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Tyre Nichols, 29 ans, est mort après avoir été passé à tabac par des agents de la police de Memphis, des «personnes chargées de le protéger», a condamné la vice-présidente des Etats-Unis, présente à son enterrement

La vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, a dénoncé mercredi la mort du jeune Afro-Américain Tyre Nichols, qui a choqué le pays, comme «un acte violent» commis par des policiers pourtant censés assurer la sécurité publique. Après avoir longuement pris dans ses bras la mère de Tyre Nichols dans l’église de Memphis où était organisé cet hommage, Kamala Harris a eu des mots durs envers les agents qui l’ont roué de coups alors qu’il criait n’avoir rien fait et appelait à l’aide.
«N’avait-il pas le droit d’être en sécurité?», a lancé la vice-présidente. «Voici une famille qui a perdu son fils et son frère après un acte de violence» perpétré par des «personnes chargées de les protéger», et «cet acte violent ne visait pas à assurer la sécurité publique», a-t-elle martelé devant la foule.
«Nous finirons par vaincre»
Tyre Nichols était «quelqu’un de bien, une belle âme, un fils, un père, un frère, un ami, un être humain parti trop tôt», a dit en ouverture de l’office le révérend J. Lawrence Turner à la Mississippi Boulevard Christian Church. «Aujourd’hui, au moment où nous célébrons la vie de Tyre et consolons sa famille, nous informons cette nation que la rediffusion de cet épisode, qui fait des vies noires un hashtag, a été annulée et ne sera pas renouvelée pour une nouvelle saison», a-t-il lancé. «Nous finirons par vaincre», a-t-il encore dit.
Symbole fort, un frère de George Floyd, quadragénaire noir dont la mort en 2020 sous le genou d’un policier blanc avait déclenché des manifestations antiracistes massives, était présent, tout comme la mère de Breonna Taylor. Cette Afro-Américaine de 26 ans avait été abattue en pleine nuit par la police dans son appartement du Kentucky en 2020 et devenue une icône du mouvement «Black Lives Matter».
Et c’est le révérend Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques, qui a prononcé l’oraison funèbre.
Mort pour une simple infraction au code de la route
Tyre Nichols, 29 ans, avait été arrêté le 7 janvier par des agents d’une unité spéciale de Memphis, dans le sud des Etats-Unis, pour une simple infraction au code de la route, selon la police. Mais battu sans relâche, à tel point qu’il était devenu méconnaissable d’après sa famille, il est mort trois jours plus tard à l’hôpital.
Kamala Harris avait été invitée aux funérailles par la mère de Tyre Nichols, RowVaughn Wells, et son beau-père Rodney Wells. Signe de l’attention accordée par la Maison-Blanche à cette affaire, le président Joe Biden s’était lui-même entretenu, la semaine dernière, avec les parents de Tyre Nichols pour saluer «leur courage et leur force», quelques heures avant la publication de la vidéo de son calvaire aux mains des policiers.
RowVaughn Wells et Rodney Wells ont par ailleurs été invités par le groupe parlementaire rassemblant des élus afro-américains, à assister au discours de Joe Biden sur l’état de l’Union, le 7 février au Congrès à Washington.
Cinq inculpations pour meurtre
Les images insoutenables de l’interpellation et des coups infligés au jeune homme par les agents ont été diffusées, sans coupes, par les plus grandes chaînes du pays, faisant craindre un embrasement social aux autorités.
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Les cinq policiers impliqués ont été licenciés et inculpés pour meurtre. L'«Unité Scorpion» à laquelle ils appartenaient, et qui avait pour mission de faire baisser le nombre d’activités illégales dans les quartiers sensibles en y déployant un plus grand nombre de policiers, a été démantelée. Trois pompiers ont été limogés en lien avec les faits et deux autres policiers suspendus.
Le président Biden prévoit de recevoir jeudi à la Maison-Blanche des membres du groupe parlementaire rassemblant des élus afro-américains pour «discuter de la législation sur une réforme policière et d’autres priorités communes», a déclaré Olivia Dalton, une porte-parole de l’exécutif.
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En Californie, des policiers tuent un Afro-Américain amputé des jambes
La police américaine se retrouve à nouveau accusée d’usage excessif de la force, après la mort en Californie d’un homme afro-Américain amputé des deux jambes, tué par des agents de la ville de Huntington Park lors d’une intervention pour une agression au couteau.
La tentative d’interpellation a eu lieu jeudi dernier et les vidéos n’ont émergé que récemment, en pleine polémique après le décès de Tyre Nichols, violemment tabassé par la police de Memphis début janvier dans le sud des Etats-Unis. Aucun angle ne montre clairement ce qu’il se passe ensuite, mais il est établi que les agents ont tiré sur cet Afro-Américain, provoquant sa mort.
La tentative d’interpellation a eu lieu jeudi dernier et les vidéos n’ont émergé que récemment, en pleine polémique après le décès deTyre Nichols.
«Le suspect a continué de menacer les policiers»
Selon la police de Huntington Park, une petite ville de la banlieue de Los Angeles, les agents sont intervenus pour une agression au couteau perpétrée par un homme en fauteuil roulant. Le suspect, qui était en possession d’un couteau de 30 centimètres, a ignoré les injonctions des agents lui intimant de le lâcher et a menacé de «jeter le couteau», selon un communiqué de la police cité par plusieurs médias américains.
Les agents ont utilisé deux fois un pistolet Taser, sans le maîtriser, selon la police. «Le suspect a continué de menacer les policiers avec le couteau de boucher, ce qui a entraîné une fusillade impliquant un agent», a expliqué la police dans son communiqué, sans spécifier combien de policiers ont ouvert le feu.
Les vidéos disponibles montrent Anthony Lowe en possession d’un objet qui ressemble à un couteau. Sur les images, il s’éloigne des policiers et ne se dirige pas vers eux. Selon les services du shérif de Los Angeles, chargés de l’enquête, deux agents ont ouvert le feu environ 10 fois sur Anthony Lowe, qui a été touché au torse et est mort sur place. (AFP)