Des colis piégés en série empoisonnent les Midterms
états-Unis
Barack Obama, Hillary Clinton et l’ancien patron de la CIA font partie des personnalités visées par des colis «potentiellement explosifs» en pleine période électorale

En meeting dans le Winsconsin, Donald Trump a jugé mercredi soir que «tout acte ou menace de violence politique» était «une attaque contre notre démocratie elle-même». Il a dans le même temps appelé les médias à «cesser les hostilités sans fin et les (...) attaques négatives constantes et souvent fausses».
Un peu plus tôt, les chefs démocrates au Congrès ont accusé le président de cautionner la violence. En rappelant qu'il avait traité les médias d'«ennemis du peuple», et tardé à dénoncer les militants d'extrême droite à l'origine de violentes manifestations à Charlottesville à l'été 2017.
Le milliardaire George Soros, Hillary Clinton, Barack Obama, puis CNN. Tous ont en commun d’avoir été visés par des colis suspects entre lundi et mercredi, provoquant stupeur et vives réactions aux Etats-Unis, au fur et à mesure que les révélations s’égrainaient. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que le mot «terrorisme» soit prononcé.
A peine le siège de CNN à New York a-t-il été évacué mercredi – les présentateurs ont dû quitter l’antenne en direct – que d’autres informations de colis piégés «potentiellement explosifs» tombaient. Une élue démocrate en Floride a été visée. Et le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, a lui aussi révélé avoir reçu un tel colis.
Here are some other pics of the packages obtained by CNN including those intended for Soros and Obama. The envelope sent to Brennan at CNN contained white powder that authorities now believe may be pyrotechnic powder believed to be in the pipe bomb pic.twitter.com/8qv3NSSvmE
— Jim Acosta (@Acosta) 25 octobre 2018
Une Amérique profondément divisée
Ces menaces visent tous des démocrates très critiques envers l’administration Trump. A CNN, le colis était en fait spécifiquement adressé à John Brennan, ex-patron de la CIA, qui officie surtout comme commentateur sur une chaîne concurrente, la MSNBC. Le moment choisi n’a rien d’anodin: ces colis ont été envoyés en pleine période électorale, à treize jours seulement des Midterms où les démocrates pourraient retrouver une majorité à la Chambre des représentants. Hillary Clinton a lors d’une apparition publique en Floride retransmise à la télévision déploré la période de «profondes divisions» traversée par l’Amérique. Rarement le climat politique a été autant polarisé.
A en croire le Secret Service, les colis adressés à l’ancien président Barack Obama et à la candidate malheureuse aux élections de 2016 contenaient des «engins explosifs potentiels». Lundi, le financier et philanthrope George Soros, grand soutien du Parti démocrate et virulent détracteur de Donald Trump, avait lui aussi reçu une bombe artisanale à son domicile de l’Etat de New York. Son fils, Alexander Soros, a publié une tribune sur le site du New York Times, dans laquelle il dénonce «la haine qui nous consume». Il parle de «menace pour l’avenir de la démocratie américaine».
Colis piégés, la chronique du fils Soros .The Hate That Is Consuming Us https://t.co/UmJb4jhyL2 #Midterms2018 pic.twitter.com/SifDSOfhuS
— VdeGraffenried (@VdeGraffenried) 24 octobre 2018
«Vous devrez nous affronter tous»
Très vite, la Maison-Blanche a dénoncé des «actes terrifiants et ignobles». «Leurs responsables devront répondre de leurs actes devant la justice», a insisté la porte-parole Sarah Sanders. Donald Trump, d’habitude très rapide à tweeter, s’est cette fois contenté, dans un premier temps, de retweeter un message de son vice-président, avec ces mots: «Je suis de tout cœur d’accord». Mike Pence dit condamner ces «tentatives d’attaques contre l’ex-président Obama, les Clinton, CNN et les autres», soulignant que «ces actes lâches sont méprisables et n’ont pas leur place dans notre pays».
I agree wholeheartedly! https://t.co/ndzu0A30vU
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 24, 2018
Le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, a évoqué des «actes de terrorisme intérieur». «Une attaque contre un Américain, qu’il soit démocrate, républicain ou indépendant, est une attaque contre l’Amérique. Le terroriste qui se cache derrière tout cela découvrira bientôt que, bien qu’un peuple libre puisse avoir une politique conflictuelle, si vous essayez de tuer l’un d’entre nous, vous devrez nous affronter tous», a de son côté tweeté l’élu républicain Marco Rubio.
An attack on an American who happens to be a Democrat, Republican or Independent is an attack on America. The terrorist behind this will soon find out that while a free people have politics that are conflictive,if you try to kill any of us you will have to face all of us.
— Marco Rubio (@marcorubio) October 24, 2018
L’auteur de ces envois est parvenu à instaurer un climat de psychose. Mercredi, le bureau de la sénatrice démocrate californienne Kamala Harris, dont le nom circule comme papable pour les élections de 2020, a aussi été évacué. Mais il s’agissait d’une fausse alerte.