Depuis la Colombie, une commission internationale appelle à fournir un «cadre légal» pour «toutes les drogues»
Drogues
Les membres de la Commission mondiale sur la politique des drogues soutiennent la proposition du chef de l'Etat colombien, Gustavo Petro, d'en finir avec l'approche répressive

«L'unique espoir que nous avons en ce moment, c'est la Colombie. Le président Petro (...) peut montrer l'exemple pour d'autres pays d'Amérique Latine (...) pour qu'ils reconsidèrent leurs politiques (en matière de drogue) profondément conservatrices, rétrogrades et inutiles en la matière», a déclaré, mercredi à l'AFP, l'ancien président mexicain Ernesto Zedillo (1994-2000) lors de la présentation du rapport intitulé Colombie: le chemin vers une régulation juste.
La Commission mondiale sur la politique des drogues, composée de plusieurs anciens présidents latino-américains et d'autres leaders mondiaux, a proposé un «cadre légal» pour «toutes les drogues», sur le modèle du changement amorcé par le nouveau gouvernement de gauche en Colombie.
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Après les cent premiers jours du gouvernement de gauche de Gustavo Petro, le groupe international et indépendant appelle dans un rapport à la définition «d'un cadre légal de toutes les drogues qui actuellement sont considérées comme illicites, à commencer par le cannabis, suivi par la feuille de coca et la cocaïne».
L'approche répressive, «un désastre total»
Réunis à Bogota, les membres de ce groupe ont appuyé la proposition du chef de l'Etat colombien d'en finir avec l'approche répressive soutenue depuis un demi-siècle par les Etats-Unis. «La Colombie a été la plus grande victime de toutes les victimes de cette politique de prohibition» depuis «la guerre déclarée par le président Nixon» (1969-1974) contre les drogues, qui a été «un désastre total», a ainsi commenté l'ancien président colombien (2010-2018) et prix Nobel de la paix Juan Manuel Santos.
Juan Manuel Santos a reconnu que sa politique d'éradication des cultures de drogues avait échoué et il a assuré que «la consommation et le trafic de drogue ne pourront jamais être éliminés, mais ils peuvent être minimisés et contrôlés».
Pour l'ancienne présidente suisse, Ruth Dreifuss (1999), le gouvernement américain est en train de changer, «ils considèrent aussi que cette politique a été un échec (...) même pour eux le tabou de la régulation est en train de tomber».
En Colombie, la lutte contre le trafic se peaufine
La Colombie reste, de loin, le premier producteur mondial de cocaïne, avec comme principal marché consommateur les Etats-Unis. En 2021, la Colombie a battu un record historique de culture de drogue, avec 204 000 hectares cultivés, une augmentation de 43% en un an, selon l'ONU.
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Le commerce de la cocaïne constitue l'un des principaux carburants de la violence qui persiste dans le pays, après plus d'un demi-siècle de conflit armé. Le gouvernement colombien peaufine encore sa nouvelle stratégie de lutte contre le trafic, mais un ministre a récemment déclaré qu'«un jour» le «commerce et le trafic» de la cocaïne devront être réglementés au niveau mondial.
Le président Petro se pose en défenseur des cultivateurs de coca et promet une réforme rurale avantageant ceux qui abandonneront les cultures illicites. Il entend également négocier avec les narcotrafiquants leur reddition à la justice.
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