veut aussi dire de refuser les sanctions économiques, car à la fin c'est le peuple qui paye. Et puis, il faut aussi accueillir les réfugiés, comme on l'a dit, mais sans aucune limite.
Graziella Schaller (vl): La crise climatique et la guerre en Ukraine ont comme même composante notre dépendance aux énergies fossiles. Ce qui m'interpelle, c'est aussi la mobilisation des gens pour faire des actions concrètes, comme des récoltes de médicaments et de biens essentiels en faveur de la population ukrainienne.
L'alliance de droite propose de baisser les impôts. Si on le fait, comment pourra-t-on financer la transition énergétique?
Isabelle Moret (PLR): Tout est question d'équilibre. Nous avons la chance de disposer d'une situation financière saine. Ça a permis aux cantons de réagir fortement et de manière positive lors de la crise du coronavirus. On doit investir dans la transition énergétique et se donner les moyens de le faire. Par rapport à la situation budgétaire de l'État, je souhaite cependant pouvoir augmenter les déductions fiscales pour les frais de garde d'enfants. Je pense aussi à des éléments de fiscalité qui peuvent favoriser la création d'emplois. Prenons par exemple de réformer l'imposition sur la fortune des entrepreneurs et en particulier des start-up.
Rebecca Ruiz (PS): On veut préserver cette bonne base qui, comme l'a dit très justement Mme Moret, nous a permis de réagir de manière forte face à cette crise, et qui a aussi permis au Conseil d'Etat de présenter un plan climat ambitieux, mais qui ne sera pas suffisant. On imagine bien que des investissements à hauteur de plusieurs centaines de millions sont encore nécessaires pour assurer cette transition énergétique, mais aussi pour pouvoir continuer à offrir à la population des prestations sociales, pas seulement sociales au sens de l'aide sociale, mais aussi des prestations du type des subsides à l'assurance maladie, qui permettent aussi aux familles d'avoir un bon pouvoir d'achat pour les prochaines années. Oui, on a des finances saines et il faut avoir une posture équilibrée en permettant à l'État d'investir et de garantir des prestations qui bénéficient à tout le monde.
Céline Misiego (POP): Donner plus d'avantages aux riches, ça ne marche pas. Il faut plutôt miser sur une augmentation des revenus des plus pauvres.
La baisse des impôts reste un sujet très clivant...
Graziella Schaller (vl): On se rend compte que pour la transition énergétique, on aura besoin de moyens. On a voté la création d'un fonds de 300 millions au Grand Conseil pour le climat. Les communes se plaignent du poids de la facture sociale sur leurs finances. Il est très lourd, et cela les empêche de faire toute une série d'investissements et même d'assumer des frais de fonctionnement. Il y a une réflexion qui dépasse la question de la baisse d'impôts pure et simple. Et je pense dans tous les cas que ce n'est vraiment pas le moment, comme le propose l'UDC, de baisser de cinq points les impôts. Il faut adopter un raisonnement plus large pour financer les questions climatiques.
La classe moyenne est-elle toujours la grande oubliée?
Rebecca Ruiz (PS): Une des mesures phares de la RIE III est l'introduction d'un plafonnement des primes d'assurance maladie à 10% du revenu. Et dès lors que l'impôt est progressif, si vous faites des baisses d'impôts, c'est évidemment les plus hauts revenus qui vont en bénéficier alors qu'aujourd'hui, dans notre canton, on a 36% de la population qui bénéficie d'un soutien, d'un subside à l'assurance maladie avec des effets très concrets.
Le réchauffement climatique peut-il aussi provoquer des opportunités?
Graziella Schaller (vl): Tout à fait. Il y a tout d'abord des possibilités d'allégements fiscaux pour les gens qui font des efforts vis à vis de l'environnement. On a aussi de la chance d'avoir des hautes écoles, des HES qui développent de nouveaux projets ou encore des entreprises qui travaillent dans ces domaines. C'est une chance de développer de nouvelles technologies et donc de nouveaux métiers.
Justement, le Canton ne peut-il pas mieux faire? Prendre les transports publics reste parfois plus chers que prendre sa propre voiture...
Céline Misiego (POP): Nous sommes pour les transports publics gratuits. On a d'ailleurs déposé une initiative populaire, le peuple vaudois va pouvoir voter sur cette question. Une famille qui veut partir le dimanche de Sainte-Croix pour aller visiter le Château de Chillon, ça lui coûte une fortune en transport public. Il faut tout faire pour pousser les gens à opter pour les transports publics, cela passe par la gratuité.
Graziella Schaller (vl): Je partage le constat de ma collègue. Ce qui me dérange, c'est de proposer le transport public gratuit, car rien n'est gratuit. Il faut payer les infrastructures, le personnel.
Rebecca Ruiz (PS): Je ne suis pas favorable à la gratuité. On a vu d'ailleurs, par exemple, dans le canton de Genève, une initiative est passée et ce le résultat n'est pas optimal. Désormais, les transports y sont quasiment gratuits. Et que s'est-il passé? On a diminué la desserte. Opter pour un tel système coûte extrêmement cher. Le plus important, c'est d'offrir une alternative à celles et ceux qui ont une voiture et souhaitent pouvoir prendre les transports publics, mais qui ne peuvent pas le faire parce que les dessertes sont trop compliquées, parce que les temps de trajet sont trop longs. Je suis favorable à des politiques ciblées, avec des prix fortement réduits pour certaines populations.
Isabelle Moret (PLR): Je pense que pour inciter les gens à prendre les transports publics, la densification du réseau est importante. Et puis il y a aussi la cadence. Quand vous habitez dans un petit village, c'est parfois beaucoup plus rapide de se déplacer en voiture. Ensuite, en soi, rien n'est gratuit parce que c'est toujours le contribuable qui paye à la fin. Et souvent, lorsque les gens font la comparaison avec le coût de la voiture, on se rend compte que ce n'est pas forcément moins cher. Car on oublie le coût complet: essence, recharge électrique, leasing, entretien etc.
Dans cette campagne, on parle très peu du niveau des loyers...
Céline Misiego (POP): Les solutions existent, il faut simplement avoir de la volonté politique. Une est très simple: le contrôle de la hausse des loyers. Il y a un rapport qui vient de sortir qui prouve que les Vaudois ont payé plusieurs milliards en trop, avec de nombreux abus.
Graziella Schaller (vl): Je ne souhaite pas forcément aller dans ce sens, même si je pense qu'il y a clairement des abus dans la question des loyers. Plusieurs rapports ont clairement relevé que l'un des freins principaux à la rénovation énergétique des bâtiments est lié au fait que les propriétaires n'ont pas répercuté les baisses de taux hypothécaires sur les loyers, et ceci depuis de longues années, au moment où les taux ont commencé à descendre.
Isabelle Moret (PLR): C'est un point essentiel. On voit que c'est dans les bâtiments qu'on a une source de CO2 très importante et si les propriétaires assainissent leur bâtiment, ils vont répercuter cette amélioration sur le loyer. C'est ce qui fera encore augmenter les loyers des locataires. Et donc, en fait, une des pistes, ce serait de se dire qu'il ne faudrait pas, dans le cadre de notre plan climat, subventionner ces rénovations de manière à ce qu'elles ne soient pas répercutées sur le loyer.
A Genève, les hôpitaux collaborent très bien avec les cliniques privées. Un lecteur nous dit que le canton de Vaud n'y arrive pas. Vous partagez cet avis?
Rebecca Ruiz (PS): C'est complètement faux. Les hôpitaux ont très bien collaboré durant cette crise sanitaire. L'Etat a aussi passé des contrats avec les cliniques privées pour qu'un certain nombre de prestations soient assurées. On n'a pas du tout le même paysage sanitaire hospitalier qu'à Genève. Les cliniques privées sont tournées vers un marché qui est celui de l'assurance complémentaire. Les hôpitaux régionaux et les hôpitaux parapublics ou même le CHUV prennent très peu en charge des personnes qui ont des assurances complémentaires.
Les Vert'libéraux sont-ils de gauche ou de droite?
Graziella Schaller (vl): On est tourné vers l'avenir. Les bonnes idées n'ont pas de couleurs.
Les PLR et l'UDC sur la même liste, n'est-ce pas problématique?
Isabelle Moret (PLR): On s'est mis d'accord sur cinq priorités pour le canton de Vaud. Nous avons chacun nos spécificités. Comme il y a une gauche plurielle, il y a une droite plurielle.
Pourquoi le POP ne fait-il pas alliance avec les Verts et les socialistes?
Céline Misiego (POP): L'alliance se fait à certains endroits, pas à d'autres. C'est une réalité du terrain qui n'intéresse pas grand monde.