Les Etats-Unis ont engagé mardi la révocation des visas des Saoudiens impliqués dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul. «Ces sanctions ne seront pas les dernières sur ce dossier», a averti le chef de la diplomatie américaine.

Cette mesure, la première décision concrète annoncée par Washington à l'encontre de son allié de longue date, vise 21 personnes, qui se voient révoquer leur visa ou qui deviennent inéligibles à de futurs visas, a ensuite précisé Heather Nauert, la porte-parole du département d'Etat. Ces personnes sont issues «des services de renseignement, de la cour royale, du ministère des Affaires étrangères et d'autres ministères saoudiens».

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Selon Mike Pompeo, les autorités américaines examinent également l'opportunité d'agir en vertu de la loi dite Magnitsky, qui restreint la liberté de mouvement et gèle les avoirs aux Etats-Unis des individus et entités accusés d'enfreindre les droits de l'homme.

Donald Trump sous la pression du Congrès

De son côté le président Donald Trump a indiqué vouloir «d'abord connaître les faits», avant de critiquer l'opération elle-même, mais aussi, de façon plus surprenante, la manière dont elle avait ensuite été dissimulée.

Restant évasif sur d'éventuelles décisions à venir, le locataire de la Maison Blanche a pris soin de souligner combien Riyad était un «excellent allié» de Washington depuis des décennies et a rappelé que le royaume sunnite était «l'un des principaux investisseurs aux Etats-Unis».

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Mais il est sous la pression du Congrès dont plusieurs figures de proue ont vivement critiqué l'attitude de Riyad, allant pour certains jusqu'à réclamer la tête du prince héritier, qualifié d'«engin de démolition» par le sénateur républicain Lindsey Graham.

Mike Pence s'est aussi montré cinglant mardi lors d'un évènement organisé par le Washington Post: «Nous allons faire toute la lumière sur cette affaire. Ce meurtre brutal, d'un journaliste, d'un innocent, d'un dissident ne restera pas sans réponse américaine et, j'espère, sans réponse internationale», a-t-il dit.

Des questions sans réponse

Trois semaines après le meurtre, la pression internationale sur Riyad ne cesse de s'accroître. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait le point mardi sur l'enquête, décrivant un «meurtre sauvage» qui a été «planifié» pendant plusieurs jours et mis à exécution par une équipe de «15 agents».

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Il a appelé à punir «toutes les personnes impliquées, des exécutants aux commanditaires», sans cependant citer nommément le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dit «MBS». Quant aux ministres des Affaires étrangères du G7, ils estiment que «les explications fournies laissent de nombreuses questions sans réponse».

Après avoir nié la mort du journaliste, le gouvernement saoudien a avancé plusieurs versions contradictoires, évoquant notamment une «rixe» ayant mal tourné. Ryad soutient désormais que le journaliste a été tué au cours d'une opération «non autorisée» dont MBS n'était pas informé.