Vols annulés
Vers 17h, l’aéroport annonçait que tous les vols au départ et à l’arrivée de la cité portuaire étaient annulés. Certains avions, qui avaient déjà décollé, ont dû retourner à leur ville d’origine.Le rassemblement de lundi fait suite à un nouveau week-end de batailles rangées aux quatre coins de la ville, qui a vu la violence monter d’un cran. La police a procédé à un tir de gaz lacrymogènes dans une station de métro et pourchassé des protestataires dans une autre, provoquant des scènes de chaos. Les manifestants ont pour leur part arrosé les forces de l’ordre de briques et de cocktails Molotov. Un policier a été grièvement brûlé.
Une quarantaine de personnes ont terminé à l’hôpital. Une jeune femme risque de perdre son œil droit après avoir reçu un tir de balle en caoutchouc en plein visage, dimanche dans le quartier de Tsim Sha Tsui. A l’aéroport, certains manifestants portaient des bandeaux sur l’œil, brandissaient des photos de la blessée ou criaient «un œil pour un œil». Sur les bannières, on pouvait lire «La police tire sur les civils» et «La police veut nous tuer».
Action «pacifique»
«Nous sommes très en colère, dit Jacky Li, un étudiant de 20 ans venu prendre part à la manifestation de l’aéroport. Mais nous avons décidé de répliquer sans violence, en envahissant pacifiquement l’aéroport.» L’objectif du rassemblement de lundi était aussi d’informer les voyageurs arrivant à Hongkong. «Nous voulons leur présenter nos revendications et leur montrer comment la police nous traite», glisse-t-il.
Circle Chan, une hôtesse de l’air de 29 ans qui fait partie des rares protestataires à ne pas porter de masque pour dissimuler son identité, estime que les forces de l’ordre «veulent semer la panique au sein du mouvement de contestation pour l’obliger à baisser les bras» et que les autorités «leur ont désormais donné carte blanche pour mater les manifestants.»
Lundi, des représentants des protestataires ont dénoncé lors d’une conférence de presse les violences de ce week-end. «Hongkong a vécu les jours les plus noirs de son histoire», a dit l’un des porte-parole masqués. La cité s’est transformée en un «champ de torture», a déclaré un autre.
«Des signes de terrorisme»
Le même jour, Pékin haussait également le ton, par l’entremise de son office en charge des relations avec l’ancienne colonie britannique. Les protestataires ont commencé à montrer des «signes de terrorisme», a jugé Yang Guang, un porte-parole, depuis Pékin. «Ce genre d’activité criminelle doit être combattue sans hésitation, ni merci», a-t-il ajouté.
A Hongkong, le bureau de liaison chinois a lui aussi évoqué des «actes terroristes» et déclaré que s’ils continuaient, la ville risquait de «sombrer dans un abîme sans fond». La police a pour sa part indiqué, lors d’une conférence de presse, avoir arrêté environ 700 personnes depuis le début des troubles le 9 juin. Elle a également admis que certains membres des forces de l’ordre s’étaient déguisés en manifestants, afin d’obtenir des informations sur les éléments les plus radicaux. Cela a débouché sur une quinzaine d’arrestations dimanche soir.
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Des rumeurs sur ces opérations en sous-main circulaient déjà depuis plusieurs semaines au sein du mouvement de contestation. La confirmation de leur existence est encore venue jeter de l’huile sur le feu lundi, alimentant des théories du complot. «En plaçant des agents provocateurs au sein du mouvement, la police veut nous faire passer pour des voyous auprès de la population et nous diviser», s’emporte Jacky Li.
Dans la soirée, les manifestants ont commencé à quitter l’aéroport. Vers 21h, il n’en restait plus qu’une poignée. Les vols devaient reprendre mardi, à 6h du matin.
*Prénom d’emprunt