En 2015, le Palais des Nations à Genève a accueilli plus de négociations, plus chefs d’État, plus de ministres, plus de réunions, plus de visiteurs que jamais auparavant, expliquait mardi son directeur général, le Danois Michael Møller. Normal: les Nations unies et leur siège européen sont au cœur de la tourmente mondiale. Et, la multiplication des crises aidant, cette effervescence devrait s’amplifier l’an prochain.

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Dès le mois de janvier, la Cité de Calvin hébergera la reprise des négociations sur la Syrie selon une feuille de route fixée par une résolution de l’ONU. Tout reste à faire. Après les communiqués de Genève I (2012) et Genève II (2014) qui fixaient les termes d’une transition politique, l’espoir est d’aboutir à un Genève III qui produise un véritable cessez-le-feu d’ici le mois de juin. La mission paraît insurmontable face à l’obstacle de l’État islamique, exclu des discussions, et au sort réservé à Bachar al-Assad qui divise toujours autant. Mais n’en disait-on pas autant d’un accord sur le nucléaire iranien – négocié dans un premier temps en Suisse – avant qu’il ne se réalise?

Au même moment, les discussions devraient s’intensifier pour ramener un semblant d’ordre au Yémen et en Libye. Les émissaires de l’ONU chargés de ces dossiers, dont les secrétariats sont aussi basés à Genève, ne seront pas moins actifs. Cela promet une valse de réunions dans ou hors des murs du Palais des Nations, un endroit parfois trop grand et trop couru pour assurer l’isolement nécessaire à ces palabres. Peu importe, la Suisse regorge de discrètes retraites pour ce type de rencontre, à l’exemple de Macolin. Mais, une fois de plus, un déraillement menace à chaque instant.

Il n’y a pas que la résolution de conflit qui placera Genève sur le front de l’actualité en 2016. La question migratoire et des réfugiés, un problème non pas européen mais mondial, est d’ores et déjà un thème politique majeur. Là encore, les principales organisations internationales actives dans ce domaine, et les ONG qui relayent les voix de la société civile, sont basées à Genève. C’est aussi depuis là que le combat contre la tentative du repli populiste doit être mené.

On pourrait allonger la liste des crises et des organisations-pompiers. Ces soubresauts du monde ont pour effet mécanique de renforcer la Genève internationale dont les atouts sont reconnus: neutralité, infrastructures et tradition d’accueil, sécurité. Dans un monde où le ciel s’assombrit, ce sont des biens précieux qui demandent encore à être reconnus par une plus vaste tranche de la population car la concurrence pour occuper ce créneau sera de plus en plus rude. Ne l’oublions pas: la présence de l’ONU sur son sol, c’est aussi ce qui distingue la Suisse.