280 personnes sont sous assistance respiratoire en Suisse, l'Espagne se bloque: les nouvelles du 28 mars
épidémie
L'Office fédéral de la santé publique assure que les services d'urgence ne sont pas saturés. La France a commandé un milliard de masques. L'Espagne arrête presque tout l'appareil économique. Retrouvez notre suivi de la journée du samedi 28 mars

L'essentiel
Ce samedi, plus de trois milliards de personnes ont vécu un nouveau week-end de confinement à travers le monde.
L'Italie a dépassé les 10 000 morts, avec 889 comptabilisés en 24 heures, a annoncé samedi la Protection civile. Avec 10 023 décès, la péninsule est le pays le plus endeuillé au monde par cette pandémie.
En Suisse, 750 000 personnes sont au chômage partiel, a indiqué ce samedi le Secrétariat d'Etat à l'économie.
Retrouvez les actualités de vendredi.
■ Après l'Italie, l'Espagne se met en quasi-arrêt complet
L'Espagne, deuxième pays comptant le plus de morts du Covid-19 dans le monde, va mettre à l'arrêt toute ses activités économiques «non essentielles» durant deux semaines afin de lutter contre le coronavirus, a annoncé samedi le chef du gouvernement Pedro Sanchez, relayé par l'AFP.
«Tous les salariés des activités non essentielles devront rester chez eux durant les deux prochaines semaines», a déclaré Pedro Sanchez, suivant ainsi l'exemple de l'Italie, pays le plus touché dans le monde par la pandémie.
■ La France a commandé un milliard de masques
La France a commandé «plus d'un milliard» de masques notamment à la Chine pour faire face à l'épidémie de Covid-19, a indiqué samedi le ministre de la Santé, Olivier Véran.
🔴 LIVE | Les Français se posent de nombreuses questions, nous leur devons la transparence. C’est ce à quoi nous nous appliquons avec @EPhilippePM. Suivez en direct notre point de situation complet sur la stratégie de la France pour faire face au #COVID19.https://t.co/sBPE6XsNA2
— Olivier Véran (@olivierveran) March 28, 2020
«Un pont aérien étroit et intensif entre la France et la Chine a été mis en place de manière à faciliter les entrées des masques sur notre territoire», a déclaré le ministre au cours d'une conférence de presse.
Le ministre a ajouté que «la France a passé une commande pour 5 millions de tests rapides qui (...) permettront d'augmenter nos capacités de dépistage de l'ordre de 30 000 tests supplémentaires par jour au mois d'avril, 60 000 au mois de mai et plus de 100 000 tests par jour au mois de juin».
Enfin, la France veut passer à une capacité de 14 000 lits sous assistance respiratoire, contre 10 000 actuellement et 5000 en temps normal.
■ L'Argovie accueille deux patients d'Alsace
Le canton d'Argovie prend en charge deux patients alsaciens gravement atteints par le Covid-19. Les deux patients sont arrivés samedi par hélicoptère de Colmar à l'hôpital cantonal d'Aarau, a indiqué la chancellerie. Tous deux doivent être intubés et nécessitent vraisemblablement plusieurs jours de soins intensifs.
Le canton d'Argovie se dit prêt à accueillir également des patients du Tessin, durement touché par le coronavirus. Le service médical argovien va identifier des patients avec le médecin cantonal tessinois et les faire transporter en Argovie.
■ L'Office fédéral de la santé publique a fait un point
Près de 280 personnes sont sous assistance respiratoire en Suisse, selon Daniel Koch, responsable des maladies transmissibles à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). «Ce qui est beaucoup pour la Suisse», souligne-t-il.
Les services d'urgence ne sont pas saturés, selon lui. Mais il appelle vivement les Suisses à continuer à se soumettre aux règles d'hygiène et de comportements proposées par Berne, l'objectif étant que le moins de monde possible ait besoin de ces soins.
Au total, 13 213 cas ont été testés positifs. C'est 1052 de plus que vendredi. Et au moins 235 personnes sont décédées des suites de la maladie. Il s'agit principalement de personnes âgées ou faisant partie des groupes à risque. Souvent elles n'ont même pas été envoyées en soins intensifs, car elles avaient déclaré à l'avance ne pas vouloir être réanimées.
Les rapatriements de ressortissants suisses bloqués à l'étranger se poursuivent. Des avions doivent arriver en Suisse dimanche en provenance d'Alger et du Chili, a indiqué Johannes Matyassi, chef de la division consulaire du DFAE.
D'autres vols sont prévus dans les prochains jours. Concernant le Pérou, un convoi de bus est prévu de la ville touristique de Cuzco vers la capitale Lima, avant de permettre aux Suisses de rentrer au pays. Le vol est prévu mardi.
La Confédération organise également un vol interne au Népal. Il permettra de ramener des Suisses, mais également des ressortissants d'autres pays.
Daniel Koch confirme qu'il n'y a aucune pénurie de médicament dans le pays. Un groupe vient d'être mis en place pour générer des échanges entre les hôpitaux si nécessaire.
Les nouveaux tests, qui vont commencer à arriver en Suisse dès la semaine prochaine, permettront d'en savoir plus sur l'immunité de la population. Ils ne vont pas être utilisés pour un diagnostic, mais pour voir si quelqu'un a déjà eu la maladie. Dans ce sens ils vont certainement être utilisés largement.
Christian Bock, directeur de l'Administration fédérale des douanes (AFD) rappelle que les Suisses sont uniquement autorisés à passer les frontières pour des raisons professionnelles. L'armée vient maintenant aider les douanes, car toutes les personnes qui passent doivent être contrôlées.
L'armée suisse a prolongé certains cours de répétition jusqu'au 30 juin en raison de l'épidémie de coronavirus. Environ 3000 militaires resteront ainsi en service trois mois au lieu de trois semaines.
Cette décision concerne toutes les formations de cours de répétition des troupes sanitaires. A savoir les quatre bataillons hôpitaux, les huit compagnies sanitaires et les soldats en service long sanitaire.
Actuellement, 750 000 personnes en Suisse sont au chômage partiel, soit 15% de la population active, a annoncé la directrice du Secrétariat d'Etat à l'économie Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch. Les secteurs de la gastronomie et de l'hôtellerie, la culture, les transports et le commerce sont les plus concernés. Au Tessin, 39% de la population active est concernée par les heures de travail réduites.
Sur le front des blocages de matériel de secours par d'autres pays, la situation s'est détendue. Il n'y a ainsi plus de problèmes avec l'Allemagne et le matériel sera livré sous peu. Avec la France et l'Italie, des solutions partielles ont été trouvées. Les masques bloqués par la France ont été en partie libérés.
Voir ou revoir la conférence de presse:
■ Le transfert de patients s'accélère en France
Dans le cadre de l'opération Résilience, lancée par Emmanuel Macron, la plus importante évacuation sanitaire de patients est mise en œuvre ce week-end sur le territoire français.
Au total, elle concerne une quarantaine de patients qui doivent être transférés du Grand Est vers la Nouvelle-Aquitaine, selon l'Agence régionale de santé (ARS) de cette dernière région.
Quatre malades sont attendus samedi dans des hôpitaux de Poitiers et Limoges, et dimanche, 36 autres arriveront à bord de deux TGV médicalisés, pour être répartis dans une petite dizaine de villes.
Selon le dernier bilan officiel vendredi soir, l'épidémie a fait 1.995 morts rien que dans les hôpitaux, dont près de 300 au cours des dernières 24 heures, et conduit 3.787 patients en réanimation (+412).
■ En Europe, la criminalité s'adapte à la pandémie
Le confinement des habitants chez eux fait chuter le nombre de cambriolages, les couvre-feux coupent l'herbe sous le pied des voleurs à la tire et le trafic de drogue international est contrarié par la fermeture des frontières, ce qui crée des tensions chez les dealers et entraîne des pénuries.
Le revers de la médaille, c'est une explosion dans d'autres secteurs de l'économie souterraine, une montée d'un nouveau type d'escroqueries et de cybercriminalité liées à la pandémie.
Partout en Europe, le nombre de fraudes en ligne explose. Elles concernent entre autres la vente fictive de fournitures médicales type masques ou gels hydro-alcoolique. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) lance un avertissement concernant une forte augmentation du hameçonnage par courriel («phishing») et d'escroqueries utilisant le nom de l'institution pour tenter de dérober de l'argent et des informations sensibles.
La pandémie conduit aussi à une augmentation de l'activité des pédophiles en ligne.
Plus au sud, en Italie, certains craignent que les petits entrepreneurs à court d'argent se tournent vers la mafia pour sauver leurs activités.
■ Un vaccin sera nécessaire, selon Alain Berset
Le ministre de la santé Alain Berset estime dans la presse qu'il faudra un vaccin pour venir à bout de la crise sanitaire. Elle «ne sera pas finie à la mi-mai», avertit-il.
«Il serait faux de croire que cette vague épidémique va nous frapper, puis passer et disparaître», déclare le chef du Département fédéral de l'intérieur dans un entretien diffusé par La Liberté et ses journaux partenaires. «Les spécialistes disent que le virus va rester. Il faut les écouter. Nous devrons développer un vaccin», ajoute-t-il, soulignant que cela allait prendre du temps.
■ Les humains sont confinés, la nature reprend ses droits
Les habitants des grandes villes redécouvrent avec bonheur le gazouillis des oiseaux. Des sangliers ont été aperçus à Barcelone, un jeune puma s'est aventuré dans les rues de Santiago du Chili, des dauphins se rassemblent en Méditerranée...
Avec la baisse brutale de la présence humaine, les animaux sauvages urbains «ont quartier libre pour circuler dans les villes», commente à l'AFP Romain Julliard, directeur de recherche au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris.
Certains oiseaux, d'habitude discrets en ville, «s'arrêtent de chanter quand il y a du bruit. A présent ils arrêtent de s'arrêter. Les animaux sont dépollués du bruit humain», résume Jérôme Sueur, spécialiste de l'acoustique au MNHN.
A la campagne et à la mer aussi, la faune sauvage pourrait mieux se porter. Dans le parc national des calanques, non loin de Marseille, fermé aux promeneurs et aux plaisanciers, «la nature et les espèces retrouvent leurs espaces naturels à une vitesse qui nous surprend», indique son président Didier Réault.
Pour le scientifique Romain Julliard, «le phénomène le plus important est peut-être que notre attention à la nature change: les personnes confinées réalisent à quel point la nature leur manque».
■ L'UE et les USA jugent urgent de renforcer la coopération internationale
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) et son homologue américain ont discuté de «la nécessité pressante de renforcer la coopération internationale» pour lutter contre la pandémie de coronavirus, selon un communiqué de l'UE.
Dans un entretien téléphonique vendredi, l'Espagnol Josep Borrell (qui parle au nom des 27 de l'UE) et l'Américain Mike Pompeo ont également convenu qu'il fallait accroître rapidement l'aide humanitaire à des fins médicales aux pays les plus vulnérables.
■ Les enquêteurs de l'ONU demandent un cessez-le-feu en Syrie
Afin d'«éviter d'aggraver la catastrophe» au moment où les premiers cas de personnes infectées apparaissent, les enquêteurs de l'ONU pour la Syrie appellent au cessez-le-feu.
La guerre en Syrie, qui a fait plus de 380.000 morts, a considérablement affaibli le système de santé. Seuls 64% des hôpitaux et 52% des centres de soins primaires qui existaient avant 2011 sont opérationnels, tandis que 70% des personnels de santé ont fui le pays. Cela s'explique «pour une large part aux forces pro-gouvernementales qui ciblent systématiquement les installations médicales», selon la Commission d'enquête de l'ONU.
La pandémie menace tout particulièrement les 6,5 millions de Syriens déplacés dans le pays, dont plus d'un million de civils, majoritairement des femmes et des enfants, qui sont entassés dans des camps le long de la frontière turque, dans la province d'Idleb.
■ La Russie ferme ses frontières à partir de lundi
Quelques exceptions sont faites, notamment pour les diplomates ou les citoyens russes voulant quitter le pays en raison de la mort d'un de leur proche à l'étranger. Les habitants des territoires séparatistes ukrainiens de Donetsk et Lougansk disposant de la nationalité russe ne sont pas non plus concernés par cette mesure.
La capitale russe n'ordonne pas de confinement généralisé, mais durcit cette semaine ses mesures: depuis jeudi, les personnes âgées ont l'interdiction de sortir de chez eux et la fermeture des commerces et restaurants est entrée en vigueur samedi. Le président Vladimir Poutine a également demandé mercredi aux Russes de rester chez eux, décrétant une semaine chômée.