En images: 25 ans, 25 unes marquantes du «Temps»
Du crash du vol SR 111 en Nouvelle-Ecosse en 1998 à la guerre en Ukraine dès l’année 2022, ces deux décennies et demie n’ont pas manqué d’événements majeurs à la une du Temps. Ces 25 unes reflètent l’Histoire en grand et celle, avec un petit «h», d’un média pour lequel l’iconographie a toujours autant compté que l’écrit.
Par Olivier Perrin
4 septembre 1998. Le plus grave accident qu’a connu l’histoire aéronautique suisse, le crash du vol SR 111, constitue un des premiers chocs intervenus dans la vie du Temps. D’autant qu’à l’époque, le siège de la nouvelle société se situait à deux pas de l’aéroport de Genève-Cointrin et que nous avions vu affluer, au petit matin du 3 septembre, les proches des victimes.
23 février 1999.Au lendemain de l’«avalanche du siècle», il y a deux morts et huit disparus à Evolène (VS), et des villages coupés du monde, comme Arolla, où se trouve une rédactrice du Temps, coincée dans son hôtel. La photographie de l’agence Keystone, prise par Fabrice Coffrini, dit bien la puissance de la nature.
14 décembre 2000.«Jugé» président? Au soir de la présidentielle états-unienne de novembre, le républicain George W. Bush et le démocrate Al Gore sont au coude-à-coude. Les résultats sont si serrés («too close to call») qu’il a fallu attendre plus d’un mois pour connaître le vainqueur définitif de l’élection, au terme de moult recomptages et batailles juridiques.
30 décembre 2000.Le XXe siècle et le deuxième millénaire se referment. Quoi de mieux qu’une scène finale, celle des Temps modernes de Charlie Chaplin, pour incarner ce nouveau départ? Cette comédie dramatique sortie en 1936, dans les bouleversements idéologiques de l’entre-deux-guerres, est en fait le dernier film mettant en scène le personnage de Charlot, qui lutte pour survivre dans le monde industrialisé.
12 septembre 2001. Le choc dont tout le monde se souvient ou a entendu parler, d’une manière ou d’une autre. Près de 3000 morts en quelques secondes, avec plusieurs attentats suicides aux Etats-Unis survenus le même jour, gravés à tout jamais comme une date événement et commis par des membres du réseau djihadiste Al-Qaida, deux jours après l’assassinat du commandant Massoud en Afghanistan.
28 septembre 2001. «Démence» au parlement cantonal de Zoug. Un citoyen quérulent, armé d’un pistolet, d’un revolver, d’un fusil à pompe et d’un fusil d’assaut s’y rend et tire plus de 90 coups au hasard. Il tue trois conseillers d’Etat et 11 députés. C’est le premier attentat de cette ampleur contre des autorités politiques en Suisse.
2 octobre 2001. La série noire continue en Suisse. Le fleuron national qu’était la compagnie aérienne Swissair, une des plus prestigieuses du monde, s’écroule après des mois de choix stratégiques hasardeux à la conquête du ciel global. Son grounding crée un véritable traumatisme dans l’opinion publique helvétique.
10 avril 2003. En Irak, le régime baassiste de Saddam Hussein tombe, quelques semaines avant la fin de la deuxième guerre du Golfe. La coalition alliée des Etats-Unis et du Royaume-Uni, sans mandat de l’ONU, prend possession de Bagdad et de la statue du dictateur en place depuis près d’un quart de siècle, avant que celle-ci ne soit détruite par un char de combat le jour même.
11 décembre 2003. Stupéfaction à Berne: Christoph Blocher éjecte la PDC Ruth Metzler du Conseil fédéral, où il décroche un deuxième siège gouvernemental pour l’UDC. La formule magique de 1959 a vécu. Tout au long de son seul et unique mandat de quatre ans à l’exécutif, il se heurtera aux usages de la concordance et du gouvernement consensuel propres à la tradition de ce pays.
5 novembre 2004. Le raïs, qui incarnait la lutte des Palestiniens depuis près d’un demi-siècle, est en état de mort cérébrale. Figure controversée de l’expression des aspirations nationales dans les territoires occupés d’Israël, il décédera six jours plus tard. La succession de Yasser Arafat s’annonçait chaotique, elle le fut.
13 décembre 2007. Petit «coup d’Etat» dans la Berne fédérale. Au terme d’une nuit d’intrigues politiciennes et d’une alliance conjoncturelle de voix habituellement pas forcément amies, l’Assemblée fédérale, exaspérée par son style et par ce que d’aucuns qualifieront d’arrogance, éjecte Christoph Blocher du Conseil fédéral.
6 novembre 2008. «Yes, we can.» Il est élu, le premier président noir des Etats-Unis. L’accession de Barack Obama à la Maison-Blanche ouvre d’immenses espoirs: le facteur racial n’est plus un obstacle au pouvoir suprême dans un des pays les plus puissants du monde, qui plus est berceau de l’esclavage moderne.
28 février 2011. L’avènement des Printemps arabes. Place Tahrir au Caire, mais aussi à Tripoli, à Tunis ou à Rabat, ils sont des milliers à se réunir pour protester contre les pouvoirs autoritaires en place. Une semaine durant, Le Temps se délocalise, en dépêchant une dizaine de reporters dans ces pays pour prendre le pouls des révolutions arabo-musulmanes, portées par des peuples en colère et l’avènement des réseaux sociaux.
3 mai 2011. Un des dessins de Chappatte qui marqueront l’histoire de ce média. Le crâne transpercé comme dix ans auparavant les tours du World Trade Center, Oussama ben Laden, le fondateur d’Al-Qaida, est liquidé par les Américains dans sa planque pakistanaise, lors d’une opération militaire au sol ordonnée par le président américain Barack Obama et menée par un commando de l’US Navy.
21 octobre 2011. En Libye, le chaos qui a commencé par la mort de Kadhafi à Syrte dure encore aujourd’hui. Le dirigeant de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste périt sous les balles des rebelles après quarante-deux ans de règne sans partage et plusieurs semaines de fuite éperdue. Avec lui disparaît l’un des despotes les plus honnis de la communauté internationale.
7 décembre 2013. «L’homme libre.» Icône historique de la lutte contre l’apartheid et premier président noir en Afrique du Sud, Nelson Mandela s’envole à l’âge de 95 ans. Tribut et tristesse universels. Après lui demeure encore aujourd’hui la dimension éternelle du héros qui sauve l’honneur de ce XXe siècle que le monde entier voudrait enterrer avec lui.
15 novembre 2015. Les attentats parisiens de Daech, dont le plus meurtrier a lieu au Bataclan dix mois après ceux de Charlie Hebdo, laissent la France en état de choc. Pour la première et unique fois de son histoire, Le Temps prépare une édition spéciale hors série de 12 pages en une journée, qui paraît et est distribuée en kiosques un dimanche matin.
10 novembre 2016. Après une nuit qui restera l’une des plus agitées au desk numérique du Temps, contre toute attente, avec une édition spéciale déjà préparée pour l’accession de la première femme à la Maison-Blanche mais qui finira à la poubelle. Donald Trump est élu président des Etats-Unis, contre la démocrate Hillary Clinton. C’est l’avènement d’une nouvelle «fierté» nationale outre-Atlantique.
8 mai 2017. C’est la première victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle française: le paysage politique traditionnel de la Ve République vient d’exploser. Avec le pouvoir «jupitérien» qui se met en place à l’Elysée, la France gagne contre le démon lepéniste, mais elle creuse de nouvelles divisions au sein de la société.
29 janvier 2018. Dépassé, depuis, d’un trophée de Grand Chelem par Nadal, puis par Djokovic, Roger Federer, avec 20 titres majeurs, accède à Melbourne au panthéon des sportifs les plus titrés de l’histoire. Les médias ne savent plus de quels superlatifs user pour décrire cette nouvelle prouesse du tennisman le plus adulé du monde.
21 octobre 2019. Au lendemain des élections fédérales, un nouveau paysage politique se dessine à Berne: plus jeune, plus féminin, plus vert. La mobilisation contre le dérèglement climatique, conjuguée au mouvement #MeToo, aboutit à un coup de sac assez inédit au sein d’institutions réputées pour leur stabilité, qui dépasse le traditionnel clivage gauche-droite.
17 mars 2020. Un nouvel ennemi est né, qui justifie une prise de pouvoir fédéral au détriment des cantons et de leurs compétences habituelles. Comme beaucoup d’autres pays, la Suisse entre dans un confinement général dû à la prolifération du virus du Covid-19, qui commence à faire des ravages. Le pays va connaître une des crises les plus importantes de son histoire récente. Comme le dit l’éditorial ce jour-là: «L’heure est à l’union sacrée.»
8 janvier 2021. Aux Etats-Unis, des partisans de Donald Trump envahissent le Capitole à Washington pour contester la victoire de Joe Biden à la présidentielle de 2020. Les forces de l’ordre sont débordées par l’assaut. Plusieurs bâtiments du Congrès américain sont évacués, tandis que les émeutiers franchissent les dispositifs de sécurité, investissent les salles et les bureaux, pour saccager et piller le symbole du pouvoir fédéral.
24 mars 2022. Les Ukrainiens résistent depuis un mois à l’offensive russe déclenchée sur Kiev au matin du 24 février, juste après la clôture des Jeux olympiques de Pékin et au sortir de la pandémie. On sait déjà que la guerre éclair voulue par Poutine risque l’enlisement, avec une lourde menace nucléaire et le retour potentiel d’une guerre froide.
24 février 2023. L’Ukraine, encore, une année après le début de l’invasion cette fois. Le Temps publie un numéro spécial, au terme d’une semaine de nombreux reportages sur la nouvelle situation géopolitique gouvernant le monde, avec cette guerre qui fait bouger des fronts qu’on croyait stabilisés depuis trente ans. On recommence à redouter un conflit planétaire.