A Cuba, la pollution d’un méga-incendie provoque un désastre sanitaire et écologique
Alors que l'incendie géant des dépôts pétroliers de Matanzas, près de Varadero, serait sur le point d’être maitrisé, des pluies de contaminants laissent entrevoir des conséquences importantes pour la population et l’environnement de la côte ouest de l’île
Au cœur de la vallée verdoyante de la Yumuri, non loin du méga-incendie toujours hors de contrôle des dépôts pétroliers de Matanzas, un guajiro (paysan) de 89 ans, Diosdado Vera, montre ses mains noircies par un liquide noirâtre. Il emmène le journaliste de Giron, le quotidien de la province de Matanzas, vers l’abreuvoir où ses vaches boivent d’ordinaire. Le vieillard pointe le doigt vers le bassin, où flotte une substance fuligineuse et visqueuse. «Il n’est pas normal que l’eau qui s’accumule dans les flaques d’eau au bord de la route devienne noire», ajoute Diosdado.
Les médias cubains se font l’écho des plaintes des cultivateurs, dont les légumes sont parfois recouverts de cendres. Les ménagères, en colère, montrent des vêtements tachés de résidus gris sur les étendoirs. Un immense nuage noir plane sur la capitale. «Le ciel est encore noir de fumée. Il a plu mardi soir. Nous ne sortons plus par crainte d’être contaminés par des pluies acides», confie une Havanaise, ancienne infirmière. «Nous avons calfeutré nos réservoirs d’eau potable. Je n’ose plus rien manger, car ces fumées sont cancérigènes», ajoute-t-elle.