En images: le dilemme des mères ukrainiennes, rester ou partir mettre sa famille à l’abri
Le dilemme de rester ou partir de son domicile et se réfugier dans une région plus sûre se pose pour de nombreuses familles ayant des enfants en bas âges et vivant près de la ligne de front en Ukraine
Karyna venait de s'assurer que son fils de 12 ans se trouvait bien dans la cuisine de sa maison quand des missiles russes ont labouré son jardin, criblant le terrain de cratères à l'endroit même où ses pommiers poussaient jusque-là paisiblement.
Le choc provoqué le mois dernier par les missiles S-300 fut si violent qu'elle fut projetée dans son couloir d'entrée. Après avoir repris conscience, une seule pensée lui vint à l'esprit: son fils.
Son fils et sa famille ont survécu à l'impressionnante frappe russe. Mais pas question pour autant pour Karyna de quitter son domicile de la ville industrielle de Kostyantynivka, dans la région de Donetsk (Est), malgré deux autres bombardements proches.
Le dilemme de rester ou partir de son domicile et se réfugier dans une région plus sûre se pose pour de nombreuses familles ayant des enfants en bas âges et vivant près de la ligne de front en Ukraine. La décision tient souvent à peu de choses.
De nombreux enfants ukrainiens n'ont pas survécu aux bombardements, fauchés par des tirs d'artillerie de Moscou parfois même à plusieurs centaines de kilomètres des combats.
Veronika Sorokina, 23 ans (gauche), est partie au moment où les Russes sont entrés dans son village de la région de Lougansk (Est) en mars 2022.
«Ce n’a pas été une décision difficile», dit-elle. «En trois minutes nous sommes partis. Son mari, Vitali, 48 ans, avait repéré une route de 60 kilomètres à travers la campagne qu’il savait que les Russes ne trouveraient pas. Puis ils sont partis, vite.
«On avait peur pour notre fils», raconte-t-elle, ajoutant avoir pris quelques affaires dont leurs papiers et sa robe de mariée.
«Quand on a quitté le village, on a recouvert la bouche du petit pour qu’il ne puisse pas crier», dit à l’AFP Veronika, les larmes aux yeux au moment de raconter son départ. La petite famille habite désormais dans une chambre à Kiev et partage une cuisine et une salle de bains avec d'autres colocataires.
De nombreux enfants ukrainiens n'ont pas survécu aux bombardements, fauchés par des tirs d'artillerie de Moscou parfois même à plusieurs centaines de kilomètres des combats.
Pour Aryna Satovska, responsable d'une organisation à Kiev qui aide au relogement de familles réfugiées, la décision de quitter les localités près du front est souvent rendue difficile par le fait que les voies de sortie sont parfois encore plus dangereuses que les villages en eux-mêmes.
«On a entendu une histoire selon laquelle sur une famille de dix, seuls cinq étaient arrivés à destination», dit-elle. Sans compter que le départ n’est souvent que la première étape avant de surmonter les traumatismes de la guerre. «On a eu des enfants qui, après deux semaines ici, ne voulaient toujours pas jouer dehors car cela leur rappelait trop les alertes antiaériennes et les bombardements», cite en exemple Aryna Satovska.