Elle est partie un peu par hasard, pour renouer avec un vieux fantasme. Cela a été l’Afghanistan, mais cela aurait pu être l’Irak. Elle voulait être reporteur de guerre, pour un mois en tout cas. Diplôme d’une école d’art en poche et appareil photo en bandoulière, Sandra Calligaro débarque à Kaboul en 2007. Elle y passera sept ans, durant lesquels elle ausculte la société afghane plus qu’elle ne côtoie les militaires. «Je ne m’attendais pas à ce que ce pays me plaise, malgré les choses horribles qui s’y passaient. J’ai trouvé les gens attachants, puis une histoire en a entraîné une autre», relate la jeune Française, qui vit désormais entre Kaboul et Paris. Sandra Calligaro travaille beaucoup pour la presse, et bute rapidement sur ses limites. «Il faut produire vite. Quelques images seulement pour illustrer le propos du journaliste, qui n’est pas forcément le mien. J’ai eu envie de me tourner vers une approche plus documentaire, plus quotidienne. Raconter une tranche de société afghane, cette classe moyenne émergente.» Trois années d’exploration pour un «Afghan Dream» subtil et touchant, bientôt exposé à Nyon.
Légende de la photo: «C’est la première piscine spa de Kaboul, ouverte en 2012. Jusque-là, les bassins étaient privés ou réservés aux grands hôtels. 3-4 autres ont ouvert depuis. L’endroit est destiné aux hommes. J’ai pu y pénétrer – peut-être parce que cela venait d’être inauguré; j’étais évidemment habillée. Ces jeunes hommes ont accepté facilement la photographie parce qu’ils étaient fiers de montrer qu’ils pouvaient fréquenter un tel endroit. L’entrée coûte 750 afghanis, soit 15 dollars. Ils travaillent pour l’OIM, l’armée afghane et un groupe de ravitaillement de l’OTAN.»
Nyon. Galerie Focale. Du 19 avril au 7 juin. (Rens. www.focale.ch).