Ueli Steck, victime de sa passion
L'alpiniste suisse Ueli Steck a été incinéré jeudi au Népal dans un monastère bouddhiste, à l'ombre de l'Everest. Passionné mais aussi téméraire, le Bernois, connu pour avoir dompté les sommets les plus vertigineux de la planète, est décédé le dimanche 30 avril 2017 dans ce massif, à l'âge de 40 ans. Images d’une carrière riche en records
Par Le Temps
En 2016, Ueli Steck et l'alpiniste David Göttler ont voulu gravir le sommet du Shishapangma. Les deux grimpeurs ont envisagé d'aborder le plus «petit» des quatorze 8000, culminant à 8013 mètres, en passant par une nouvelle voie. De retour à Katmandou, il raconte à la presse son expérience. Cette expédition a été marquée par la découverte des corps de deux alpinistes américains, légendes du milieu: Alex Lowe et David Bridges, disparus depuis 1999 sur les flancs de la montagne.
En 2008, Steck a réalisé l’ascension de l'Eiger en 2h47. Record battu par Arnold en 2h28 en 2011. Mais le Bernois a repris son bien l’automne dernier, sans utiliser les cordes fixes et pitons en place, au contraire de son rival.
Après l’ascension du couloir nord direct des Drus en hiver 2016 par Ueli Steck, Mathieu Maynadier et Jérôme Para, Bertrand Delapierre et Guillaume Broust ont tiré une vidéo des rushes tournés alors dans le cadre d’une campagne Petzl.
L'un des montagnards les plus célèbres de sa génération, celui qui était surnommé «la machine suisse» pour sa vitesse de course était un homme discret. Il confessait: «Je suis une personne qui manque beaucoup de confiance en soi. Mais en montagne, c’est différent. Grimper, ça je sais faire. Et le solo, j’adore ça.»
Ueli Steck s'est installé à Ringgenberg, non loin d'Interlaken. S'il a choisi ce village, c'est pour sa proximité des montagnes de l'Oberland bernois. Depuis chez lui, il voyait l'Eiger, son terrain de jeu favori. En 2016, l'alpiniste connu pour ses records de vitesse en montagne a relié les sommets de l'Eiger, du Mönch et de la Jungfrau, sentinelles de l'Oberland, en 16 heures et 10 minutes.
Dans le milieu des connaisseurs, on admirait la technique de grimpe sur glace ou mixte d'Ueli Steck. Déjà très fort sur la roche en escalade sportive, piolets en mains, crampons aux pieds, il était sidérant. Il grimpe, ici, une cascade de glace à Ueschenen, au-dessus de Kandersteg.
C'était d'abord son terrain de jeu, puis d'entraînement. C'est devenu l'arène d'un record qui l'a installé dans le panthéon des alpinistes de légende. A force de travail, d'entraînement, d'allégement calculé, Ueli Steck est parvenu à gravir la face nord de l'Eiger en un temps record: 2 heures, 22 minutes et 50 secondes.
Le sommet du mont Everest à 8848 mètres, illuminé par les derniers rayons de soleil, derrière l'arête du Nuptse (7861 mètres). Côté népalais, le Toit du monde a cette spécificité d'être dissimulé par les monts alentour.C'est en gravissant le Nuptse, dans la nuit du 30 au 31 avril 2017, lors d'une escalade d'acclimatation, qu'Ueli Steck a chuté.
Le corps d'Ueli Steck, après sa mort le dimanche 30 avril 2017 dans le massif de l'Everest, a été incinéré le jeudi 4 mai au Népal dans un monastère bouddhiste, à l'ombre du plus haut sommet de la terre.