L'immigration allemande freine un peu l'usage du schwyzerdütsch
LANGUE
Le hochdeutsch est loin de triompher au travail, mais chacun fait sa part d'efforts.
Toujours plus nombreux à s'installer en Suisse alémanique, spécialement dans le canton de Zurich, les Allemands s'insèrent sur le marché du travail helvétique le plus souvent sans aucune connaissance du dialecte. Sans l'exagérer, un choc des langues a bel et bien lieu. Face à un Allemand, le Suisse alémanique commence par faire un effort et s'exprime en hochdeutsch, «par politesse», souligne Helen Christen. Professeure de germanistique à l'Université de Fribourg, elle a mené une recherche sur cette confrontation sur le terrain des langues. «Les Suisses indiquent qu'ils utilisent davantage le hochdeutsch sur leur lieu de travail», confirme-t-elle. Mais c'est «un sursis» accordé aux nouveaux venus. «Les Suisses attendent que les Allemands s'assimilent pour être en mesure de comprendre le dialecte.» Et l'universitaire de prier les Romands «de ne pas se faire d'illusions»: les Alémaniques peuvent dévier de l'usage du dialecte, «mais cela reste l'exception».
Vécu au quotidien, ce choc entre hochdeutsch et schwyzerdütsch réserve parfois des surprises. Dans l'ensemble, le décalage linguistique est plutôt bien vécu. Les irritations spontanées exprimées ici et là ne doivent pas dissiper l'essentiel: les Allemands s'adaptent vite. D'ailleurs les écoles de langues jubilent devant la forte demande de cours de dialecte. Et dans les plus grandes compagnies, l'anglais met tout le monde d'accord.