13 décembre, l’autre bataille
Second Tour
La participation sera l'arbitre ultime du second tour. Le PS pourrait s'en tirer mieux que prévu

«Il n’y a qu’une seule manière de s’imposer au second tour: faire le plein des voix dans son camp, et rallier en plus les abstentionnistes du premier tour (49,5%)». Cette remarque de bon sens du politologue français Pascal Perrineau convient parfaitement au scrutin du 13 décembre, à l’issue duquel le Front national (FN) saura, ou non, s’il accède aux commandes d’une ou plusieurs régions.
Prouver que le FN peut encore être contenu grâce à un «sursaut républicain» sera en effet, cette semaine, la priorité du Parti socialiste et du parti Les Républicains (LR) emmené par Nicolas Sarkozy. Deux formations assurées de se retrouver en position d’accusé si l’extrême-droite devait, la semaine prochaine, accéder pour la première fois à la tête d’un exécutif autre que communal, imposant du même coup un tripartisme dans l’exercice du pouvoir après celui des urnes. Avec 28,4%% des voix, devant les 27,33% de l’alliance LR-UDI (centristes) et les 23,26% du PS, le FN a confirmé dimanche son rang de premier parti de France.
Pour la première fois de son histoire, il est en position de se maintenir dans les treize régions métropolitaines, y compris en Corse où il obtient, à 10,58%, son score le plus bas. Partout, le parti de Marine Le Pen sera donc l’ennemi, soit parce qu’il peut gagner (en Nord-Pas de Calais-Picardie, Alsace-Lorraine-Champagne Ardennes et Provence Alpes Côte d’Azur), soit parce qu’il aborde la triangulaire en tête (Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Languedoc-Roussillon), soit parce qu’il peut faire perdre ses adversaires (dans toutes les autres régions). La leçon est claire: tout, dimanche, tournera autour du Front.
Dans ce contexte, le «sursaut républicain» risque, en plus, de ne pas aller de soi. Difficile, par exemple, d’imaginer que les électeurs de gauche se mobiliseront en masse pour voter LR dans les deux régions (Nord et PACA) où le PS a choisi de se désister, sans contrepartie de la droite. Difficile, aussi, de croire que cette dernière dispose d’importants réservoirs de voix, alors qu’une partie de ses électeurs est tentée par le FN, et que les souverainistes de «Debout la France» (Nicolas Dupont-Aignan) en sont très proches.
Résultat arithmétique: le PS apparaît paradoxalement mieux placé que «Les Républicains» puisqu’il peut espérer l’emporter dans six régions. Après avoir imposé sa ligne «Ni PS, Ni FN», Nicolas Sarkozy doit donc se jeter dans la bataille de l’entre-deux tours, pour renverser cette dynamique problématique, assurée de gâcher sa belle victoire aux départementales de mars 2015. Son grand rival Alain Juppé l’a d’ailleurs prévenu, en réclamant, lundi, l’ouverture d’un débat après le second tour.