«Nous sommes ici pour dire à Mikhaïl Saakachvili de démissionner», a lancé un des dirigeants de l’opposition et ancien candidat à la présidentielle, Levan Gatchetchiladzé devant une foule compacte au pied de l’imposant bâtiment du parlement. «Nous n’avons pas d’autre choix que de rester ici jusqu’à ce que notre revendication soit satisfaite», a-t-il ajouté, devant des manifestants qui scandaient «démission» et brandissaient des drapeaux de l’opposition.
Ancien ambassadeur de Géorgie à l’ONU passé dans l’opposition après la guerre avec la Russie, Irakli Alassania a appelé à un «changement de pouvoir par des moyens pacifiques et constitutionnels».
Le mécontentement contre le président Mikheïl Saakachvili ne cesse de croître depuis la guerre éclair avec la Russie pour le contrôle de l’Ossétie du Sud. La Géorgie a perdu la guerre puis assisté, impuissante, à la reconnaissance par Moscou de deux de ses territoires séparatistes, l’Abkhazie et l’Ossétie, ce qui a laissé une profonde blessure dans l’opinion publique. Ses détracteurs, dont plusieurs anciens alliés, l’accusent également de harceler l’opposition, de museler les médias et ne rien faire contre la pauvreté.
«Je suis ici pour protester contre les conditions de vie insupportables, la violation des droits de l’homme et pour demander la démission de Saakachvili. C’est la seule solution», a expliqué Kakha Antchavadzé, un avocat de 40 ans.
Le rassemblement a eu lieu le jour anniversaire de la répression soviétique d’une manifestation indépendantiste à Tbilissi, en 1989 peu avant la chute de l’URSS, qui fit 20 morts. Dans la matinée, M. Saakachvili a rendu hommage aux victimes lors d’une cérémonie. Il a appelé à cette occasion à l’unité nationale. «Quelles que soient nos divergences, nous avons une seule et même patrie et nous devons travailler ensemble pour défendre la liberté et l’unité du pays», a-t-il dit.
M. Saakachivili, qui a toujours exclu de démissionner, a été réélu en janvier 2008 après avoir été porté au pouvoir par la «Révolution de la rose», démocratique et pro-occidentale, fin 2003, dans cette ex-république soviétique.
Avant la manifestation, l’opposition a affirmé qu’une soixantaine de ses militants avaient été interpellés dans la nuit, «à leur domicile», ce qu’a démenti la police géorgienne. Plusieurs membres de l’opposition ont été arrêtés ces dernières semaines, accusés de recel d’armes et de préparation d’une attaque armée, ce qui alimente les craintes de troubles.
Les violences de novembre 2007, lorsqu’une manifestation anti-Saakachvili avait été dispersée avec des balles de caoutchouc et du gaz lacrymogène et avait conduit le président à décréter l’état d’urgence, restent aussi dans tous les esprits. Les autorités ont exclu la répétition d’un tel scénario, qui a profondément écorné l’image de Mikhaïl Saakachvili, fidèle allié de Washington, dans le monde occidental. «Il n’y aura pas de confrontation directe entre la police et les manifestants. Nous garantissons le maximum de tolérance», a déclaré à l’AFP le ministre de l’Intérieur Vano Merabichvili à la veille des protestations.