
Ukraine: quatre scénarios pour le troisième mois
L'attaque de l'Ukraine par l'armée russe entre dans son troisième mois. Comment le conflit peut-il évoluer? Voici quatre hypothèses parmi les pistes les plus évoquées, et leurs conséquences économiques
Textes: Stéphane Bussard, Ram Etwareea, Simon Petite. Photos: AFP, Reuters
A l’heure où la Russie continue de pilonner l’Ukraine et où les Occidentaux continuent de livrer des armes, notamment lourdes à Kiev, quelle perspective pour la diplomatie? Jeudi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a bien laissé entendre à son homologue russe Vladimir Poutine que son pays était à disposition pour prendre l’initiative d’un processus mettant fin à la guerre en Ukraine et proposant une paix durable. La Turquie a il est vrai joué un rôle de médiateur lors de l’échange de prisonniers mercredi entre Moscou et Washington. Elle a aussi accueilli deux pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens. Mais la proposition d’Erdogan est l’arbre qui cache la forêt.
Au niveau multilatéral, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, à Moscou mardi, a bien tenté d’inciter le Kremlin à négocier un cessez-le-feu, mais sans grand succès. Il a même invité Moscou à coopérer avec la Cour pénale internationale. Sans une perspective meilleure de succès.
La probabilité de négociations pour cesser la guerre en Ukraine est actuellement très faible
Directrice responsable de la gestion des risques politiques et économiques au sein de la société de conseil ControlRisks à Londres, Oksana Antonenko le souligne: «La probabilité de négociations pour cesser la guerre en Ukraine est actuellement très faible. Il peut y avoir des arrangements tactiques comme sur l’organisation de corridors humanitaires. Mais je ne vois pas de négociations stratégiques avant la fin de l’année. Nous sommes clairement dans une phase d’escalade.»
A l’échelle de l’Union européenne, on est loin des efforts diplomatiques consentis par le président français Emmanuel Macron ou le chancelier allemand Olaf Scholz peu avant le début de l’invasion russe. Les Etats européens en sont plutôt à s’appliquer à rester unis, à livrer des armes à l’Ukraine pour renforcer ses capacités de résistance. Les Etats-Unis sont eux aussi dans la même dynamique, souhaitant plutôt priver la Russie des moyens à l’avenir pour déclencher le même type d’invasion. Chercheur auprès du think tank bruxellois Friends of Europe (Les Amis de l’Europe), Paul Taylor est très sceptique quand à une diplomatie active des Européens en ce moment : «Personne en Europe n’entend faire des courbures devant Poutine actuellement. Il est plutôt question de renforcer la résistance ukrainienne. Josep Borrell, haut-représentant de l’UE pour les affaires étrangères, n’a pas repris de contact avec Moscou.» Mardi ce dernier déclarait d’ailleurs dans un blog qu’ «après deux mois de guerre en Ukraine, il n’y a pas de fin en vue et les actions récentes de la Russie pointent plutôt vers une intensification des combats».
Il faudra peut-être ajouter la neutralité de l’Ukraine aux négociations
Preuve que les ponts sont pour l’heure en partie rompus entre les Européens et la Russie, les expulsions de diplomates se sont succédé à un rythme effréné. Mardi, Moscou a expulsé 40 diplomates allemands en représailles au 40 diplomates russes expulsés d’Allemagne qui, selon Berlin, ne faisaient pas de diplomatie, mais du renseignement. Pour Paul Taylor, la prochaine étape majeure sera le discours que tiendra Vladimir Poutine le 9 mai prochain à l’occasion de la commémoration de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. «Il faudra voir si le Kremlin voit tout à coup la nécessité de négocier par exemple un retrait partiel et un retour au statu quo ante de 2014 (où la Russie a annexé la Crimée et contrôlait une partie du Donbass). Mais je vois mal comment Vladimir Poutine va voir cela comme une victoire. Il faudrait peut-être y ajouter la neutralité de l’Ukraine.»
Du côté des Etats-Unis, qui ont versé une aide de 3,7 milliards de dollars à l’Ukraine depuis 2021, le chef de la diplomatie Antony Blinken ne voit aucun signe chez Poutine indiquant une vraie volonté de «négocier sérieusement».
Notre dossier: Pour comprendre la guerre en Ukraine
Selon John Plassard, directeur de la banque Mirabaud, il ne faut pas s’attendre à un retour rapide à la normalité. Si les négociations aboutissent, les prix de l’énergie et des matières premières baissent graduellement. «Un recul de l’aversion au risque sur les marchés et du choc de confiance chez les entreprises et les consommateurs permet d’envisager une croissance en 2022 proche de celle anticipée en début d’année», note la banque Edmond de Rothschild.
Les exportations d’Ukraine et de la Russie (énergie, produits agricoles et matières premières minières) reprennent. «Le baril était déjà à 90 dollars avant l’invasion de l’Ukraine, poussé par une hausse de la demande dans la période post-Covid, rappelle toutefois John Plassard.
Graduellement l’Union européenne, les Etats-Unis et leurs alliés enlèvent les sanctions contre la Russie. Moscou dispose de ses recettes d’exportations de gaz et de pétrole. Une aide internationale massive arrive en Ukraine en vue de la reconstruction.
Deux mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, la Russie a-t-elle perdu la main? Le 25 mars dernier, Moscou avait déjà revu ses buts de guerre à la baisse. Après avoir renoncé à prendre et même encercler la capitale Kiev, les forces russes se concentrent désormais sur la conquête du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Cette région majoritairement russophone plus grande que la Suisse est en partie aux mains des séparatistes soutenus par Moscou depuis le début du conflit en 2014. On estime qu’environ la moitié du territoire des provinces (oblasts) de Donetsk et Lougansk est aujourd’hui contrôlée par les séparatistes et les forces russes.
Le Donbass, coeur de la bataille
Le succès ou l’échec de la grande offensive russe contre le Donbass, lancée le 18 avril dernier, sera capital pour l’issue de cette guerre. Les informations sur ce front, où Moscou aurait engagé 70 000 hommes contre le fer de lance de l’armée ukrainienne solidement retranchée, sont parcellaires. Le cœur du dispositif défensif ukrainien s’appuie aussi sur des zones urbaines, très difficiles à conquérir, comme le montre le long siège de Marioupol. «Je doute que la Russie puisse percer profondément le front. Un grand encerclement des forces ukrainiennes dans tout le Donbass me paraît aussi irréaliste, analyse Niklas Masuhr, du Centre d’études de sécurité de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Nous assisterons sans doute à des attaques et des contre-attaques limitées.»
... mais gagner la bataille du Donbass équivaut à s’emparer d’un département français
Une guerre principalement de positions s’est donc engagée avec une utilisation massive de l’artillerie. L’armée russe semble vouloir tirer les leçons de ses précédents échecs en avançant beaucoup plus prudemment après avoir préparé le terrain par des frappes intensives. Car, malgré ses pertes humaines et matérielles importantes, l’armée russe dispose encore d’une puissance de feu bien supérieure. Les alliés de l’Ukraine tentent de réduire cet écart en lui livrant des armes de plus en plus lourdes et sophistiquées.
«Gagner la bataille du Donbass équivaut à s’emparer d’un rectangle de 100 km de front sur 70 de profondeur, soit la superficie d’un département français», estime pour sa part l’expert militaire français Michel Goya, dans son point de situation du 28 avril. «Toutes choses égales par ailleurs, il faudrait au rythme actuel entre deux et trois mois aux forces russes pour s’emparer de ce rectangle», prédit-il.
Les intentions réelles de Moscou s’agissant d’autres objectifs ultérieurs en Ukraine sont nébuleuses
Le succès ou l’échec de l’armée russe dans le Donbass pourrait déterminer la suite des opérations. Les intentions réelles de Moscou s’agissant d’autres objectifs ultérieurs en Ukraine sont nébuleuses. Il y a une semaine, les agences de presse officielles russes citaient le commandant adjoint du district militaire du centre de la Russie, le général Rustam Minnekayev. Ce haut gradé déclarait que l’objectif de la seconde phase de «l’opération militaire spéciale» ne se limitait pas au Donbass mais visait tout le sud de l’Ukraine, afin de priver l’Ukraine de son accès à la mer Noire jusqu’à Odessa, et à la frontière avec la Transnistrie. Le général mentionnait aussi cette région séparatiste de Moldavie, où la population russophone serait «opprimée». Le même argument est martelé à propos de la population du Donbass.
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Les forces russes piétinent
Le sud de l’Ukraine est la région où, dans les premières semaines de la guerre, les avancées russes ont été les plus spectaculaires. Mais, ces derniers temps, les forces russes piétinent et doivent plutôt défendre leurs acquis. Un débarquement, combiné avec une offensive terrestre en direction du port d’Odessa, ne semble pour l’instant pas d’actualité, d’autant moins après la perte du vaisseau amiral Moskva en mer Noire à la mi-avril, coulé, probablement par des missiles ukrainiens. Malgré toutes ses difficultés, Moscou n’a pas renoncé à mettre la main sur les régions les plus stratégiques de l’Ukraine: le Donbass et ses ressources minières, et la façade maritime du pays, soit l’«Ukraine utile».
«Le scénario de l’impasse exacerbe la poussée inflationniste dans le monde, déclare John Plassard. Les prix de l’énergie peuvent toutefois baisser à cause du recul de la demande.» En Ukraine, une bonne partie des exploitations agricoles et minières sont abandonnées, le pays ne pouvant pas exporter par voie maritime. L’aide des pays occidentaux est plus que jamais nécessaire pour sauver le pays de la banqueroute.
L’économie en Russie se délabre encore un peu plus. Les sanctions paralysent le pays. Le maintien des troupes dans le Donbass et la Crimée coûte cher à Moscou. La banque Edmond de Rothschild craint que «les travaux agricoles ne pouvant pas être menés surtout en Ukraine, un risque de pénurie alimentaire et de soulèvement dans les pays émergents est à craindre».
Au niveau mondial, l’incertitude freine tout investissement. Les banques centrales luttent pour maintenir un certain niveau de liquidités. Les pays en développement sont particulièrement frappés de plein fouet et s’enfoncent dans la dette.
Pour l’instant, la guerre met aux prises la Russie et son voisin ukrainien qu'elle a tenté d'envahir. L’implication grandissante des alliés de l’Ukraine, avec l’accélération et la montée en gamme des livraisons d’armes à Kiev, doit permettre à l’armée ukrainienne de contrer l’offensive russe, avant peut-être de contre-attaquer, voire de libérer une plus grande partie du territoire ukrainien. Mais cette montée en puissance est lourde de risques d’escalade. La Russie brandit la menace de troisième guerre mondiale pour dissuader les soutiens de l’Ukraine.
Les Occidentaux se refusent pourtant à envoyer des soldats en Ukraine, ce qui ferait d’eux des cobelligérants. De la même manière, ils ont toujours résisté aux demandes du président Volodymyr Zelensky de décréter une zone d’exclusion aérienne dans le ciel ukrainien, afin d’éviter que les avions de l’OTAN ne se retrouvent face aux MIG russes.
Il n’empêche, le soutien militaire à l’Ukraine est de plus en plus massif. Jeudi, le président américain Joe Biden a annoncé vouloir demander au Congrès de débloquer 33 milliards de dollars supplémentaires pour répondre à la guerre en Ukraine, dont 20 milliards en aide militaire. Une partie de ces fonds proviendrait des avoirs russes confisqués par les Etats-Unis. Les Etats-Unis «n’attaquent pas» la Russie mais «aident l’Ukraine à se défendre contre l’agression russe», en ayant déjà livré dix armes antichars pour chaque blindé russe, a-t-il affirmé lors d’une allocution à la Maison-Blanche.
L’acheminement des armes et la logistique seront le nerf de la guerre
Au vu de l’énormité de ces sommes, l’acheminement de ces armes et la logistique seront le nerf de la guerre, qui pourrait encore durer des mois, voire des années. La Russie annonce régulièrement avoir détruit des hangars accueillant le matériel militaire occidental. Pour éviter une confrontation directe avec la Russie, les soldats ukrainiens sont formés aux armements occidentaux hors des frontières du pays. Mais si ces entraînements se généralisent, Moscou pourrait être tenté de viser des bases dans les pays voisins de l’Ukraine. Une éventualité qui pourrait entraîner l’OTAN, qui promet une assistance à chacun de ses membres en cas d’attaque, dans une guerre avec la Russie.
Si la Russie entend freiner l’afflux d’armes, elle devra multiplier les frappes sur les convois, peut-être au point de fermer les frontières occidentales de l’Ukraine. Deux options qui sont hors de portée des capacités russes, selon Niklas Masuhr, chercheur au Centre d’études de sécurité de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. «L’armée russe peine à atteindre des cibles mouvantes et son stock de missiles guidés de précision n’est pas illimité», pointe-t-il.
La Russie pourrait être tentée par une escalade verbale
Moscou est aussi de plus en plus nerveux sur les frappes ukrainiennes visant le territoire russe. Le 31 mars dernier, le premier raid avait visé un dépôt de carburant dans la ville de Belgorod, l’une des bases arrière de l’offensive russe. Ces derniers jours, des dépôts de munitions ou de carburant ont pris feu non loin de la frontière. Moscou a accusé les Occidentaux d’encourager ces attaques et les a mis en garde.
«Le problème est que nous ne connaissons pas exactement quelles sont les lignes rouges de la Russie», poursuit Niklas Masuhr. Plutôt que de pouvoir annoncer une grande victoire le 9 mai prochain, jour de la parade militaire qui commémore la victoire sur l’Allemagne nazie, «la Russie pourrait être tentée par une escalade verbale», redoute Niklas Masuhr. Une rhétorique plus guerrière contre l’Ukraine et l’OTAN, voire une déclaration de guerre, alors que Moscou n'évoque pour l’instant qu'une «opération militaire spéciale», permettrait de mobiliser davantage l’opinion russe et ouvrirait la possibilité d'envoyer des conscrits en Ukraine, alors que les pertes se comptent en milliers d'hommes.
Dans ce scénario, c’est vraisemblablement la Russie qui décide de fermer le robinet de gaz et de pétrole à destination des pays de l’Union européenne. Tout comme c’est elle qui a décidé de fermer le robinet de gaz cette semaine pour la Pologne et la Bulgarie. L’économie européenne en pâtit, l’Allemagne en premier. Ce pays, selon Robert Habeck, son ministre de l’Economie, entre en récession. Le PIB régresse d’au moins à -5% en 2022 ou jusqu’à -20% si la guerre dure plusieurs mois.
La pression augmente sur les prix des hydrocarbures, des matières premières agricoles et minières. Relativement épargnés jusqu’à présent, les Etats-Unis ressentent l’impact de la guerre. Les échanges internationaux reculent. «L’économie mondiale est déstabilisée, encore plus si l’Alliance atlantique entre en guerre aux côtés de l’Ukraine», imagine John Plassard.
La Russie perd ses recettes d’exportations. La Chine et l’Inde lui achètent le pétrole et le gaz, mais pas plus que leurs besoins. L’Ukraine dépend davantage de l’aide des pays occidentaux.
Une défaite de la Russie en Ukraine est-elle envisageable? Chercheur au Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP), Marc Finaud n’y croit pas trop, non pas parce que les forces ukrainiennes seraient incapables d’infliger de sérieux dommages à l’armée russe, mais plutôt parce que «la Russie ne s’avouera jamais vaincue. La défaite, pour le Kremlin, est inconcevable. Ce dernier trouvera toujours des excuses pour expliquer tel ou tel revers.»
Sur le terrain, difficile pour l’heure de dire ce que Moscou arrivera à atteindre par sa vaste offensive de l’Est. Mais si une défaite russe devait se dessiner, quelles en seraient les conséquences? Acculée, la Russie pourrait commettre des actes désespérés. C’est en partie ce qu’elle a fait dans sa tentative de prendre le contrôle de l’Ukraine en menant une politique de la terre brûlée. «Moscou pourrait, au cas où une défaite se profile, chercher à déstabiliser davantage le pays, à orchestrer des provocations. Mais dans la gamme des possibilités, rien n’est exclu», prédit Marc Finaud.
La solution la plus rationnelle: un cessez-le-feu dans les frontières actuelles
La solution la plus rationnelle serait, pour Moscou, d’accepter un cessez-le-feu sur les positions actuelles, de gagner du temps et de donner l’apparence de négocier. «On retomberait dans un conflit gelé aux lignes de front revisitées. Ce serait le scénario le plus acceptable à l’échelle internationale. Il permettrait de noyer l’idée d’échec pour la Russie», poursuit le chercheur du GCSP. Mais les réactions du président russe pourraient être aussi beaucoup plus «irrationnelles», insiste Marc Finaud. «On ne sait pas ce qui se passe dans la tête de Poutine, mais les armes chimiques et biologiques pourraient entrer en ligne de compte. Leur usage n’aurait aucun sens militaire à moins de les utiliser à très large échelle. Le message envoyé aux Etats membres de l’OTAN serait toutefois très contre-productif. L’usage de ces armes de destruction massive aboutirait à isoler davantage la Russie et à accroître l’aide à l’Ukraine.»
Le risque nucléaire
Une autre arme, encore plus dangereuse, pourrait être envisagée par le pouvoir russe: l’arme nucléaire. La posture nucléaire de la Russie n’exclut pas de recourir à des armes nucléaires tactiques (à faible rendement) dans certaines circonstances et de manière, dit-on, circonscrite. «Si le Kremlin décidait d’utiliser l’arme atomique, il risquerait de perdre le soutien de la Chine et de l’Inde, deux puissances nucléaires. De plus, si l’usage de l’arme nucléaire devait être décidé et qu’il affectait des pays voisins membres de l’OTAN, cela pourrait donner lieu à une escalade très dangereuse», analyse Marc Finaud. Mais des actions aussi risquées visant à camoufler une défaite russe seraient susceptibles de provoquer de sérieux remous en Russie même. «Poutine a déjà fait le ménage au sein du FSB (renseignement) et de l’armée. Avec le suicide d’oligarques, la mort de plusieurs généraux et l’impact des sanctions occidentales, Poutine pourrait être sérieusement contesté à l’interne», prédit-il.
Mais au fond, quels sont les objectifs?
Oksana Antonenko, directrice responsable de la gestion des risques politiques et économiques au sein de la société de conseil ControlRisks à Londres, conclut: «Il est très probable que la Russie ne gagne pas la guerre, car il est difficile de comprendre les vrais objectifs russes en Ukraine. Les buts de Poutine ont changé radicalement depuis le début du conflit et il n’est pas évident de savoir quel serait l’objectif minimal qu’il souhaite atteindre étant donné les coûts déjà astronomiques de l’invasion pour la Russie, qui vont encore fortement augmenter si la guerre continue pendant des mois.»
A ce propos: Armer l’Ukraine, mais aussi «affaiblir» la Russie
«La Russie débute un long chemin de croix même si le pays est riche des ressources naturelles, avance John Plassard de la banque Mirabaud. L’évolution de son économie dépendra du fonctionnement des grandes entreprises russes. A voir si elles changent et travaillent de façon plus constructive ou pas avec l’Union européenne et le reste du monde.» Le pouvoir russe pourrait se recomposer. A voir également la place qui revient à la Chine dont les investisseurs ont acheté des entreprises étrangères qui ont quitté le pays pendant la guerre.
Une baisse des prix pétroliers et gaziers devrait intervenir suite à l’échec russe et le retour graduel de la certitude. L’économie européenne profite de la fin du double choc, celui de sortie du covid et celui de la guerre.
En Ukraine, le gouvernement se met immédiatement à la reconstruction du pays en lambeaux grâce au financement notamment des Etats-Unis et de l’Union européenne. Les travaux d’infrastructures ainsi que les ressources agricoles et minières attirent des investisseurs étrangers.
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