Covid-19
L’Afrique fait face à une recrudescence des cas de covid, faisant craindre un scénario à l’indienne. Les pays africains manquent de vaccins mais certains d’entre eux n’arrivent pas à administrer le peu de doses reçues

A peine plus de 1% de la population africaine est vaccinée contre le Covid-19. Un taux de couverture dérisoire, couplée à une multiplication des cas dus aux variants, fait craindre un scénario catastrophe comme en Inde. Pourtant, de nombreux pays africains n’ont pas réussi à administrer les doses de vaccins reçus. Certains ont même dû détruire des stocks périmés, comme l’a fait le Malawi aujourd’hui frappé de plein fouet par une nouvelle vague de Covid-19.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 18 pays africains ont administré moins de la moitié des doses reçues. A ce jour, le Tchad, le Bénin et Djibouti ont utilisé moins de 10% de leurs stocks. La République démocratique du Congo, confrontée à une recrudescence de cas provoqués par le variant Delta, a utilisé 11% des vaccins reçus, notamment via le dispositif Covax géré par l’OMS.
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Le temps presse puisque 1,25 million de doses du vaccin AstraZeneca seront périmées d’ici la fin août sur le continent, alerte l’OMS. L’Angola, touché par la nouvelle vague qui affecte surtout l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est, risque par exemple de détruire plus de 10% de ses doses si elles ne sont pas utilisées d’ici fin août. Selon l’OMS, 17 autres pays sont dans le même cas de figure, quoique moins touchés par le regain de la pandémie.
Epidémiologiste basé au Cameroun pour l’institut Epicentre, dépendant de Médecins sans frontières, Yap Boum souligne la situation très hétérogène de l’Afrique face à la pandémie et donc les différences de comportement vaccinal. «En Europe aussi, il y avait beaucoup d’hésitations avant la seconde vague. Les Européens se sont massivement vaccinés quand ils ont compris que c’était la seule manière de sortir de cette crise», dit-il, pour relativiser les hésitations des Africains.
«On ne peut pas forcer la vaccination»
«En Afrique, comme ailleurs, on ne peut pas forcer les gens à se vacciner», continue Yap Boum. Qui insiste sur l’importance de campagnes d’information et de sensibilisation. Les doutes et la suspension temporaire, par de nombreux pays au printemps dernier, du vaccin AstraZeneca, le plus répandu en Afrique, ont aussi ralenti les campagnes de vaccination.
Les pays africains en première ligne de la pandémie vaccinent aussi vite que possible et manquent de doses à l’instar de l’Afrique du Sud, qui a enregistré plus de 17 000 cas mardi. Selon Yap Boum, ce n’est pas un hasard si l’Afrique australe est la plus touchée par le variant Delta. C’est en effet la région qui a le plus de relations avec l’Inde. A contrario, l’Afrique de l’Ouest, davantage tournée vers l’Europe est plutôt épargnée. Voilà pourquoi l’urgence de la vaccination s’y fait moins sentir.
A ce jour, seules 12 millions de personnes ont été entièrement vaccinées en Afrique, même si le rythme de la vaccination s’accélère. Dans le monde, 2,7 milliards de doses ont été administrées, dont à peine 1,5% en Afrique. L’OMS dénonce aussi le fait que les Africains font face à une double peine. Alors que de plus en plus de pays permettent l’entrée sur leur territoire aux voyageurs vaccinés, les Africains sont restreints dans leur mouvement, faute de vaccins.