En meeting dans le Winsconsin, Donald Trump a jugé mercredi soir que «tout acte ou menace de violence politique» était «une attaque contre notre démocratie elle-même». Il a dans le même temps appelé les médias à «cesser les hostilités sans fin et les (...) attaques négatives constantes et souvent fausses».

Un peu plus tôt, les chefs démocrates au Congrès ont accusé le président de cautionner la violence. En rappelant qu'il avait traité les médias d'«ennemis du peuple», et tardé à dénoncer les militants d'extrême droite à l'origine de violentes manifestations à Charlottesville à l'été 2017.

Le milliardaire George Soros, Hillary Clinton, Barack Obama, puis CNN. Tous ont en commun d’avoir été visés par des colis suspects entre lundi et mercredi, provoquant stupeur et vives réactions aux Etats-Unis, au fur et à mesure que les révélations s’égrainaient. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que le mot «terrorisme» soit prononcé.

A peine le siège de CNN à New York a-t-il été évacué mercredi – les présentateurs ont dû quitter l’antenne en direct – que d’autres informations de colis piégés «potentiellement explosifs» tombaient. Une élue démocrate en Floride a été visée. Et le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, a lui aussi révélé avoir reçu un tel colis.

Une Amérique profondément divisée

Ces menaces visent tous des démocrates très critiques envers l’administration Trump. A CNN, le colis était en fait spécifiquement adressé à John Brennan, ex-patron de la CIA, qui officie surtout comme commentateur sur une chaîne concurrente, la MSNBC. Le moment choisi n’a rien d’anodin: ces colis ont été envoyés en pleine période électorale, à treize jours seulement des Midterms où les démocrates pourraient retrouver une majorité à la Chambre des représentants. Hillary Clinton a lors d’une apparition publique en Floride retransmise à la télévision déploré la période de «profondes divisions» traversée par l’Amérique. Rarement le climat politique a été autant polarisé.

A en croire le Secret Service, les colis adressés à l’ancien président Barack Obama et à la candidate malheureuse aux élections de 2016 contenaient des «engins explosifs potentiels». Lundi, le financier et philanthrope George Soros, grand soutien du Parti démocrate et virulent détracteur de Donald Trump, avait lui aussi reçu une bombe artisanale à son domicile de l’Etat de New York. Son fils, Alexander Soros, a publié une tribune sur le site du New York Times, dans laquelle il dénonce «la haine qui nous consume». Il parle de «menace pour l’avenir de la démocratie américaine».

«Vous devrez nous affronter tous»

Très vite, la Maison-Blanche a dénoncé des «actes terrifiants et ignobles». «Leurs responsables devront répondre de leurs actes devant la justice», a insisté la porte-parole Sarah Sanders. Donald Trump, d’habitude très rapide à tweeter, s’est cette fois contenté, dans un premier temps, de retweeter un message de son vice-président, avec ces mots: «Je suis de tout cœur d’accord». Mike Pence dit condamner ces «tentatives d’attaques contre l’ex-président Obama, les Clinton, CNN et les autres», soulignant que «ces actes lâches sont méprisables et n’ont pas leur place dans notre pays».

Le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, a évoqué des «actes de terrorisme intérieur». «Une attaque contre un Américain, qu’il soit démocrate, républicain ou indépendant, est une attaque contre l’Amérique. Le terroriste qui se cache derrière tout cela découvrira bientôt que, bien qu’un peuple libre puisse avoir une politique conflictuelle, si vous essayez de tuer l’un d’entre nous, vous devrez nous affronter tous», a de son côté tweeté l’élu républicain Marco Rubio.

L’auteur de ces envois est parvenu à instaurer un climat de psychose. Mercredi, le bureau de la sénatrice démocrate californienne Kamala Harris, dont le nom circule comme papable pour les élections de 2020, a aussi été évacué. Mais il s’agissait d’une fausse alerte.