C’est sans conteste le grand gagnant de l’élection au Conseil d’Etat: Jean Studer a réalisé un score brillant, flirtant une bonne partie de l’après-midi avec la majorité absolue. Malgré une participation décevante, cette performance renforce son statut de grand timonier du gouvernement. Et cela en dépit du net recul du Parti socialiste au parlement, qui est passé de 41 à 36 sièges.
Le contraste est saisissant avec Fernand Cuche et Roland Debély, ministres sortants eux aussi, mais giflés avec fracas par les Neuchâtelois. Les deux hommes n’ont pas profité du bon score de leurs partis au Grand Conseil. Au contraire: ils ont cristallisé le mécontentement de la population contre le Conseil d’Etat. Ce verdict sanctionne un sentiment largement partagé. Ils manquent tous deux de l’envergure, de l’énergie et du leadership nécessaires pour assumer un mandat dans un exécutif. La timidité du PS à accorder d’emblée son soutien à Fernand Cuche pour le second tour du 26 avril illustre ce malaise.
En coulisse, les représentants du Parti libéral-radical se réjouissaient eux aussi de cet épilogue. La mise à l’écart de Roland Debély permet au parti de repartir sur de nouvelles bases. Si la droite devait rester minoritaire, ce qui est probable, les nouveaux ministres Frédéric Hainard et Claude Nicati n’auront pas la partie facile. Le dernier, en particulier, qui devrait hériter de la pétaudière hospitalière. Il devra démontrer qu’un procureur général suppléant de la Confédération peut comprendre les enjeux spécifiques de la santé. Un exercice dans lequel l’ancien banquier Debély a échoué. P.-E. B.