Au Gabon, des militaires appellent à un soulèvement
afrique
En l'absence du président Ali Bongo, en convalescence au Maroc, des militaires appellent le peuple à «se lever»

Des militaires gabonais ont lu un message à la radio d'Etat lundi matin appelant le peuple gabonais à se «lever» et annonçant la prochaine mise en place d'un «Conseil national de restauration» en l'absence du président Ali Bongo Ondimba en convalescence au Maroc.
Des coups de feu ont été entendus au même moment par l'AFP autour de la Radio Télévision Gabonaise (RTG), sur le boulevard Triomphal, dans le centre de Libreville. Des blindés des forces de sécurité gabonaises bloquaient à 7h, locale et suisse, l'accès à ce boulevard, a constaté un correspondant.
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Un nouveau mouvement
Le message a été lu par un militaire se présentant comme commandant-adjoint de la Garde Républicaine (GR), et se disant président d'un Mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité du Gabon (MPJFDS).
Trois militaires, coiffés des bérets verts de la GR, étaient visibles sur une vidéo de leur prise de parole circulant sur les réseaux sociaux et authentifiée par l'AFP.
Le mouvement «demande à tous les jeunes des forces de défense et de sécurité et à toute la jeunesse gabonaise de se joindre à nous», a déclaré le militaire en annonçant la mise en place de ce «Conseil national de restauration».
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«Si vous dormez, réveillez-vous»
«Nous ne pouvons abandonner la patrie», a-t-il déclaré en jugeant les institutions «illégitimes et illégales». Il a souligné que «le jour tant attendu est arrivé où l'armée a décidé de se mettre aux côtés de son peuple afin de sauver le Gabon du chaos».
«Si vous êtes en train de manger, arrêtez. Si vous êtes en train de prendre un verre, arrêtez. Si vous dormez, réveillez-vous. Réveillez vos voisins (...), levez vous comme un seul homme et prenez le contrôle de la rue», a encore déclaré le militaire à la radio, appelant à occuper les édifices publics et aéroports dans tout le pays.
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Le président est hospitalisé depuis le 24 octobre
Le 24 octobre, alors qu'il se trouvait en Arabie saoudite, le président Bongo, victime d'un AVC, a été hospitalisé à Ryad où il a été soigné pendant plus d'un mois avant d'être transféré à Rabat, où il se trouve toujours en convalescence.
Depuis deux mois, la communication officielle a été rare et partielle quant à la santé du chef de l'Etat, alimentant les rumeurs les plus folles sur les réseaux sociaux.
Une prise de parole le 31 décembre
Le 31 décembre, le président Bongo a pris la parole pour la première fois depuis son hospitalisation. Cette prise de parole, peu fluide, était pour le MPJFDS une «honte» pour un «pays (qui) a perdu sa dignité».
La vacance du pouvoir n'a pas été déclarée au Gabon en l'absence du chef de l'Etat. La Cour constitutionnelle a transféré en partie des pouvoirs du président au Premier ministre et au vice-président.
Riche principalement de son pétrole et de sa forêt, le Gabon traverse par ailleurs depuis 2015 une période économique difficile qui a été aggravée par la baisse des prix du brut et s'est traduite par du chômage et des grèves à répétition. Plusieurs entreprises tournent au ralenti ou ont mis la clé sous la porte.