Le scandale ne cesse de prendre de l’ampleur. 200 plaintes, dont 170 pour la seule ville de Cologne, ont été déposées pour vol, agressions sexuelles ou viol, perpétrés dans la nuit de la St-Sylvestre par de petits groupes d’hommes ivres «d’apparence arabe ou maghrébine» selon les témoins. Hambourg, Stuttgart et Francfort mais aussi Zurich, Salzburg (en Autriche) et la Finlande ont observé des faits similaires.

A Cologne, 31 suspects ont été identifiés par les enquêteurs. Le groupe comprend 9 Algériens, 8 Marocains, 5 Iraniens, 4 Syriens, un Irakien, un Serbe, un Américain et deux Allemands. Or, «18 des 29 suspects étrangers ont le statut de demandeur d’asile» et «vivent dans des foyers de demandeurs d'asile», a révélé vendredi un porte-parole du Ministère fédéral de l’intérieur, confirmant ainsi les craintes de la chancellerie, à neuf semaines de trois importants scrutins régionaux dans le pays. 

Lire aussi: Des plaintes ont été déposées à Zurich

Deux hommes – un Marocain et un Tunisien - ont été par ailleurs arrêtés à Cologne en possession de téléphones portables sur lesquels étaient consignées des vidéos des agressions sexuelles de Cologne, ainsi qu’une liste d’insultes et de menaces à caractère sexuel traduites de l’arabe en allemand. La police a en outre précisé avoir localisé dans des foyers de demandeurs d’asile ou à proximité des téléphones portables volés à des jeunes femmes à la St-Sylvestre. La commission «Nouvel An», chargée de l’enquête a vu ses effectifs passer de 80 à 100 hommes, afin de procéder le plus rapidement possible au visionnage de 350 heures de matériel vidéo.

La police de Cologne accusée de «rétention d’informations»

Ce regain d’empressement des forces de l’ordre – en sous-effectifs et incapables de restaurer l’ordre à Cologne le 31 décembre - est à la hauteur de l’émoi provoqué par cette affaire dans le pays, alors que de plus en plus de voix reprochent à la hiérarchie policière régionale de Rhénanie-du-Nord-Westphalie d’avoir cherché à minimiser l’ampleur des faits. Le président de la police de Cologne, Wolfgang Albers, a été mis à pied. La diffusion au compte-goutte d’informations sur l’identité, le statut et la nationalité des agresseurs «pourrait relever de la tactique politique» insinue le porte-parole de la Maire de Cologne, Henriette Heker.

Le président du syndicat de la police Rainer Wendt dénonce «la rétention d’informations» à laquelle se serait livrée la police de Cologne. «Il faut mettre tous les faits sur la table, y compris celui que des demandeurs d’asile se trouvent parmi les agresseurs. Il faut mettre fin à ces cachoteries et au politiquement correct.» Au matin du premier janvier, la police avait assuré que la nuit de festivités avait été «calme» à Cologne «comme les années passée ». Deux jours plus tard, un communiqué faisait état de 30 plaintes de jeunes femmes agressées sur le parvis de l’église, puis le surlendemain de 60 plaintes. La chaîne de télévision publique ZDF avait pour sa part attendu un jour de plus avant d’évoquer l’affaire, reconnaissant par la suite avoir commis «une erreur d’appréciation» quant à la gravité des faits.

La pression sur Angela Merkel

Le scandale de Cologne fait monter la pression sur la chancelière Angela Merkel, dont la politique de portes-ouvertes aux réfugiés syriens est de plus en plus contestée. Selon un sondage de la chaîne de télévision publique ARD, 57% des Allemands souhaitent le rétablissement de contrôles d’identité aux frontières, alors que 37% des femmes ont l’intention de se tenir à l’avenir à distance de gros mouvements de foule. Le petit parti d’extrême droite AfD ne cesse de progresser dans les sondages. Il est crédité désormais de 9% d’intentions de vote - et de 16% en ex-RDA -, alors que trois régions (Bade-Wurtemberg dans le sud-ouest du pays, Rhénanie-Palatinat au centre ouest et Saxe-Anhalt au centre-est) sont appelées à renouveler leur parlement régional le 13 mars.

Lire aussi: La maire de Cologne moquée pour ses conseils aux femmes après une vague d'agressions

Aux abois, la majorité ne cesse de multiplier les déclarations promettant l’expulsion des étrangers criminels. Angela Merkel et son ministre de l’Intérieur ont promis jeudi de réexaminer l’interdiction d’expulser un réfugié menacé dans son pays d’origine ou condamné à moins de trois ans de prison ferme. Vendredi, le vice chancelier et président du parti social démocrate Sigmar Gabriel a envisagé de réduire l’aide au développement aux pays d’Afrique qui n’accepteraient pas le retour de leurs ressortissants expulsés.