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Au Burkina Faso, des attaques attribuées à des djihadistes font des dizaines de victimes civiles

Des raids ont frappé en début de semaine des villages de la province du Koulpélogo, frontalière du Ghana et du Togo, avant de nouvelles attaques jeudi dans le nord du pays

Une fresque à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, en mars 2023. — © AP
Une fresque à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, en mars 2023. — © AP

Au moins une vingtaine de personnes ont été tuées jeudi dans l’attaque de plusieurs villages du nord du Burkina Faso, a appris l’AFP vendredi auprès d’habitants de ces localités et d’une source sécuritaire. «Hier (Jeudi) , aux environs de 5h (6h en Suisse) des groupes armés ont mené une attaque contre les villages de Pellé, Zanna et Nongfaïré», dans la province du Yatenga (nord), a déclaré un habitant de la région. «Au moins vingt-cinq personnes ont été tuées, principalement à Nongofaïré et plusieurs autres blessés», a précisé cet habitant.

L’attaque a été confirmée par une source sécuritaire qui évoque de son côté un bilan «d’une vingtaine de morts». Des opérations de ratissage sont en cours, poursuit cette même source. Confirmant l’attaque, un autre habitant a indiqué que «les assaillants venus à motocyclettes ont été pris en chasse par les volontaires (supplétifs civils de l’armée) et des militaires». «Ils ont été frappés grâce à un appui aérien après s’être réfugiés dans la forêt de Barga. Plusieurs d’entre eux ont péri», a soutenu de son côté une autre source sécuritaire.

Des premiers raids en début de semaine

Une vingtaine de civils, dont des femmes et des enfants, avaient déjà été tués entre lundi et mercredi lors de deux attaques de djihadistes présumés dans le centre-est du Burkina Faso, ont indiqué vendredi à l’AFP des sources sécuritaires et locales. Mercredi, «des groupes armés ont mené une incursion à Bilguimdouré», village de la commune de Sangha, dans la province du Koulpélogo (centre-est), frontalière du Ghana et du Togo, «faisant une dizaine de morts», a indiqué à l’AFP un responsable local.

Deux jours plus tôt, «une autre incursion terroriste dans le village voisin de Kaongo avait occasionné la mort d’au moins onze personnes dont des femmes et des enfants», a-t-il poursuivi. Lors de ces deux attaques, «des maisons et des boutiques ont été incendiées par les assaillants qui ont aussi emporté du bétail», selon la même source. Ces attaques ont été confirmées par des sources sécuritaires, précisant que «des opérations de sécurisation sont en cours dans la région», sans donner de détails sur le bilan des incursions.

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Joints par l’AFP, des ressortissants de la commune de Sangha ont également confirmé les deux attaques, affirmant que les «populations désespérées tentent de fuir leurs localités, craignant de nouvelles attaques». Selon ces habitants, des groupes armés ont sommé la population de Soudougui, une autre commune de la province, «de vider plusieurs villages sous peine de représailles dans les jours suivants».

Un otage australien libéré

La province du Koulpélogo où un couvre-feu est en vigueur, depuis plusieurs mois, est la cible d’attaques récurrentes malgré des opérations antidjihadistes menées par l’armée et ses supplétifs civils. Mi-avril, au moins 24 personnes, dont 20 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils de l’armée, avaient été tuées lors de deux attaques de djihadistes présumés dans la région du Centre-est, près des frontières du Ghana et du Togo.

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Le Burkina, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences djihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières. Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10 000 morts, civils et militaires, selon des ONG, et plus de deux millions de déplacés internes. Vendredi, le gouvernement australien a annoncé qu’un de ses ressortissants, Kenneth Elliott, un médecin de 88 ans, avait été libéré sept ans après son enlèvement par des djihadistes liés à Al-Qaïda au Burkina Faso. Il a regagné l’Australie jeudi soir.