La carrière de Jacques Chirac en images
Jacques Chirac s'est éteint... De sa Corrèze natale aux ors parisiens, la carrière nationale de l'ancien président raconte quarante ans de la vie politique française. Images marquantes.
Par Le Temps
Une des premières photographies officielles de Jacques Chirac, nouveau secrétaire d'Etat aux affaires sociales en 1967. Le destin de ce petit-fils d'instituteurs laïcs de Corrèze a changé après son mariage avec Bernadette Chodron de Courcel, rencontrée à Sciences-Po, en 1956. Après avoir fait l'ENA, il se fait remarquer en gagnant une élection difficile en Corrèze, et est propulsé au gouvernement.
Son rôle est jugé crucial pendant la négociation des Accords de Grenelle, en pleine crise de 1968. Il est devenu l'énarque qui monte. En 1972 il devient ministre de l'Agriculture, une passion qui ne le quittera jamais.
Premier conseil des ministres avec le président Valéry Giscard d'Estaing, en 1974. A la mort de George Pompidou Jacques Chirac soutient le centriste libéral, qui le récompense en lui offrant Matignon. Il y restera deux ans, avant d'aller créer le Rassemblement pour la République, l'ex UDR à la sauce Chirac. Cette fracture de la droite laissera des traces.
Vacances en famille avec sa fille Claude, 11 ans, en août 1974 dans un hôtel des Alpes-Maritimes. Jacques Chirac est l'un des premiers personnages politiques de premier plan à se prêter de bonne grâce aux demandes des médias, en plein essor. Vingt ans plus tard, c'est Claude qui s'occupera de la communication politique de son père.
Avec Bernadette, en août 1976, dans un train rapide entre Tokyo et Osaka à l'occasion d'un voyage officiel au Japon - l'une des passions de Jacques Chirac. Il est à cette époque dans l'opposition au président Giscard d'Estaing. Il va s'appuyer sur la mairie de Paris, qu'il gagne en 1977, pour tenter de conquérir le pouvoir.
Jacques Chirac au salon de l'agriculture de 1980. Pendant toute sa carrière politique, le Corrézien d'adoption ne ratera presque jamais la «plus grande ferme de France», et restera toujours très populaire auprès des agriculteurs.
En 1980, dans le métro. Maire de Paris, Jacques Chirac est venu inaugurer une exposition d'art moderne dans la station de RER Auber. Il est déjà beaucoup question d'une possible candidature à l'Elysée, tandis que ses relations avec les centristes de l'UDF sont toujours mauvaises.
En pleine discussion avec Nicolas Sarkozy, alors âgé de 26 ans, et membre du comité central du RPR, en mars 1981. Jacques Chirac est alors candidat déclaré à l'Elysée.
Dans l'avion qui l'amène voter en Corrèze, pour le 1er tour de la présidentielle de 1981, avec sa fille Laurence. Il existe peu de photos de l'aînée de Jacques Chirac, qui a souffert d'anorexie toute sa vie. Elle est décédée en 2016.
Sept semaines après son échec au 1er tour de la présidentielle, où il a remporté 18% des voix (contre 28% pour Valéry Giscard d'Estaing), et cinq semaines après la victoire du socialiste François Mitterrand, Jacques Chirac marie sa «fille de cœur» Anh Dao Duong, une réfugiée vietnamienne, qui vivra deux ans avec les Chirac. Elle se plaindra des années plus tard d'avoir été écartée de la famille une fois Jacques Chirac élu président.
Avec Elizabeth Taylor à un dîner en faveur de la lutte contre le sida, à Paris en novembre 1985. Jacques Chirac est à cette époque devenu le chef de l'opposition au gouvernement socialiste, souvent invité à la télévision. «Cessez de m'interrompre comme un roquet» sort-il même au premier ministre Laurent Fabius, très énervé. Jacques Chirac le remplace à Matignon en mars 1986, après la victoire du RPR aux législatives, inaugurant la cohabitation.
Collier de fleurs, chapeau traditionnel et grand sourire pour Jacques Chirac: la visite du premier ministre en août 1986 s'effectue pourtant sous tension, l'île étant secouée par des revendications indépendantistes de plus en plus violentes. En plus d'être expert dans l'art de manier les symboles, Jacques Chirac a toujours été un «bon client» pour les photographes.
Sommet franco-africain de Lomé, en novembre 1986. La politique étrangère, traditionnellement la «chasse gardée» de la présidence, a fait l'objet de nombreux désaccords entre Jacques Chirac et François Mitterrand durant la cohabitation.
Août 1987, en vacances avec sa famille dans un hôtel de Cap d'Antibes, sur la Côte d'Azur.
En octobre 1987 avec son ministre de l'Intérieur le gaulliste Charles Pasqua, très aimé par la droite mais détesté par la gauche, qui lui reproche ses flirts avec l'extrême-droite. L'hiver 86-87 est marqué par des manifestations d'étudiants endeuillées par la mort de l'un deux, Malik Oussekine. Jacques Chirac met un frein à ses réformes, dans la perspective de se porter candidat à la présidentielle de 1988.
Tension maximale entre Jacques Chirac et François Mitterrand lors du débat télévisé du 28 avril 1988. Le président donne du «Monsieur le premier ministre» à Jacques Chirac et lui lance des affirmations «les yeux dans les yeux». Le voyage de Charles Pasqua au Liban et la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa en Nouvelle Calédonie brouillent la scène politique. Jacques Chirac échoue une 2e fois à se faire élire président, avec 46% des voix.
Six ans plus tard, le 25 août 1994, signature par le président Mitterrand du livre d'or de l'Hôtel de Ville de Paris, sous le regard de Jacques Chirac, pour les 50 ans de la Libération. Quelques semaines plus tard le maire de Paris annonce sa 3e candidature à la présidentielle. Il gagnera au 1er tour contre son ancien «ami de trente ans» Edouard Balladur, premier ministre d'une 2e cohabitation, puis au 2e tour en mai 1995 avec 52,6% des voix, face au socialiste Lionel Jospin.
Premier geste de Jacques Chirac après son élection, le 7 mai 1995: il file rencontrer l'ami allemand, d'autant que le 8 mai 1995 marque le 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Le 8 au soir, après les cérémonies, on le retrouve en ville avec Helmut Kohl autour d'une bière à Strasbourg. Un président bon vivant, qui «mange des pommes», à l'image de sa marionnette très populaire des satiriques Guignols de l'info.
Le 16 juillet 1995, Jacques Chirac crée l'événement lors des cérémonies commémoratives de la rafle du Vel d'Hiv en reconnaissant officiellement «les fautes commises par l'Etat français». Il est le premier chef d'Etat à reconnaître la responsabilité française dans la déportation des juifs.
A Ramallah, le 23 octobre 1996, avec Yasser Arafat qui lui présente sa fille. ll est accueilli en héros: la veille, en vieille ville de Jérusalem, il s'en est pris aux services de sécurité israéliens trop tatillons, devant les caméras du monde entier: «Do you want me to go back to my plane and go back to France? This is a provocation!».
A Fukuoka au Japon, le 21 novembre 1996. Alors qu'il met volontiers en avant son côté près du peuple, amateur de bière et de choucroute, Jacques Chirac a toujours été un grand admirateur de la culture nippone.
Jacques Chirac s'est rendu une seule fois en visite d'Etat en Suisse, en octobre 1998. Avec son homologue Flavio Cotti, ils se sont rendus en bateau à Locarno, dans le Tessin, aux bords du Lac Majeur. «Relations excellentes...On a vraiment l'impression de parler entre amis... Vous êtes le pays du monde qui a le mieux réussi» complimente le Français pendant la conférence de presse commune.
Après le choc du Front national arrivé deuxième au premier tour de l'élection présidentielle, Jacques Chirac est réélu le 5 mai 2002 avec un score dépassant les 80% de voix, et s'adresse au pays de la place de la République, le soir: «Nous venons de vivre un temps de grave inquiétude pour la Nation... Je salue la France qui, comme toujours dans les moments difficiles, sait se retrouver sur l'essentiel».
Le 6 juin 2004, les cérémonies du 60e anniversaire du Débarquement sont l'occasion pour la France de recevoir des leaders venus du monde entier à Arromanches, en Normandie. Sur la photo, la Reine Elisabeth II, Jacques et Bernadette Chirac, le président américain George Bush et sa femme Laura.
Faire la lumière sur le passé: comme il avait reconnu la responsabilité de la France dans les rafles de juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale, Jacques Chirac veut que la nation assume son histoire esclavagiste. Une loi fait de la traite et l'esclavage un crime contre l'humanité. Le 10 mai 2006, une cérémonie commémore pour la première fois l'abolition de l'esclavage de l'esclavage 150 ans plus tôt.
Mai 2006, en visite officielle au Chili. Jacques Chirac prend le métro à Santiago, avec la présidente Michelle Bachelet (à gauche).
9 juillet 2006 à Berlin, il assiste à la finale de la Coupe du monde de football entre la France et l'Italie. Comme l'ex président américain Bill Clinton, manifestement très à l'aise avec le président français au point de lui taper sur l'épaule.
28 septembre 2006, au Sommet de la francophonie à Bucarest. C'est la 1ère fois qu'un pays d'Europe centrale et orientale accueille l'événement. Qui se déroule en pleine polémique, le président libanais le pro-syrien Lahoud n'ayant pas été invité et y voyant la main des Français: Jacques Chirac est très ami avec la famille de Rafiq Hariri, l'ex 1er ministre du Liban. C'est sa famille qui lui prêtera l'appartement où il s'installe en quittant l'Elysée en 2007.
Janvier 2007, en pleine discussion avec son épouse au moment de délivrer ses vœux de bonne année de son fief de Tulle, en Corrèze. «Ma femme est un homme politique» a souvent dit le grand Jacques. C'est la dernière année de son mandat (passé de 7 à 5 ans sous sa présidence). En mai 2007, après l'élection de Nicolas Sarkozy, il quitte la vie politique publique.
Mais la justice le rattrape. En septembre 2011, 11 ans après avoir jugé «abracadabrantesques» les accusations de financement occulte du RPR, il est jugé dans le cadre du procès des emplois fictifs de la mairie de Paris. Un certificat médical attestant de troubles de la mémoire lui évite de comparaître. Depuis 2009, l'ex président, devenu la personnalité préférée des Français selon plusieurs sondages, a accumulé plusieurs problèmes de santé.
Une de ses dernières apparitions publiques, le 21 novembre 2013 à la remise du Prix de la Fondation Chirac au Musée des Arts premiers , à Paris, aux côtés du président François Hollande, lui aussi Corrézien. En juin 2016, le musée qu'il a contribué à faire naître prendra son nom, Musée Quai Branly-Jacques Chirac. Très affaibli, lui-même n'est pas présent le soir de l'hommage que lui rend François Hollande.