Peut-on passer une bonne journée sans méditer? Est-il grave de manger de la junk food ou de ne pas faire de sport? Peut-on être heureux sans chercher à devenir la meilleure version de soi-même? Un jour, ces questions deviendront peut-être universelles. Un jour, elles seront peut-être au programme du bac de philo. Ce jour approche.
Depuis la pandémie de Covid-19, on n’a jamais autant parlé de bien-être. Il faut dire qu’en deux ans d’isolement et de solitude, nous avons eu le temps de réfléchir à nos vies. De jauger l’absurdité du quotidien, ce rouleau compresseur qui pulvérise le temps pour soi et les aspirations profondes. Pour s’y reconnecter, certaines personnes se sont tournées vers la nature, les pratiques spirituelles, la sagesse nutritionnelle ou, comme le suggère le dossier de ce magazine (lire page 54), le tourisme du wellness, qui connaît une inflation sans précédent. Dans ces temples du bien-être que sont les spas, on voit même apparaître des menus de soins pour enfants et, avec eux, le souci de soi comme impératif pédagogique.
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Pas de mal à se faire du bien, évidemment. Mais cette course au bien-être nous rapproche-t-elle réellement du bonheur? Ou sommes-nous simplement en train de troquer certaines injonctions professionnelles et sociales contre celles d’une bonne hygiène de vie? La performance de l’esprit contre celle, plus esthétisante, du corps? Et quid des personnes qui refusent de s’y plier? En attendant de répondre pleinement à ces questions, songeons que le bien-être constitue certainement une façon d’expérimenter le monde, mais qu’il ne doit pas devenir une fin en soi, ni un nouvel impératif moral. Il fait partie de cette grande boîte à outils qui aide à naviguer dans l’existence. Un grand bain de bulles dont il ne faudrait pas oublier de sortir.