Leipzig 1989, au cœur d’une révolution où l’histoire bascule
Journaliste au «Temps», Stéphane Bussard était étudiant à Leipzigde septembre 1989à février 1990. Il raconte des événements qu’il a vécus de l’intérieur
«Afin d’assurer le bon fonctionnement des entreprises de la ville, nous recrutons parmi la population non active des cuisiniers, gardiens, chauffagistes…» L’annonce parue en septembre 1989 dans le journal Leipziger Volkszeitung retentit comme un appel de détresse. Depuis l’ouverture du Rideau de fer à la frontière austro-hongroise au printemps, la République démocratique allemande est saignée à blanc. Ses forces vives, des milliers d’ouvriers, jeunes pour la plupart, désertent. Lassés par la dictature. Lassés par le régime le plus doctrinaire du bloc soviétique. Lassés enfin par les problèmes économiques d’un pays qu’on a pourtant longtemps décrit comme le bon élève de l’Europe de l’Est. Depuis le soulèvement de 1953 et les nombreux départs d’Allemands de l’Est jusqu’à la construction du Mur en 1961 (3 millions de «déserteurs»), jamais la RDA n’avait connu une pareille vague d’émigration. Le phénomène est favorisé par la loi fondamentale ouest-allemande qui prévoit un Obhutspflicht, une obligation d’octroyer la nationalité à des individus d’origine allemande.
Des officiers russes, impassibles, déambulent
A la gare de Leipzig, qui s’est longtemps targuée d’être la plus grande d’Europe, le quotidien semble pourtant encore un long fleuve tranquille. Des officiers soviétiques, impassibles et engoncés dans leurs grands manteaux, déambulent dans la pénombre du hall cyclopéen de la gare. Des voyageurs partent pour Dresde, Prague ou Moscou. A la fin de septembre, malgré l’hémorragie démographique dont souffre le pays, les Leipzigois demeurent peu diserts. Dans les centres commerciaux, très peu de légumes frais, mais beaucoup de boîtes de conserve. Un comble pour un pays doté de si grandes plaines agricoles.
En dessous du glacis est-allemand, des forces sont cependant en mouvement. Depuis 1982, des opposants au régime se rassemblent tous les lundis à Nikolaikirche, au centre-ville de Leipzig, pour le Friedensgebet, la prière pour la paix. Ils appartiennent avant tout à l’Eglise évangélique luthérienne. Le slogan de l’église: «Ouverte à tous». Le 2 octobre 1989 est un lundi apparemment comme les autres. Deux jours plus tôt, le ministre ouest-allemand des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher tient un discours mémorable à l’ambassade ouest-allemande de Prague, autorisant 4000 réfugiés est-allemands à se rendre en République fédérale d’Allemagne. A Leipzig, l’armée est omniprésente. Les appareils de photo sont confisqués. Près de 5000 personnes viennent manifester. Une première. Malgré la main de fer d’Erich Honecker, les opposants osent braver les interdits de la dictature est-allemande. Le Neues Deutschland, quotidien du Parti communiste minimise l’événement, se contentant de parler de quelques «Randalierer», de fauteurs de troubles.
Les événements s’accélèrent. La tension monte. Les Allemands de l’Est continuent de fuir par milliers. Le samedi 7 octobre, la RDA est en proie à une fébrilité inquiétante. A Berlin, Mikhaïl Gorbatchev rend visite au leader est-allemand Erich Honecker pour le 40e anniversaire de la République démocratique allemande. Derrière les oripeaux d’un régime qui feint une confiance en soi, le chantre de la perestroïka donne le «baiser de la mort» au dirigeant est-allemand. On attribue à Gorbatchev ces mots qu’il prononce à Berlin devant quelques journalistes: «L’Histoire punit les retardataires.» Allusion directe au carcan doctrinaire dans lequel le pouvoir est-allemand s’est enfermé.
L’URSS de Gorbatchev, une menace pour la RDA
Paradoxalement, Erich Honecker, le stalinien, voit venir le danger davantage de l’Est que de l’Ouest. Il a toujours refusé de mener des réformes inspirées par le maître du Kremlin. Il a censuré la presse pour atténuer l’effet Gorbatchev en RDA et interdit des revues (Sputnik) et des films soviétiques diffusés librement à Moscou. Malgré cette politique d’occultation, l’impact Mikhaïl Gorbatchev sur le peuple de RDA est considérable. Le 7 octobre, des heurts éclatent à Berlin et d’autres villes du pays. A Leipzig, on craint les pires troubles. Pendant plusieurs heures, la gare est fermée. La perspective de la traditionnelle manifestation du lundi, celle du 9 octobre, crispe Berlin-Est. Parmi les bonzes du pouvoir, Egon Krenz, qui succédera à Honecker le 18 octobre, est favorable à la «solution chinoise». Quatre mois plus tôt, Pékin écrasait les manifestants de la place Tiananmen. Le gouvernement est-allemand compte s’en inspirer pour réprimer l’insurrection de Leipzig. Des chars d’assaut se mettent en ordre de bataille à proximité de la ville. Des réserves supplémentaires de plasma sont apportées dans les hôpitaux. Pour éviter le scénario à la chinoise, des négociations sont menées tout le week-end entre le gouvernement et six personnalités, dont des responsables locaux du SED (Parti communiste), le chef d’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, Kurt Masur, et le théologien Peter Zimmermann.
Leipzig, 9 octobre, moment décisif
Lundi 9 octobre. Apparente normalité. L’atmosphère n’en est pas moins électrique. A 9 heures du matin, le Neues Deutschland, organe de presse du Parti communiste, est déjà épuisé. Généralement boycotté pour ne publier que la vision qu’a le pouvoir des bienfaits du socialisme et du grand frère soviétique, le quotidien devient tout à coup un morceau d’histoire qu’on souhaite s’approprier. Une manière de conserver une part de son identité au cas où la RDA devait un jour disparaître.
A Nikolaikirche, il est 17 heures. La prière pour la paix doit commencer. Le SED et la Stasi, la police politique, ont dépêché le plus de membres possible pour tenter de miner la manifestation. Peine perdue. Entre 6000 et 8000 personnes s’installent dans le lieu de prière. Après le service religieux, près de 70 000 personnes descendent dans la rue. Le Parti communiste est débordé. Peu avant, dans l’après-midi, Kurt Masur et ses acolytes se réunissent. Ils enregistrent un message qui sera diffusé à la radio, puis par haut-parleurs dans toute la ville. Leur appel invite les Leipzigois à ne pas recourir à la violence «afin qu’un dialogue pacifique soit possible».
Le message est à peine audible. Les manifestants enchaînent les slogans: «Gorbi», «Wir sind das Volk (nous sommes le peuple)», «Wir bleiben hier (nous restons ici)», «Keine Gewalt (pas de violence)». La foule défile sur le Leipziger Ring, le boulevard circulaire. Un sentiment contradictoire bien décrit par l’écrivain Milan Kundera m’habite: la lourdeur et la légèreté de l’être. Le choix. Faut-il continuer à marcher avec la foule vers la liberté par solidarité et goût diffus du risque? Faut-il rester en marge au risque de se sentir l’âme d’un lâche? Le choix de la lourdeur prévaut. La menace est, il est vrai, différente. Contrairement à l’écrasement de la révolte de Budapest et de Prague en 1956 et 1968, Moscou n’entend plus intervenir. La doctrine Brejnev (laquelle n’a juridiquement jamais existé) de souveraineté limitée a été abandonnée par Gorbatchev. Le danger, ce sont les caciques du régime est-allemand. A quelques hectomètres de la gare, Leipzig vit le moment le plus décisif de ce qui deviendra la première révolution pacifique sur territoire allemand. Au Runde Ecke, devant le bâtiment de la Stasi, tout peut basculer. La foule s’amasse. L’armée est prête à faire feu. Des tireurs sont postés derrière des fenêtres. Par miracle, aucun incident majeur, pas de violence. Le pasteur de la Nikolaikirche parle d’un «miracle de dimension biblique». L’écrivain est-allemand Christoph Hein propose d’appeler Leipzig la «ville des héros». Noyau de l’opposition au régime est-allemand, Leipzig a beaucoup plus souffert du centralisme démocratique que Berlin-Est, qui, face à la vitrine du consumérisme occidental, a pu profiter de certaines largesses. Dans la ville saxe, au fil des décennies, die Bausubstanz, l’état des infrastructures immobilières s’est fortement détérioré. Un phénomène qui est loin d’avoir frappé la capitale de la même manière.
Les étudiants et les écrivains font leur révolution
Le tournant du 9 octobre va changer radicalement l’atmosphère. L’armée se retire dans ses casernes et les Montagsdemos vont se dérouler sans la peur de la répression. Si le bain de sang a été évité, tout reste à faire. Survoltés, les étudiants de l’Université Karl-Marx prennent les devants. Dans la Moritzbastei, une gigantesque cave au pied de l’alma mater, ils fomentent la poursuite de la révolution. Débats sur débats: comment réformer la RDA? Que faut-il conserver? Question difficile. L’identité est-allemande est fragile. Tellement fragile qu’Erich Honecker s’était même senti obligé de réhabiliter des personnalités comme Martin Luther, Bismarck voire même Wagner pour tenter de créer un nationalisme est-allemand. La RDA s’est aussi construite en anti-modèle de l’ennemi héréditaire, la RFA. Les propos sont vifs, l’écoute parfois difficile. Mais l’exercice démocratique est vécu comme un exercice inédit, une délivrance.
Le monde estudiantin n’est pas le seul à se mobiliser. Les écrivains aussi. Christa Wolf tient une conférence mémorable à l’Université. Les amphithéâtres sont bondés. Les propos de l’écrivaine sont retransmis dans plusieurs salles. Christa Wolf parle de poésie, mais s’exprime aussi sur l’actualité. Les auditeurs boivent ses paroles. Comme si, en tant qu’auteure, elle avait le recul nécessaire pour tracer la voie à suivre. En 2007, le film «La vie des autres» montrera pourtant la position parfois ambiguë des artistes. Christa Wolf n’échappera pas à cette interrogation. «Imagine que c’est le socialisme et que personne ne parte», raconte l’écrivaine qui croit en une réforme socialiste de la RDA. Christoph Hein a autant de succès. Lors de sa conférence, il fustige le kitsch du gouvernement est-allemand et ses éternelles antiennes «pour le bien du peuple». Il le reconnaît: «Le socialisme de RDA doit se distancier du stalinisme.» Dans un autre contexte, l’auteur Stefan Heym aura cette phrase définitive: «Le socialisme est la seule raison d’être de la RDA.»
Une société gangrenée par les privilèges
Le 29 octobre, au Semperoper, le prestigieux opéra de Dresde, les chanteurs viennent d’achever 4 heures et demie de spectacle – Tannhaüser de Wagner – sous les applaudissements. En revenant sur scène, ils demandent soudain au public le silence. «Nous devons rendre irréversible le mouvement qui s’est mis en branle.» Standing ovation d’une demi-heure.
A Leipzig, le quotidien devient très incertain. Dans les austères Milchbar (cafés à la mode est-allemande), les serveurs n’ont toujours pas intégré le changement. Impossible pour un groupe de déplacer des tables. Les Moscovites, eux, ont vite compris le bénéfice à tirer de la confusion. Chaque semaine, ils nous informent des cabines de téléphone qui permettent de téléphoner dans le monde entier… gratuitement. D’autres vivent moins bien les turbulences. Un matin, une professeure de littérature commence son cours à l’Université Karl-Marx avant de s’effondrer en larmes. Elle avait cru au système. Mais ce jour-là, on lui apprend qu’Erich Honecker et sa clique disposaient de terrains de loisir et de chasse réservés à leur seul usage sur l’île de Rügen, dans la mer du Nord. Un monde s’écroule. L’affaire met en lumière une société de privilèges. Les hauts dignitaires du régime et quelques professeurs d’université ont droit à des appartements de luxe. Pour accéder à certaines facultés sensibles, la carte des jeunesses communistes est indispensable. Les clivages sociaux se remarquent même dans le trafic: les privilégiés disposent d’une voiture de plus grand standing, une Wartburg ou une Volga, les ouvriers d’une Trabant. Les premiers obtiennent leur véhicule rapidement. Les seconds attendent jusqu’à dix ans.
«C’est la fin de la Guerre froide!»
Egon Krenz, promu secrétaire général du Comité central du SED le 18 octobre, croit encore en l’avenir de la RDA. Le 9 novembre, Neues Deutschland consacre quatre pleines pages à sa vision: «En RDA, nouveau départ de la société vers un socialisme rénové.» Le texte, dense, est un formidable traité théorique qui dénote toutefois un déni de réalité. Le 9 novembre au soir, le porte-parole du Bureau politique, Günter Schabowski, commet ce que d’aucuns appelleront une «erreur historique». En expliquant lors d’une conférence de presse les réflexions du gouvernement, il est soudain interpellé par un journaliste italien qui lui demande quand la nouvelle législation sur les voyages, notamment en direction de l’Occident, entre en vigueur. Symbole d’un régime aux abois, désorienté, Schabowski, qui ne connaît pas les détails de la loi, bafouille une réponse: «Sofort, unverzüglich (tout de suite)».
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Les Berlinois se précipitent au mur. A Leipzig, la télévision annonce la nouvelle. Au foyer universitaire de la Gerberstrasse, près de la gare, les étudiants étrangers sont euphoriques: «La Guerre froide est finie! L’Europe est réunifiée.» Saturés par la rhétorique vide du régime, les étudiants est-allemands restent dubitatifs. Ils n’y croient pas. Face à leur scepticisme, des doutes se font jour: «Ont-ils collaboré avec la Stasi pour nous surveiller?» Ces doutes oubliés, nous sautons dans le premier train pour Berlin-Est, à 6 heures 30, vendredi matin.
A Potsdamer Platz, une brèche est ouverte le 10 novembre dans le mur blanc de Berlin-Est. L’endroit, mythique dans l’Histoire de l’Allemagne, a été un no man’s land pendant des décennies. Les files d’attente sont déjà gigantesques. Jeunes et moins jeunes ont tous le sourire. Ils passent pour la plupart pour la première fois «drüben», en Occident. Leur joie est telle qu’ils confient sans arrière-pensée les sentiments qui les parcourent en cet instant encore inimaginable 24 heures plus tôt. Trois officiers, deux Américains et un Russe, échangent leurs pensées. La Guerre froide a vécu. A Friedrichstrasse et à quelque dix autres postes frontières, des milliers d’Allemands de l’Est prennent leur mal en patience pour faire le grand saut à Berlin-Ouest, la vitrine exagérée de la société de consommation. Tout au long du week-end, 4,3 millions de citoyens de RDA ont passé leurs premières heures à l’Ouest. Quand ils reviennent en RDA, ils portent tous des sacs en plastique, un signe distinctif inexistant en RDA. A la gare berlinoise de Schönefeld, après l’euphorie, l’hystérie. Après l’Ouest, retour à l’Est. Les trains sont bondés. Le trajet Berlin-Leipzig prendra 7 heures au lieu des deux heures trente habituelles.
Maintien de la RDA contre réunification: le dialogue impossible
Après ces heures mémorables, la réalité du pays s’impose à nouveau avec brutalité: que faut-il faire de la RDA? Dans mon foyer d’étudiants de la Gerberstrasse, deux attitudes chez les Allemands de l’Est. Franz, originaire de Dresde, 24 ans, regarde l’enthousiasme consumériste de ses concitoyens avec un certain dédain. Peter, de Karl-Marx Stadt, même âge, piaffe d’impatience pour aller à la conquête de l’Ouest. Des tracts distribués dans la rue appellent à ne plus manifester. Malgré cela, des centaines de milliers de citoyens de Leipzig vont continuer à défiler dans la rue et à protester sur Karl-Marx Platz. Formatés par la dictature, les manifestants n’ont toutefois pas l’habitude de dialoguer. Les échanges tendent à tourner à la foire d’empoigne. Le SED est le réceptacle de toute la haine accumulée: perchés sur le balcon de l’opéra de Leipzig, face à une meute de plusieurs centaines de milliers de manifestants qui occupent Karl-Marx Platz chaque lundi, les orateurs ne peuvent pas se permettre de prononcer un discours sans démolir le Parti communiste. Les partisans d’une réunification immédiate des deux Allemagne et les défenseurs d’une RDA nouvelle s’affrontent violemment. Les forces qui ont permis la révolution pacifique en RDA, le Neues Forum et le Demokratischer Aufbruch sont dépités. Ils font part de leurs doutes quant à une réunification immédiate synonyme d’annexion.
Plaidoyer de Willy Brandt
Une partie des Allemands de l’Est sont convaincus que leur pays a des «acquis» à faire valoir. La culture en RDA est un phénomène considérable. Tout le monde peut se rendre à l’opéra ou à un concert classique pour une bouchée de pain. Les salles de concert sont combles et les spectateurs proviennent de milieux très divers. Parmi d’autres acquis souvent mentionnés: les bas loyers et le prix des denrées alimentaires. En automne 1989, dix petits pains coûtaient 1 mark est-allemand, un litre de lait 25 centimes de mark. Ces arguments semblent toutefois peu peser face aux tares de la RDA. Dans le domaine environnemental par exemple, le pays est dévasté. A Leipzig, en novembre, la visibilité au centre-ville est de cinq mètres en raison des fortes émanations de lignite en provenance d’une industrie obsolète.
La crise identitaire des citoyens est-allemands est accentuée par le début de la campagne pour les premières élections démocratiques de mars 1990. Dans la rue, des banderoles créées en RFA font leur apparition. C’est notamment le cas des Republikaner, parti d’extrême droite qui vient déjà tester l’héritage antifasciste de la RDA. Créé au début d’octobre 1989, le Parti social-démocrate SPD tient un meeting électoral en février à Leipzig, dans la froideur d’un stade de périphérie. Willy Brandt, chantre de l’Ostpolitik, la politique d’ouverture envers le bloc de l’Est durant la Guerre froide, est présent. Devant 70 000 Leipzigois, il invite les Allemands de l’Est à ne plus quitter le pays. Pour lui, il est hors de question pour la République fédérale d’Allemagne d’«annexer» la RDA. Il milite néanmoins pour une réunification en tenant ses propos désormais célèbres: «Es wächst zusammen, was zusammengehört (doit grandir ensemble ce qui fait partie du même ensemble).»
La révolution après le travail
La RDA 1989: dans son livre La Grande Secousse, Anne-Marie Le Gloannec décrit bien ce grand moment d’Histoire: «Ce fut une révolution de la solidarité, de la chaleur, une révolution ordonnée et tranquille – la révolution après le travail – où les cierges et la méditation eurent leur part – un peu comme si les Allemands de l’Est revenaient à eux […], puisant leur identité dans ce qui, jusqu’à présent, leur avait donné sens et confiance, le protestantisme, et dans ce qui justifiait l’existence même de la RDA, le socialisme.» Quant aux deux étudiants est-allemands de la Gerberstrasse, leur destin est à l’image de l’ex-RDA. Franz est aujourd’hui un interprète à succès. Il est demandé dans toute l’Allemagne. Il vote pour les libéraux du FDP. Peter, lui, a perdu de son enthousiasme. Errant d’un boulot à l’autre, il traîne désormais son existence au chômage.