Immersion avec les plongeurs de la Chaudanne
Explorée depuis 1964, la grotte de la Chaudanne s'enfonce à plus de 200 mètres sous terre. «Le Temps» est allé à la rencontre des plongeurs dévorés par la passion des profondeurs
Depuis 1964, entre Rossinière et Château-d'Oex, dans la grotte immergée de la Chaudanne, les plongeurs amateurs des profondeurs tentent de se rapprocher des entrailles terrestres.
Ce samedi matin, Michael Walz, Samuel Vurpillot, Nicolas Andreini et Darragh Norton se retrouvent afin de filmer pour la première fois le canal de la Chaudanne à la profondeur de -100 mètres.
Michael Walz descend son matériel au bord de la résurgence. Il porte à la main droite un scooter sous-marin qui lui permettra d'avancer plus vite tout en fournissant moins d'énergie et ainsi consommer moins de gaz.
Nicolas Andreini et Michael Walz ont vêtu leur combinaison étanche. Dessous, les deux hommes portent de multiples couches et des doudounes jusqu'aux pieds.
Michael Walz figure parmi les premiers plongeurs de la Chaudanne. Passionné, il a longtemps détenu des pointes de profondeurs et a participé à l'évolution des techniques de plongée en profondeur.
La température de l'air est à -6°C. Celle de l'eau à 9°C. Depuis la démocratisation de la plongée au recycleur d'air en 2005, la plupart des plongeurs-spéléologues ont abandonné le "système ouvert" qui impliquait un grand nombre de bouteilles, un gros volume de gaz et une technique complexe pour atteindre les profondeurs. Une panne pouvant toutefois toujours arriver, les plongeurs emportent des bouteilles de secours utilisables en système ouvert.
Samuel Vurpillot s'enfonce dans le trou obscure de la Chaudanne.
La "banane" est une section de la grotte qui forme un courbe entre -30 et -75 mètres. Elle remonte à -60 mètres vers le lieu-dit, "le balcon" où le canal plonge par "le Toboggan" à -100 mètres. Là la topographie se redresse jusqu'à -80 mètres pour s'enfoncer à nouveau jusqu'à des profondeurs encore inexplorées au-delà de -187 mètres.
Dans les profondeurs karstiques du Pays d'Enhaut
Les lampes des quatre plongeurs rendent la grotte particulièrement lumineuse. Habitués à des plongées en solitaire, les hommes ont admiré une Chaudanne "telle qu'ils ne l'avaient jamais vue auparavant".
Samuel Vurpillot est assis dans "la cloche" un espace sec à -12 mètres où il inspire de l'oxygène pur afin d'accélérer sa décompression. Lors de sa dernière plongée, pendant laquelle il a atteint une profondeur de -187 mètres, il y a passé 4 heures. "J'en ai profité pour regarder un film", précise-t-il.
A -6mètres de profondeur, les plongeurs procèdent à leur dernier palier. Une pause d'environ une heure qu'ils agrémente d'un partie d'échecs. "Mettre les pièces sur le plateau nous prend déjà vingt minutes... Du coup le palier passe vite" s'amuse Samuel Vurpillot