
Le glacier du Rhône, une montagne tragique
Cet été, «Le Temps» propose chaque semaine une carte blanche à un photographe romand. Dans ce sixième épisode, Eddy Mottaz s'est rendu sur le glacier du Rhône

Le glacier du Rhône, en amont de Gletsch est inhospitalier et étrangement beau.

Fonte inexorable, aridité en escalier et là comme des hiéroglyphes en souvenir du passage du froid, de l’impression de froid.

Par endroits, le soleil mordant donne à voir un grand bleu.

Le feu s’immisce dans les cavités, brûle, brutalise. Mort programmée, martèlent les spécialistes.

Des ouvriers viennent revêtir le glacier de bâches pour retarder l’échéance. Linceuls posés.

Un camp de toiles pour des réfugiés? Un charnier mis au jour? La teinte grisâtre et la désolation renvoient à un crime contre l’humanité. C’est ce que nous voyons là-haut, le monde qui se met, contre nature, à nu et assèche nos rêves.


Eddy Mottaz est né le 19 juin 1959 à Yverdon. Après avoir appris la sculpture sur pierre, puis être entré à l’ESAV, à Genève, il s’essaie à la photographie dès 1991. Il collabore alors au Nouveau Quotidien, puis au Temps depuis 1998. En septembre 2014, Eddy Mottaz s’est rendu sur l’île de Lampedusa pour se «confronter à la réalité relayée par les médias». Il remporte plusieurs prix, dont le Swiss Press Photo à trois reprises (2000, 2002 et 2014).
