A quel jeu joue-t-il? Alors qu'il avait annoncé en fanfare qu'il s'exprimerait jeudi soir, un an après l'assaut du Capitole, depuis sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago en Floride, voilà que Donald Trump fait volte-face et annonce par communiqué qu'il y renonce. L'ancien président républicain continue en revanche de dénoncer un «scrutin volé» - le «crime du siècle», écrit-il dans son communiqué - et des «fraudes massives», incapable d'accepter sa défaite lors de l'élection présidentielle du 3 novembre.

Il mène par ailleurs une bataille avec la commission spéciale de la Chambre des représentants qui enquête sur le drame. Et n'a pas hésité à saisir la Cour suprême pour espérer empêcher que les élus puissent avoir accès à des documents secrets de la Maison-Blanche, conservés aux Archives nationales. Des documents censés mettre en lumière quelles étaient les personnes avec lesquelles il était en contact ce jour-là.

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Coutumier de provocations

Jeudi donc, le président Joe Biden, ainsi que la vice-présidente Kamala Harris, s'exprimeront à propos de l'attaque, depuis l'enceinte du Capitole, mais pas Donald Trump. Dans son communiqué, ce dernier précise qu'il prendra la parole plus tard, le 15 janvier, lors d'un meeting prévu en Arizona, pour évoquer des «sujets importants». Une annonce qui laisse perplexe, tant Donald Trump est coutumier des provocations et peu enclin à renoncer. Il aurait eu pour intention de défendre une nouvelle fois les émeutiers, parmi lesquels figuraient des complotistes et des membres de groupes d'extrême droite en tenues de combat.

Ses avocats auraient-ils réussi à le convaincre de ne pas rajouter de l'huile sur le feu, alors que le jour J même ses proches, dont ses enfants, avaient, via son chef de cabinet, en vain tentés de faire pression pour qu'il dise à ses sympathisants de reculer? Aurait-il été conseillé de choisir un autre moment pour confirmer une éventuelle candidature pour la présidentielle de 2024? S'il ne tiendra pas de conférence à proprement parler jeudi, rien ne garantit toutefois que Donald Trump ne donnera pas de la voix par un autre biais.

L'annonce est de nature à rassurer certains républicains, embarrassés par l'attitude de leur locomotive électorale. Près de deux tiers adhèrent pourtant à ses accusations de «scrutin volé». Dans son court communiqué, Donald Trump se contente d'accuser la commission d'enquête parlementaire qui s'intéresse à lui et à ses proches d'être «biaisée et malhonnête» - elle est composée de sept démocrates et de deux républicains -, et de s'en prendre à la «partialité» des médias. Il a fait son annonce le jour où, sur CNN, le président de la commission d'enquête a confirmé que les enquêteurs avaient l'intention de s'entretenir avec Mike Pence, alors vice-président. Mike Pence avait refusé d'obéir à Donald Trump, qui l'enjoignait à ne pas valider la victoire de Joe Biden. C'est lui qui, le jour de l'attaque, présidait, au Capitole, la séance spéciale des Chambres réunies, pendant que des assaillants appelaient à le «pendre».