Le Conseil militaire au pouvoir au Soudan a annoncé mercredi, sans le préciser, un accord avec les leaders de la contestation. «Nous avons un accord avec la plupart des exigences présentées dans un document de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC)», a indiqué à la presse le général Shamseddine Kabbashi, porte-parole du Conseil militaire de transition, à l'issue d'une réunion avec les militaires et les leaders de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui regroupe les principales formations de la contestation. Cette dernière réclame un transfert du pouvoir à une autorité civile.

Un des leaders de la contestation présents à la réunion, Ahmed al-Rabia, a ajouté que les deux parties avaient également convenu de former un conseil conjoint, sans développer. Quelques minutes après, dans un communiqué, le Conseil militaire a annoncé la démission de trois de ses membres, les lieutenants-généraux Omar Zain al-Abdin, Jalaluddin Al-Sheikh et Al-Tayieb Babikir.

Lire également: Au Soudan, la contestation suspend les discussions avec l'armée

Depuis le 6 avril, des manifestants sont rassemblés jour et nuit devant le quartier général de l'armée à Khartoum. Après avoir demandé dans un premier temps le départ du président Omar el-Béchir qui est survenu le 11 avril, ils réclament désormais que les militaires abandonnent le pouvoir.

Les juges vont manifester

Ahmed al-Rabia, figure de l'Association des professionnels soudanais (SPA), fer de lance de la contestation, a lui appelé à une «marche d'un million de personnes pour jeudi». Ayman Ali Mohamed, un manifestant, a indiqué mercredi qu'il prendrait part à cette marche. «Nous avons peur que le Conseil militaire nous vole la révolution, donc nous devons participer (aux manifestations) jusqu'à ce que le transfert à un pouvoir civil soit achevé», a-t-il dit.

Pour la première fois, des juges devraient rejoindre les manifestants. Ils se mobiliseront «pour soutenir le changement et pour (réclamer) un système judiciaire indépendant», selon un communiqué diffusé mercredi par une association professionnelle de juges.

La contestation au Soudan, déclenchée le 19 décembre après la décision du gouvernement Béchir de tripler le prix du pain, s'est rapidement transformée en contestation inédite du président aujourd'hui déchu et emprisonné, et plus largement du système en place.

Un appel à une «transition pacifique et démocratique» d'ici trois mois

Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1989, Omar el-Béchir a dirigé d'une main de fer un pays miné par une situation économique désastreuse et par des rébellions dans plusieurs régions. La Cour pénale internationale (CPI) a lancé des mandats d'arrêt contre lui pour «crimes de guerre» et «génocide» dans la région du Darfour (ouest).

Lire aussi: Omar el-Béchir: trente ans à la tête du Soudan

Plusieurs pays africains réunis sous la houlette de l'Egypte ont appelé mardi à une «transition pacifique et démocratique» d'ici trois mois au Soudan, un délai plus long que les 15 jours accordés récemment par l'Union africaine (UA) aux militaires pour céder le pouvoir.

Le mouvement a reçu le soutien de Washington qui a dit appuyer «la demande légitime» des Soudanais d'un gouvernement dirigé par des civils.