«Nous souhaitons convoquer des élections au plus vite», a ajouté la sénatrice de droite. Elle revendiquait la présidence par intérim face à la vacance du pouvoir provoquée par les démissions en cascade du président Morales et de ses successeurs prévus par la Constitution, à savoir le vice-président, la présidente et le vice-président du Sénat ainsi que le président de la Chambre des députés.
Jeanine Añez s'est immédiatement rendue au siège du gouvernement où elle a prêté serment, tandis que le Tribunal constitutionnel a validé cette élection. Elle s'est ensuite réunie avec les chefs de l'armée et de la police.
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Cette avocate de 52 ans doit désormais nommer son gouvernement et convoquer de nouvelles élections dans un délai de 90 jours selon la Constitution. Elle a promis qu'elles auraient lieu avant le 22 janvier 2020.
Morales veut poursuivre la lutte
«Le coup d'Etat le plus astucieux et le plus odieux de l'histoire a eu lieu», a aussitôt réagi sur Twitter l'ex-chef de l'Etat socialiste depuis son exil au Mexique. Il a dénoncé la proclamation de Jeanine Añez, «entourée d'un groupe de complices et dirigée par l'armée et la police qui répriment le peuple».
Se ha consumado el golpe más artero y nefasto de la historia. Una senadora de derecha golpista se autoproclama presidenta del senado y luego presidenta interina de Bolivia sin quórum legislativo, rodeada de un grupo de cómplices y apañada por FFAA y Policía que reprimen al pueblo
— Evo Morales Ayma (@evoespueblo) 12 novembre 2019
Depuis Mexico, où il est arrivé dans l'après-midi en avion militaire après un périple rocambolesque de seize heures au gré des ordres et contre-ordres des pays latino-américains survolés, Evo Morales a promis de poursuivre «la lutte». Il a affirmé qu'il ne cesserait pas de «faire de la politique». Il a aussi remercié le Mexique de lui avoir «sauvé la vie». Il était notamment accompagné de l'ancien vice-président Alvaro Garcia Linera et de l'ex-ministre de la Santé, Gabriela Montaño.
«Ça me fait mal d'abandonner le pays pour des raisons politiques, mais (...) je reviendrai bientôt avec plus de force et d'énergie», avait tweeté lundi soir Evo Morales, qui a démissionné dimanche après avoir été lâché par l'armée.
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Le chef de l'Etat, dont la réélection pour un quatrième mandat était considérée comme irrégulière par l'opposition et les observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA), s'était retrouvé de plus en plus isolé, alors qu'une grève générale et les manifestations paralysaient l'activité du pays depuis une dizaine de jours.
Un pays paralysé par la contestation
«Je félicite la nouvelle présidente constitutionnelle de Bolivie Jeanine Añez», a réagi sur Twitter le candidat centriste Carlos Mesa. Il contestait les résultats de la présidentielle du 20 octobre et réclamait un second tour.
Felicito a la nueva Presidenta Constitucional de Bolivia Jeanine Añez. Nuestro país consolida con su posesión, su vocación democrática y la valentía de una gesta popular legítima, pacífica y heroica. Todo éxito en el desafío que afronta. Viva la Patria!!!!!
— Carlos D. Mesa Gisbert (@carlosdmesag) 12 novembre 2019
Le leader de la contestation populaire, Luis Fernando Camacho, a également reconnu la sénatrice d'opposition comme présidente par intérim et appelé à une «suspension des manifestations», notamment dans son fief de Santa Cruz (est).
A son arrivée au Parlement, où n'ont pas siégé les parlementaires du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti d'Evo Morales, Jeanine Añez avait déclaré à la presse: «Nous ne pouvons pas rester sans gouvernement». Mardi, La Paz est restée paralysée, sans transports publics. Lundi, après de violentes protestations, l'armée avait été déployée dans les rues pour appuyer la police.
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Dans deux déclarations différentes, vingt pays membres de l'OEA ont appelé mardi à la fin de la violence et au respect de l'ordre constitutionnel pour surmonter la crise dans le pays, lors de la première réunion de l'organisation depuis la démission d'Evo Morales. Un de ses alliés, le président vénézuélien Nicolas Maduro, a demandé à l'armée bolivienne de rétablir au pouvoir l'ex-chef de l'Etat, considérant que le pays courait un risque de «guerre civile». La France a appelé «au calme et à la retenue toutes les autorités de transition». Washington a de son côté conseillé aux citoyens américains de ne plus voyager en Bolivie pour cause de «troubles civils» et a limité sa présence diplomatique dans le pays.