Tête baissée, le regard éteint, ils descendent, menottés par deux, de la pirogue qui les ramène de leur île refuge de Kadji, où une «opération de nettoyage» par l’armée malienne a permis l’arrestation d’une cinquantaine de jihadistes présumés. Cela faisait plusieurs semaines que les habitants de Gao, à 5 km à vol d’oiseau plus au nord, attendaient cette opération, censée mettre un coup d’arrêt aux infiltrations d’islamistes armés dans la principale ville du nord du Mali.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des hélicoptères français avaient effectué pendant plus de quatre heures des survols de reconnaissance au-dessus de l’île, où est installée depuis plusieurs dizaines d’années une secte musulmane fondamentaliste. L’opération en elle-même a été déclenchée jeudi en début d’après-midi quand des forces maliennes (gendarmerie et forces spéciales essentiellement) ont gagné l’île de Darassalami-Kadji en pirogue, appuyées par des militaires français embarqués sur des zodiacs.

Sur place, aucun coup de feu n’a été tiré. «Les soldats français de l’infanterie de marine ont débarqué avec nous, ont avancé sur 100 mètres et sont restés pour assurer nos arrières pendant qu’on progressait vers l’intérieur de l’île», a raconté un militaire malien. Les Français ont ensuite quitté le site peu après minuit. Les fouilles ont été effectuées sous le commandement du colonel touareg malien El Hadj Ag Gamou, en présence du commandant de région de la gendarmerie, le colonel Salihou Maïga.

Ce vendredi matin, un premier groupe de 14 prisonniers, transportés sous escorte des gendarmes à bord de quatre pirogues, est débarqué sur la rive du fleuve Niger, située à environ 2 km de l’île. Nous sommes à Goungoumari, chef-lieu de Kadji, une commune qui s’étend sur huit quartiers le long du fleuve.

Jeudi, les forces maliennes avaient déjà procédé à 20 interpellations, selon leurs témoignages. Un militaire malien explique que parmi les personnes qui viennent d’être débarquées ce vendredi matin figurent «deux islamistes ayant avoué avoir participé à la bataille de Konna» (centre du Mali) du 9 janvier qui a déclenché l’intervention française deux jours plus tard.