A l’intérieur de l’école, les sièges et tables des élèves sont entassés dans un coin pour laisser place à des matelas très fins. Des enfants zigzaguent gaiement en essayant de s’attraper. Il est déjà tard mais personne ne songe à les coucher. Au moins, ils ne pensent plus aux violences. Dehors, l’ambiance est plus lourde. Les hommes sont rassemblés sur des marches qui bordent la cour de récréation. Dans l’obscurité, difficile de déchiffrer les visages mais, à la gravité des histoires qu’ils ressassent, on imagine leurs rictus de douleur. «Peur, kalachnikov, milices, viols, kidnapping, argent, bateau, Europe» sont les mots qui structurent les récits.