Utilisateurs du service de messagerie de Google Gmail, soyez rassurés! Si d’aventure vous êtes victimes d’une cyber-attaque de votre gouvernement, le géant de l’internet vous avertira aussitôt par ce message en lettres bleues sur fond rose: «Warning: We believe state-sponsored attackers may be attempting to compromise your account or computer. Protect yourself now».
Il vous suffira alors de cliquer sur un lien qui vous donnera quelques astuces pour vous mettre à l’abri des «mauvais éléments». Comme, par exemple, cette technique imparable et totalement inédite qui consiste à créer «un mot de passe unique mélangeant des lettres capitales et minuscules, ainsi que des signes de ponctuation et des chiffres». Il fallait y penser!
En apprenant la nouvelle, des milliers d’internautes chinois ont dû pousser un soupir de soulagement. D’ailleurs, plusieurs militants – comme l’artiste Ai Weiwei, qui se sait surveillé par les autorités chinoises depuis longtemps et de multiples façons – ont annoncé sur Twitter avoir déjà vu cette alerte s’afficher à l’ouverture de leur messagerie Gmail.
La Chine semble particulièrement visée par cette nouvelle mesure. C’est que Pékin, malgré l’entrée de Google sur son territoire, a persisté dans ses méthodes de contrôle du net, poussant la société à fermer son moteur de recherche chinois et se détourner d’un marché de 500 millions d’utilisateurs.
Mais la firme se garde bien d’établir la liste des «mauvais éléments» dont il faut se prémunir. Le gouvernement américain, avec qui elle entretient des relations troubles, pourrait-il en faire partie? On se souvient que Google et la CIA ont tous les deux investi dans la start-up Recorded Future, qui a créé un puissant moteur d’analyse capable de scanner des milliers de sites web et même des comptes Twitter, système d’alerte ou pas. L’outil a de quoi rendre perplexe les internautes soucieux de la protection de leurs données. Viennent aussi à l’esprit les critique suscitées par la société américaine pour la proximité de son personnel avec l’administration Obama. Sur son blog, l’expert en cyber-sécurité Jeffrey Carr suggère une autre méthode pour se protéger d’Etats trop curieux: fermer son compte Gmail.