Al-Ahly n’est pas seulement un grand club de football; c’est un monument, que 60% des Egyptiens disent porter dans leur cœur. C’est un phare qui rayonne bien au-delà des limites du terrain. Célèbre en Suisse pour son implication dans la fameuse affaire «FC Sion contre le reste du monde» via le transfert du gardien Essam el-Hadary en Valais, l’institution cairote a d’autres arguments à faire valoir pour sa réputation. Et pas des moindres: élu club africain du XXe siècle en 2000, Al-Ahly justifie d’abord ce statut par un palmarès sportif inégalé. Parmi la centaine de trophées amassés depuis 1907, on trouve notamment 36 titres nationaux, 35 Coupes d’Egypte, six Ligues des champions d’Afrique et quatre Coupes d’Afrique des vainqueurs de coupe. Sur la poitrine des joueurs, l’écusson est frappé d’un aigle incarnant la force, l’audace et la détermination.

Lutte contre les colons

Mais au-delà des exploits réalisés au fil des décennies et balle au pied par les «diables rouges», Al-Ahly («Le National» en arabe) s’impose aussi et surtout en pôle idéologique. Fondé par des étudiants patriotes en lutte contre les colonisateurs britanniques, le club sera paradoxalement structuré par un Anglais, Mitchell Ince, premier président de l’histoire. Dès 1925 toutefois, Al-Ahly affirme son identité en décrétant que tout membre doit détenir le passeport national. Niché dans le quartier cairote d’El-Guezira, il devient vite le club du peuple, par opposition à son rival du Zamalek Sporting Club, estampillé plus bourgeois et cosmopolite.

Ecrin de ferveur, objet de culte pour ainsi dire, Al-Ahly compte aujourd’hui 50 millions de supporters officiellement recensés à travers le monde. Parmi eux, les «Ultras», très actifs lors de la révolte qui a mené à la chute du président Hosni Moubarak voici un an. Mercredi à Port-Saïd, c’est comme si le feu avait dévoré la passion. «C’est fini. Nous avons tous décider de ne plus jamais jouer», a déclaré le gardien Sharif Ikrami.