Les minidrones multi-usages développés par SenseFly bientôt prêts à décoller
Robotique La start-up vaudoise prévoit d’ici à une année de mettre sur le marché ses petits avions. Bon marché et autonomes, ils pourront surveiller des édifices, mesurer la qualité de l’air ou explorer des lieux où le GPS n’est pas disponible
Un petit engin, pas plus grand qu’un oiseau, tourne en rond quelques mètres au-dessus des bureaux de SenseFly à Ecublens. Le bruit du moteur est à peine audible. «Avant de rentrer chez moi, le soir, il m’arrive parfois d’envoyer un de ces petits avions par la fenêtre. Il se pose sur mon balcon dès mon retour à la maison», explique Jean-Christophe Zufferey, son concepteur.
L’objet volant en mousse souple sera commercialisé dans le courant du mois. Il suffit de le sortir de son carton d’emballage, d’insérer la batterie et d’appuyer sur le bouton «on». «Il cherche automatiquement ses coordonnées GPS», souligne Jean-Christophe Zufferey en tenant le minidrone de 500 grammes qui ressemble à s’y méprendre à un jouet d’enfant. Après quelques secondes, l’avion indique qu’il est prêt à décoller. Son concepteur le secoue trois fois. «Ce mouvement lui donne l’ordre de s’envoler». Et, aussitôt, le moteur électrique se met en marche et l’hélice tourne à vive allure. «Il suffit de le lâcher mais de préférence dans un champ pour qu’il évite les obstacles avoisinant», explique le fondateur de SenseFly. Sans plan de vol, l’engin tourne en rond à 100 mètres au-dessus de notre tête et revient se poser à son point de départ après une minute.
Pour l’instant, l’avion n’a pas encore de perception de son environnement. Mais cela ne saurait tarder. D’ici à une année environ, la start-up prévoit de mettre sur le marché des minidrones «bio-inspirés». Bon marché et totalement autonomes, ils pourront remplir toutes sortes de mission: surveillance d’un édifice, mesure de la qualité de l’air, monitoring d’incendie, exploration de lieux où le GPS n’est pas disponible.
Les modèles bio-inspirés pourront éviter les obstacles à l’exemple des insectes. Jean-Christophe Zufferey a déjà construit des robots volants autonomes, de 30 centimètres pour seulement 10 grammes. Ceux-ci ne possèdent ni GPS, ni radar, ni altimètre. Le chercheur issu du Laboratoire des systèmes intelligents de l’EPFL a conçu un algorithme imitant le traitement des informations chez la mouche. Celui-ci a été intégré dans un microprocesseur embarqué dans un petit avion qui possède deux caméras à basse résolution qui imitent les yeux à facettes des insectes permettant d’avoir un champ de vision à 360 degrés. Ce modèle d’avion ne peut pour l’instant voler que quelques minutes dans un espace intérieur de la taille d’un bureau.
En revanche, l’avion «extérieur» de SenseFly, qui sera commercialisé au prix de 5000 francs, peut suivre n’importe quel chemin sur quarante kilomètres. Son autonomie est d’une heure. Puis, la batterie en lithium polymère doit être rechargée. Possédant un autopilote, un GPS, un circuit électronique, un accéléromètre et des capteurs de pression, de vitesse et d’altitude, il est également équipé d’un gyroscope – pour mesurer sa vitesse de rotation – et d’un modem radio pour communiquer et être reprogrammé en l’air. «Il est possible d’y ajouter une caméra, un appareil photo ou différents capteurs», explique Antoine Beyeler, responsable de la recherche et du développement. Ils peuvent voler à très basse altitude et ne constituent pas un danger pour la population, étant donné leur faible poids. Une fois, un oiseau a tenté une manœuvre d’intimidation envers son congénère artificiel mais généralement ceux-ci l’évitent.»
SenseFly, qui a bénéficié d’un prêt de 100 000 francs de la Fondation pour l’innovation technologique, est actuellement mandaté par Météo Suisse pour confronter son avion au Lidar, un instrument qui projette un rayon laser vertical dans le ciel, jusqu’à une altitude de 10 kilomètres. Ce dernier mesure la lumière renvoyée par les différentes couches de l’atmosphère pour en déduire des profils de température et de vapeur d’eau et détecter des particules fines. «Il est prévu que notre avion effectue également toute une série de mesures le long du laser. Les données pourront être confrontées au Lidar», explique-t-il. Pour l’instant, les chercheurs et les universités constituent les principaux clients de SenseFly. Bientôt, la start-up espère compter également des collectivités publiques et des sociétés qui commercialisent des capteurs en tout genre.