L’Afrique réclame plus que des gestes pour vacciner
Santé
Les vaccins manquent encore cruellement sur le continent. Ce ne sont pas les dons de la Chine, très médiatiques, qui changeront les choses

La Mauritanie a reçu mercredi ses premiers vaccins contre le Covid-19. Elle le doit à la Chine, qui a fait don de 50 000 doses de son Sinopharm. Cette livraison était accompagnée d’une campagne de communication dans les rues de la capitale avec des panneaux remerciant l’Empire du Milieu. Les doses envoyées par Pékin couvriront 1,25% de la population mauritanienne, un pays peu touché par la pandémie jusqu’ici avec moins de 500 décès attribués au Covid-19.
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Mais, pour la Chine, l’essentiel est ailleurs. Il s’agit de mettre en scène sa générosité à l’égard des pays africains et conforter ses positions sur le continent. La République démocratique du Congo (RDC), la Namibie, la Tunisie ou le Zimbabwe ont aussi bénéficié des dons de vaccins chinois.
«Petites quantités»
«L’Inde et la Chine sont les deux seuls pays producteurs à faire des dons de vaccins», fait remarquer Anna Bezruki, chercheuse pour le Global Health Center, à Genève. La diplomatie vaccinale de New Delhi se concentre sur l’Asie, où elle est en concurrence avec la Chine, même si l’île Maurice ou les Seychelles ont reçu des livraisons indiennes. «A chaque fois, il s’agit de petites quantités, continue la chercheuse. Et on ne peut qu’être frappé par le fait que cela ne répond pas à des impératifs sanitaires. Les pays bénéficiant de dons ne sont ni les plus touchés par la pandémie, ni les plus pauvres.»
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La Russie, elle, préfère vendre son vaccin. Elle a trouvé plusieurs clients sur le continent africain: l’Algérie, la Tunisie et la Guinée. L’Union africaine a aussi commandé des doses à Moscou. Aucune livraison n’a encore eu lieu grâce à ce mécanisme africain.
En plus d’accumuler les stocks pour leur propre population, les pays occidentaux, eux, passent plutôt par le dispositif Covax mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Celui-ci vise à recueillir les dons de la communauté internationale pour effectuer des commandes groupées et redistribuer les vaccins aux pays qui en ont le plus besoin. Les premières livraisons ont commencé en Afrique. La Côte d’Ivoire, le Ghana ou l’Ethiopie ont reçu des centaines de milliers de doses, leur permettant enfin de commencer leur campagne de vaccination. La semaine dernière, le bureau africain de l’OMS estimait que 27 pays africains avaient reçu 16 millions de doses par l’intermédiaire de Covax.
Le poids d’AstraZeneca
L’écrasante majorité de ces vaccins sont ceux d’AstraZeneca, le produit anglo-suédois qui est aussi fabriqué en Inde. Le vaccin est mis en cause en Europe et aux Etats-Unis pour des effets secondaires potentiellement mortels. Mais l’OMS encourage les pays, en particulier africains, à continuer la vaccination avec ce produit crucial. Il est en effet moins cher et il ne requiert pas de chaîne de froid extrême, comme ses concurrents occidentaux. Malgré tout, plusieurs pays africains ont suspendu les vaccinations, à l’instar de la RDC. L’Afrique du Sud, elle, a décidé de revendre ses stocks d’AstraZeneca, estimant que le vaccin n’était pas assez efficace contre le variant sud-africain du Covid-19.
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