Genève internationale
Onze activistes camerounais ont été condamnés pour un raid vendredi contre l’hôtel Intercontinental, où séjourne à nouveau le président Paul Biya. Voici ce qu’il s’est passé

Leur «opération» était bien planifiée. Vendredi dernier, à la veille d’une manifestation interdite qui a dégénéré, organisée par la diaspora camerounaise contre la présence du président Paul Biya à Genève, une dizaine d’activistes prennent place dans deux taxis. La «cible», selon le vocabulaire guerrier de ces Camerounais venus d’Allemagne, de Belgique, de France ou du Royaume-Uni: l’hôtel Intercontinental, où séjourne une nouvelle fois le chef d’Etat du pays d’Afrique centrale.
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Comme ils en ont pris l’habitude, ces activistes filment leur action, afin d’en maximiser l’écho via les réseaux sociaux. Ils se revendiquent de la Brigade anti-sardinards, une organisation de la diaspora qui traque et dénonce les fréquents séjours privés du président et de ses proches à l’étranger.
«Paul Biya, sors de là!»
Vendredi, vers 15h, les deux taxis s’arrêtent devant les portes de l’Intercontinental et aussitôt les activistes se précipitent vers le hall en criant «Paul Biya, sors de là!». La confrontation avec les policiers en tenue antiémeute qui ont réagi rapidement malgré l’effet de surprise, est brève mais violente.
Ces onze personnes ont été arrêtées par la police genevoise. L’hôtel Intercontinental, par l’intermédiaire de son directeur, a porté plainte le même jour. La justice genevoise a condamné samedi les activistes à des peines de jours-amendes pour violation de domicile. Ils ont ensuite été relâchés. Les peines vont de 50 à 80 jours-amendes avec sursis. En clair, les condamnés qui résident à l’étranger doivent s’acquitter d’une amende allant de 1800 à 2700 francs. Une activiste a écopé, elle, d’une peine de 180 jours-amendes, pour avoir en plus posté, avant les faits, une vidéo incitant à la violence sur les réseaux sociaux, selon le Ministère public genevois.
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Selon les ordonnances de condamnation, quatre membres de cette équipée sont parvenus à pénétrer dans le sas d’entrée du palace, «finissant par être refoulés par le service de sécurité privé et les membres des forces de police qui avaient été dépêchés sur place». Selon le Ministère public genevois, plusieurs d’entre eux possédaient aussi des sprays d’autodéfense, dont la possession est réglementée en Suisse.