Les esprits
AbonnéLe promoteur François Moser ne croit pas aux revenants, mais fait le nécessaire pour les ménager. Un point de vue que la science réfute mais que la philosophie entend

L’histoire commence au tournant du millénaire. A Genève, un complexe immobilier fraîchement rénové, situé à Grange-Canal et qui, selon ses promoteurs, «a tous les atouts pour plaire», ne trouve ni locataire ni acquéreur. Voilà près d’une année que ses investisseurs désespèrent. Parmi eux, François Moser, fondateur et associé de la régie Moser-Vernet & Cie, ainsi qu’une femme que nous appellerons ici Simone*.
Avocate de formation, Simone se fait masser tous les lundis à 17h par un physiothérapeute très couru, dont le carnet d’adresses est aussi garni qu’hétéroclite. Fatigué d’entendre sa cliente se plaindre tous les lundis à la même heure de «ce complexe qui ne se vend pas», il finit par la mettre sous pression. «Si vous n’appelez pas Eugène Herrero, je ne reviendrai plus vous masser.» Outrée par cette perspective, Simone saisit son Blackberry et prend immédiatement rendez-vous avec Monsieur Herrero, géobiologue et bioénergéticien de son état, dont alors elle ignore tout.