Tête de course, la belle étape nyonnaise

Scène cocasse. Un mécanicien, couvert d’un tablier, traverse la salle de restauration avec un vélo de route à bout de bras. Il guide la machine rutilante au milieu des tables en prenant le soin d’éviter un imposant canapé capitonné, dans un mouvement digne d’un serveur chevronné, avant de disparaître dans un coin.

«On dispose d’un espace de stockage au sous-sol avec une quinzaine de cycles en attente», sourit Philipp Kneubühler, ancien de la direction des équipes de football et de hockey du Servette de Genève. L’homme est l’heureux propriétaire de Tête de course, un café-restaurant installé dans un ancien garage automobile du centre de Nyon. Depuis son ouverture en janvier, l’huile de vidange a cédé sa place aux accessoires de cyclisme, de la guidoline au dérailleur.

Le lieu accueille les baroudeurs du coin pour une réparation rapide de leur vélo, le temps de siroter un expresso, ou pour un diagnostic complet, le temps de savourer un plat équilibré. L’atelier est tenu par un mécanicien habitué des équipes professionnelles, tout pour mettre en confiance le client attentif à l’allure de sa bicyclette.

«Avec ce projet, j’ai voulu matérialiser une pensée, proposer un camp de base pour les expéditions à vélo», raconte son fondateur, t-shirt à l’effigie de son enseigne sur le dos. En cette période de crise sanitaire où seule sa terrasse est ouverte, le propriétaire pousse les murs pour faire vivre les lieux. Son équipe va jusqu’à proposer des sorties dans la campagne vaudoise, avec une allure adaptée au niveau des participants, qui doivent tout de même faire preuve d’une certaine endurance pour suivre le rythme du peloton.

L’adresse constitue un camp de base pour les amoureux de la petite reine, mais elle ne se contente pas de bichonner cette communauté sportive et enthousiaste, qui aura la surprise de découvrir un pédalier à la place du classique porte-papier-toilette dans les sanitaires.

Cette attention portée au détail amuse également la clientèle néophyte, car le grand public est évidemment le bienvenu dans ce café-restaurant. Il vient pour commander un café, une salade ou une part de cake aux carottes, salué pour sa légèreté, en jetant un œil au vélo du champion du monde de cyclisme Cadel Evans, accroché au mur, avant de reprendre la route. «Le monde change, souligne Philipp Kneubühler. Si l’on donne envie aux gens de monter sur un vélo, tant mieux.»