En Colombie, des ex-FARC ont été inculpés pour la première fois pour l’enrôlement d’enfants-soldats
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Dix anciens guérilleros, inculpés mercredi à Bogota, sont accusés d’avoir «utilisé le recrutement et l’utilisation de filles et de garçons comme une stratégie politico-militaire»

Le tribunal mis en place pour rendre justice aux crimes commis pendant la guerre civile colombienne entre gouvernement et groupes armés, en cours depuis un demi-siècle, a prononcé mercredi ses premières inculpations pour recrutements d’enfants soldats.
Dix anciens guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont été inculpés pour avoir prétendument recruté des mineurs dans leurs rangs, a annoncé le tribunal de la Juridiction spéciale pour la paix (JEP).
Les FARC, qui ont depuis signé un accord de paix en 2016, «ont utilisé le recrutement et l’utilisation de filles et de garçons comme une stratégie politico-militaire», a déclaré le juge Raul Sanchez. Il n’a pas été précisé combien d’enfants ont été enrôlés par les 10 coaccusés. La plupart d’entre eux ont été recrutés à la fin des années 1990, puis de 2011 à 2017, année où les FARC ont déposé les armes.
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Plus de 18 000 cas en cinquante ans
Le juge a cité le cas d’un enfant indigène de 14 ans qui a été recruté puis exécuté parce qu’il était soupçonné d’être un informateur. Depuis août 2021, la JEP enquête sur plus de 18 600 cas de recrutement d’enfants soldats au cours de cinq décennies d’insurrection armée.
Les dix coaccusés devront également répondre de l’utilisation de mines antipersonnel et de l’enlèvement de membres de communautés indigènes et paysannes. «Ils sont également accusés de crimes de guerre, d’homicides, d’exécutions sans procès, de déplacements de personnes et de destruction de l’environnement», a déclaré le tribunal dans un communiqué.
En janvier 2021, cinq hauts commandants des FARC ont été inculpés pour l’enlèvement de plus de 21 300 personnes entre 1990 et 2016. Ils ont plaidé coupable et attendent leur sentence.
En vertu de l’accord de paix de 2016, la JEP peut proposer des alternatives à l’emprisonnement aux personnes qui avouent leurs crimes et accordent des réparations aux victimes. Le tribunal devrait rendre ses premières sentences dans le courant de l’année.
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Les négociations entre Bogota et ELN se poursuivront à Cuba
Le gouvernement colombien et la guérilla de l’ELN organiseront à Cuba le troisième cycle de négociations visant à mettre fin à près de six décennies de conflit armé, ont annoncé les parties mercredi à Mexico. La date n’a pas été précisée.
Ce nouveau cycle s’inscrit dans la continuité des pourparlers menés au Mexique depuis le 13 février. La Havane avait accueilli les négociations ayant abouti en 2016 à la démobilisation des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui ont été pendant des années la principale guérilla du pays. «Notre gouvernement est honoré d’accepter la demande officielle du gouvernement du président Gustavo Petro et de l’armée de libération nationale (ELN) de poursuivre les négociations à La Havane», a déclaré le président cubain Miguel Diaz-Canel sur Twitter.
Les parties se sont mises d’accord sur la rotation des pays hôtes des pourparlers qui, selon le communiqué, ont permis de réaliser des «progrès substantiels» au Mexique après le cycle inaugural au Venezuela. Bien que l’un des objectifs du dialogue soit de jeter les bases d’un cessez-le-feu, les représentants n’ont pas encore fait état de progrès à cet égard. Les pourparlers entre le gouvernement colombien et l’ELN avaient débuté en 2018 à La Havane sous le gouvernement du président Juan Manuel Santos (2010-2018), auxquels son successeur, Ivan Duque (2018-2022), avait mis fin en 2019, à la suite d’une attaque de la guérilla contre une école de police à Bogota, qui avait fait 23 morts.