Kenya
Un commando d’islamistes somaliens a pris d’assaut mardi le DusitD2, avant de résister pendant une vingtaine d’heures aux forces de l’ordre. Bilan: vingt-et-un morts, dont les cinq assaillants

Les forces de sécurité kényanes ont passé au peigne fin, mercredi, le complexe hôtelier de Nairobi où un commando de cinq islamistes radicaux a semé la terreur mardi et mercredi, tuant au moins 21 personnes, selon un bilan provisoire. Dans la matinée, le chef de l’Etat, Uhuru Kenyatta, est venu annoncer à la presse la fin de cette attaque – revendiquée par les islamistes radicaux somaliens shebab – à l’issue d’un siège de vingt heures.
«Nous souhaitons vous informer que, à l'heure où nous parlons, six autres cadavres ont été découverts sur les lieux de l'attaque et un policier a succombé» à ses blessures, a déclaré dans la soirée Joseph Boinnet, le chef de la police du pays. Ces sept victimes viennent s'ajouter aux 14 annoncées dans la matinée par le président Uhuru Kenyatta. L'inspecteur général a ajouté que 28 blessés avaient été admis dans divers hôpitaux de Nairobi, sans toutefois préciser la gravité de leurs blessures.
Selon Joseph Boinnet, les assaillants étaient au nombre de cinq et sont tous morts: l’un d’eux, un kamikaze, s’est fait exploser près de l’entrée de l’hôtel DusitD2 au début de l’opération. Quatre autres ont été abattus par les forces de l’ordre.
Opération de déminage
Des images de vidéosurveillance diffusées par les médias kényans montrent quatre hommes équipés d’armes automatiques et de grenades progresser calmement dans le complexe. Les derniers assaillants abattus «portaient tous les deux des foulards rouges sur le front et des cartouches étaient attachées autour de leur poitrine […] ils avaient chacun un [fusil d’assaut] AK-47», a rapporté une source policière.
Mercredi, alors que l’enquête débutait, les policiers se sont lancés dans une opération de ratissage de l’hôtel, tandis que des démineurs étaient mis à contribution. «Les démineurs vont détoner des grenades laissées par les terroristes», a expliqué Joseph Boinnet. Un membre du commando a été identifié et la maison dans laquelle il vivait à Ruaka, une commune populaire située au nord de Nairobi, a été perquisitionnée mercredi.
Plus de 700 civils évacués
Deux suspects ont par ailleurs été arrêtés, l’un dans le quartier majoritairement somalien d’Eastleigh, l’autre à Ruaka, a annoncé le directeur des enquêtes criminelles, George Kinoti. Cet attentat a replongé les habitants de Nairobi dans le traumatisme de l’attaque du centre commercial Westgate en 2013, qui avait fait 67 morts lors d’un siège de quatre jours. L’intervention des forces de sécurité avait alors été vivement critiquée.
Mercredi, Uhuru Kenyatta a salué leur travail: «Plus de 700 civils ont été évacués du complexe depuis le début de l’attaque jusqu’aux petites heures du matin.» La brigade antiterroriste était arrivée rapidement sur place, à bord d’un véhicule blindé et les opérations de mise en sécurité des personnes prises au piège dans les bureaux ont, semble-t-il, été bien coordonnées.
Une cible récurrente
Le complexe DusitD2 abrite un hôtel d’une centaine de chambres appartenant au groupe thaïlandais Dusit Thani, des restaurants et plusieurs immeubles de bureaux dans un cadre verdoyant, près du centre la capitale kényane.
Le Kenya a déjà été la cible d’attentats djihadistes de grande ampleur. Le 7 août 1998, l’attentat contre l’ambassade américaine avait fait 213 morts et 5000 blessés.
Depuis l’entrée en octobre 2011 de l’armée kényane en Somalie pour combattre les shebab, le pays a été durement touché. Après l’attaque du Westgate le 21 septembre 2013, un commando a abattu de sang-froid 148 personnes à l’Université de Garissa (est), pour la plupart des étudiants, le 2 avril 2015.
Chassés de Mogadiscio en 2011, les shebab ont perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales, d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats suicides.